MA MADELEINE DE PROUST A MOI
J’ai retourné le Net dans tous les sens, en vain.
Je n’ai jamais réussi à trouver la recette de ma Mémé, qui préparait chaque vendredi soir, sans exception, les fameuses kouklas pour accompagner le couscous du Shabbat.
C’était un vrai rituel. Levée vers les 6 heures, elle s’enfermait dans sa cuisine pour préparer son pain, toujours la même et éternelle génoise qu’elle nappait en son milieu d’une couche de confiture d’abricots puis qu’elle recouvrait de meringue, … pour finir par le traditionnel ”couscous à la viande”.
Mais voilà, je n’aime pas la viande, et déjà petite, je trouvais toujours des astuces pour éviter d’en manger.
Alors, dès qu’elle repartait dans sa pièce favorite pour nous apporter la suite du repas, je redéposais très rapidement et en toute discrétion mes boulettes de viande dans l’assiette de mon grand-père (qui n’attendait que ça), pour ensuite piocher, l’air de rien, quelques kouklas … sous le regard attendri et amusé de ma Mémé - car vous vous en doutez bien, elle n’a jamais été dupe de mon manège, même si elle ne m’en a jamais fait la remarque.
Ce petit jeu a duré des années, avec toujours autant de précaution de mon côté et de discernement de sa part. Quand j’y pense … comment ai-je pu croire qu’elle ne voyait rien. Ma petite Mémé adorée.
Ses Kouklas, je les ai adorées !!!
Adorées, jusqu’au jour où, j’ai vu ma Mémé les préparer. Gloups ! En plus de la semoule et d’autres ingrédients, elle incorporait de la graisse de poulet hachée. Le choc ! un véritable choc, de la haute trahison ! S’en était fini pour moi ! Adieu boulettes c’est sûr et sans regret (encore qu’aujourd’hui …), mais également les fameuses quenelles de mon enfance !
…
Les années ont passé. Ma petite Mémé, qui est toujours de ce monde, ne cuisine plus du tout.
Depuis, j’ai fait la connaissance de Colette. Une ”Tun.” comme nous, une amie d’enfance à ma tante, extrèmement généreuse, foncièrement drôle, que j’adore. Il n’y a pas d’autres mots, je l’adore !
Cette femme aux talents culinaires incontestables a réussi à me réconcilier avec cette spécialité à base de semoule pour la bonne et simple raison, qu’elle ne met pas de graisse animale dans sa préparation - et croyez-moi, ses kouklas demeures ultra fondantes et moelleuses.
Invitée régulièrement chez elle pour les fêtes juives, je l’ai harcelée des mois durant pour obtenir quelques recettes traditonnelles, notamment ses fameuses kouklas et comme Sosso est très tétue (n’est-ce pas mon amour) et ne lâche jamais, elle a obtenu gain de cause ! et oui, je suis aussi comme ça (et ça m’amuse beaucoup !!!).
Voici donc ENFIN, et pour vous, “Tun” ou pas, LA recette de ma Madeleine de Proust que j’ai tant recherchée. J’espère que vous apprécierez. Quant à moi, je m’en régale d’avance !
Temps de préparation : 15 mn
Temps de cuisson : 15 mn
Les ingrédients pour 4 personnes :
2 oeufs
1 c à c d’harissa maison (j’aurai mis 1 c à s)
3 c à s d’huile d’olive
2 c à s de menthe sèche (et / ou fraîche)
500 g de semoule moyenne
1 bon verre d’eau
1 bonne pincée de paprika
sel et poivre du moulin
Dans un saladier, battez les oeufs en omelette. Ajoutez le sel, le poivre, le paprika, l’huile et l’harissa. Mélangez.
Ajoutez un verre d’eau, la menthe sèche et même de la fraîche, finement ciselée
et la semoule. Mélangez bien le tout à la main.
La “pâte” doit être homogène et se décoller des bords du saladier. N’hésitez pas, s’il le faut, à rajouter un peu de semoule pour éviter qu’elles ne soient trop molles (mais attention, à petites doses).
Confectionnez maintenant des quenelles avec vos mains (qu’il faudra mouiller un peu si nécessaire).
Passez-les ensuite au micro-ondres 4 à 5 mn pour les sécher.
Vous pouvez à ce stade les congeler pour une prochaine utilisation, ou les faire cuire dans le bouillon qui accompagnera votre couscous quelque soit sa garniture, ou tout simplement dans une sauce tomate.
Tout ça pour ça !
Un grand merci à Colette pour m’avoir consacrée cette soirée très particulière, qui nous a entre autre permis de papoter, de se remémorer des souvenirs de famille, … . Merci !
Et comme me disait ma Mémé
Yatik sara benti !