THE NICE HOUSE BY THE SEA : C'EST PARTI POUR LE CYCLE DEUX
DIBBOUK : THRILLER ET MYTHOLOGIE JUIVE CHEZ LES HUMANOS
Le dibbouk, dans la culture juive, c'est l’esprit d’un mort qui, pour diverses raisons (péché non expié, mort violente, incomplétude spirituelle), ne parvient pas à trouver le repos et s’accroche à un vivant, souvent en prenant possession de son corps. En gros, une métaphore de la mémoire, du traumatisme, du péché ou du non-dit, qui hante les générations suivantes. Ici, un meurtre dans la famille, le poids des interdits et des attentes, qui peut plomber sérieusement ceux qui vivent dans le carcan de l'orthodoxie à outrance. S’il est possible de qualifier Dibbouk de thriller, c’est parce que les indices sont distillés progressivement tout au long de l’histoire. Au départ, on a du mal à croire à ce récit de possession démoniaque, mais il faut se rendre à l’évidence : les phénomènes qui accompagnent la frustration ou la colère de Félix relèvent du surnaturel, et semblent bel et bien guidés par un esprit malveillant. Déborah Hadjed-Jarmon parsème également son récit de références à la religion hébraïque, n’hésitant pas, d’ailleurs, à orienter résolument la conclusion dans cette direction. Ce sera une sorte de retour aux sources pour Marie, contrainte de se tourner vers son passé pour tenter de mettre un terme aux tragédies qui frappent son présent. Des révélations viennent renforcer cette lecture, et peu à peu, tout prend sens. Ce qui fonctionne particulièrement bien dans cette bande dessinée, c’est la dynamique entre les personnages, et la façon dont ils sont écrits. Chacun possède une personnalité distincte ; tous se trompent, souffrent, doutent de leur place. C’est précisément cette humanité qui rend cette petite cellule familiale à la fois attachante et crédible. Le dessinateur italien Alberto Zanon (héritier de l'école Disney) insuffle corps et vie à l’ensemble, en variant les angles de vue et en adoptant un trait incisif, parfois anguleux, qui insuffle mouvement et énergie à chaque planche. Même si la dernière partie est un peu difficile à avaler et atténue quelque peu l’impression de réussite globale, Dibbouk (publié chez les Humanoïdes Associés) demeure une lecture réellement plaisante, à laquelle on souhaite sincèrement de trouver son public.
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : KRIMI
- La sortie de l’album Dix secondes que l’on doit à Max de Radiguès et aux éditions Casterman
- La sortie de l’album Le cahier à spirale que l’on doit à Didier Tronchet, un album édité au sein du label Aire libre des éditions Dupuis
- La sortie de l’album Dans ses yeux que l’on doit à Marc Cuadrado, un titre publié chez Grand angle
- La sortie de l’album C’est la faute à Molière ! Sur la création de la comédie française, un titre que l’on doit au scénario de Michaël Le Galli, au dessin de Virginie Augustin et qui est édité chez Rue de Sèvres
- La sortie de Wilbur, le premier tome d’Electric miles que l’on doit au scénario de Fabien Nury, au dessin de Brüno, un titre publié chez Glénat
- La réédition de Fatherland, album que l’on doit à Nina Bunjevac et publié chez Gallimard.
ABSOLUTION : LA TÉLÉ-RÉALITÉ MACABRE DE PETER MILLIGAN
Avec Absolution, Peter Milligan livre une charge brutale contre une société où la justice est devenue un produit de consommation, et où le pardon se monnaie à coups de clics et de coups de feu. Pour parvenir à l'absolution, Nina doit évidemment tenir compte du caractère voyeuriste de ceux qui la suivent en ligne. Plus ses interventions seront spectaculaires, plus elle se complaira dans les meurtres et dans les moyens employés pour y parvenir ; et plus elle aura de chances de susciter l’adhésion de ses suiveurs. Bien entendu, ces courageux lions cachés derrière leur clavier se permettent aussi de l’insulter, de commenter de la pire des façons ce qu’ils voient, bien à l’abri de leur écran. C’est extrêmement bien écrit par Milligan, car il propose une vision parfaitement crédible, sarcastique et tristement contemporaine de cette manière qu’ont tant d’internautes de venir vomir leur ennui sur le Net. Peut-on vraiment se racheter quand on est exposé comme un gladiateur numérique ? Est-ce encore de la justice, ou juste une nouvelle forme de cirque romain, avec des drones à la place des fauves ? Absolution n’apporte pas de réponse facile. Mais il oblige à poser les bonnes questions et c'est un sacré bon divertissement ! Côté dessin, Mike Deodato, avec sa mise en page désormais caractéristique et son style en grande partie photo-réaliste, renforce le ton glaçant de l’histoire. Il livre des planches d’une grande efficacité, qui transforment cette bande dessinée en une sorte de B-movie d’action dramatique. Publié en V.O. chez AWA Studios, Absolution est toujours en attente d'un éditeur français. On peine à comprendre pourquoi.
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BARNSTORMERS : VOLTIGE, AMOUR ET MEURTRE AVEC SNYDER ET LOTAY
X-MEN : DIEU CRÉE, L'HOMME DÉTRUIT (INDISPENSABLE LECTURE MUTANTE)
Les X-Men ne se retrouvent pas face à un vilain traditionnel qu'il est possible de détruire à coup de super pouvoirs, mais face à un homme très dangereux qui utilise son influence, les médias, l'ignorance des masses, pour semer la haine dans la société. Tout le monde est victime, y compris les enfants, et il n'est pas facile d'extirper les préjudices quand ceux-ci ont atteint les cœurs et les cerveaux. Regardez-le donc, ce Diablo et sa fourrure bleue, n'est-ce-pas forcément un monstre, une engeance pour l'humanité, puisqu'il est si différent "des hommes" à première vue ? Conséquence ultime, nos mutants préférés en arrivent à s'allier avec Magneto, pourtant considéré comme un ennemi, et ils font front commun pour mettre sur pied une résistance illusoire mais nécessaire. Le dessin de Brent Anderson subit l'influence de Neil Adams et il vaut surtout par la mise en page, dense mais inventive, et la qualité de l'utilisation des ombres. Certes, certains premiers plans ne sont pas des plus gracieux, l'artiste fera beaucoup mieux par la suite, néanmoins cela reste un travail de bonne facture, qui nécessite de la part du lecteur un véritable investissement : les dialogues et les didascalies sont très présents et ce n'est pas un album qui se lit en un quart d'heure, entre le café et les photocopies, au boulot. Toujours aussi moderne et d'actualité, Dieu créé l'homme détruit nous rappelle la grandeur des X-Men du passé, la raison pour laquelle nous en sommes tombés amoureux, et dont Jonathan Hickman a su raviver récemment la flamme (qui vacille déjà, tant je m'ennuie ces derniers moi avec le nouveau relaunch). L'ouvrage reste tristement d'actualité tant nous avons l'impression d'entendre nombre de personnes influentes ou (ir)responsables politiques tenir des propos de la même trempe de ceux de Stryker, même si l'étranger remplace systématiquement le mutant. Ce qui revient, pour finir, à poser cette question fondamentale : comment est-il possible de nourrir un vote clairement xénophobe (dois-je vous rappeler les condamnations pour incitation à la haine raciale de certains ?) et de lire et apprécier l'univers des X-Men ? Un grand écart idéologique que des lecteurs parviennent à faire, apparemment. C'est la version Extended Cut de 2020 que vous trouverez dans le Must Have édité chez Panini ces jours-ci, avec dix pages supplémentaires inédites, une postface, des tas de couvertures, des pages en noir et blanc… De quoi se faire plaisir jusqu'au bout.
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SURVIVAL PALMYRA : LA PEUR AU FOND DES BOIS AVEC CHRISTOPHE BEC
Côté narration, Bec ne cherche pas l’originalité absolue mais l'efficacité narrative. On est dans le Survival pur jus, ou comment se faire peur en laissant monter la pression : quelques traumas familiaux, des décisions déchirantes, et un crescendo dramatique sans pitié. Les fans de Stephen King, Carpenter ou des histoire de Bigfoot hantant les bois à la recherche de chair fraîche sont clairement priés de passer à la caisse de leur librairie préférée. Sans négliger la bonne surprise qui vient du dessin : Kamil Kochanski, pour sa première incursion dans la BD française, livre un travail tendu comme un arc. Son trait réaliste, nerveux, toujours en mouvement, joue des contreplongées et des gros plans avec un sens du rythme quasi cinématographique. Les ambiances sont poisseuses, les visages habités, et l’angoisse visuelle s’installe planche après planche. On se croirait dans du très bon Swamp Thing, ou les récits horrifiques d'EC Comics. Avec Facio aux couleurs, le duo assure un rendu glaçant, du plus bel effet. Certes, Palmyra ne révolutionne pas le genre. On coche toutes les cases au bingo du genre : créatures nocturnes, famille en danger, tension psychologique, et le twist final. Mais derrière ces poncifs se cache un amour sincère pour le genre, et une capacité rare à en tirer une aventure aussi nerveuse que plaisante. Ce n’est pas du caviar, mais un bon gros burger saignant à dévorer à la lueur d’une lampe-torche. Vivement la suite, Guna Yala, qui nous promet de nouvelles frayeurs en terres tropicales. Survivre, encore et toujours.
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THE NICE HOUSE BY THE SEA : C'EST PARTI POUR LE CYCLE DEUX
La première fois, Walter avait réuni dix personnes qui, à des titres divers, avaient compté dans son existence, afin de leur permettre de vi...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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UniversComics Le Mag' 42 Mai 2024. 84 pages. Gratuit. Téléchargez votre numéro ici : https://www.zippyshare.day/odVOvosYpgaaGjh/file ht...