'NO THANX I PREFER MY MUSIC'

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Max Cooper - Chromos

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“Un biologiste qui fait de la musique électronique à tendance expérimentale ? Mais oui bien sûr, c’est Floating Point, vous avez même fait un billet sur un de ses derniers EP !”. Eh non les gens, pas cette fois : sur le papier c’est aussi le profil de Max Cooper, un autre britannique capable de prendre le contrôle de votre cerveau en trois fois rien de temps. Puisant son inspiration sonore dans l’infiniment petit du corps humain, ce nord irlandais se produit au sein d’un live A/V, avec une recherche visuelle très poussée en parallèle, de sorte que l’un ne va pas sans l’autre.

C’est typiquement le cas avec « Chromos », morceau Ambient pour lequel une très belle vidéo a été dévoilée, tout en synchro avec le contenu phonique. Le tissu sonore est d’une grande richesse, dominé par la présence d’un kalimba dont les notes cristallines font voyager en même pas quatre minutes. Il y a un côté IDM dans ce foisonnement de son, mais le contenu est très accessible à l’auditeur.

L’EP se poursuit par le lumineux « Coils Of Living Synthesis », et là aussi, le producteur a recourt à une grande diversité de sons. D’une certaine façon il constitue même la suite de la première piste, avec toujours le thème de l’ADN comme base d’inspiration. Plutôt que dans son aspect organique, c’est surtout le fourmillement de sons qui donne au morceau son caractère scientifique. Cette fois-ci le producteur fait l’usage d’une rythmique affirmée, et cette base Techno s’entend également sur « Molten Landscapes ». Plus aérienne, cette dernière est dotée d’un visuel particulièrement phasant, qui suit parfaitement la montée en intensité de cette piste.

On gagne encore en lévitation dans « Four Tone Reflections  ». La recette initiale évolue peu en soit au cours de ces douze minutes, mais les sons sont disséqués avec une telle régularité que l’ensemble se révèle passionnant, stimulant. Le bougre n’oublie pas au passage de faire l’usage de quelques effets rétro ou drops (si l’on peut les qualifier comme tel)… Garantie 100% frissons en conditions live !  

Naturellement, on a là un terrain de jeu formidable pour les remix, et c’est le roumain Cosmin TRG qui s’y colle. Si celui-ci est pourtant plus habitué à évoluer dans un registre lourd et minimal, il ne vaut mieux pas s’arrêter aux premières secondes. Certes, la masse musculaire du morceau initial a augmenté en volume, mais Nicolae ne se contente pas d’un simple loop et a su transposer son âme dans un cadre plus percutant.

La musique proposée par Max Cooper se révèle décidément très inspirante, tout en étant “taillé pour le dancefloor” comme ils disent. Les sons intrigants de Chromos offrent une très belle suite à l’acclamé Emergence, et poussent à son paroxysme l’alliance son/image. En tout cas -et même si la jaquette vous fait penser à Sauron-, guettez son passage en tournée par chez vous !

Max Cooper - Chromos EP

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Vatican Shadow - Rubbish Of The Floodwaters

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Arf, il fallait bien qu’on vous parle un jour ou l’autre de Vatican Shadow, alias Prurient. Et quelle plus belle occasion que la sortie d’un maxi venant fêter les vingt ans de son label Hospital Productions ! Un anniversaire en grande pompe puisqu’il se fait sur le prestigieux label berlinois Ostgut Ton, une première pour l’artiste basé à NYC, et qui fait suite à une résidence au non moins célèbre Berghain.

Vu les références susmentionnées, on pouvait logiquement s’attendre à un EP plus Minimal et boom boom que ses productions habituelles. Pourtant « They Deserve Death » ne prend pas vraiment cette direction, bien que ce titre soit moins dark que la moyenne en ce qui le concerne. Assez court et dénué de rythme, le titre est une sorte de mini symphonie analogique, plein de delay et basé sur une approche très “métronomique”.

Naturellement on retrouve quand même du son taillé pour le dancefloor : « Rubbish Of The Floodwaters » propose ainsi un cross stick vintage sur le upbeat, avec un côté très linéaire une fois que le hi-hat débarque. Pour le reste on retrouve la patte de Dominick Fernow, avec de nombreux sons mystérieux, furtifs voire industriels, qui donnent l’impression d’être rentré dans une église digitale. L’ensemble repose sur un bourdon continu, ce qui crée une sorte de tissu sonore dans lequel les sons ricochent et renforce l’ambiance introspective.

« Weapons Inspection » semble repartir exactement là où le sillon de la face précédente s’était arrêté, avec une atmosphère encore assez funèbre. Les plages sonores se font plus longues en revanche, créant un mouvement de balancier planant. Le kick se fait également un peu plus percutant toutefois, et le rythme se complexifie progressivement. Là aussi l’approche est assez polyrythmique, notamment grâce à la présence d’une sorte de clave et d’un hi-hat façon balai. Globalement le morceau est plutôt Techno mais parvient à préserver ce côté un peu louche et menaçant, tout en étant calme (big up à celui qui comprend cette phrase !).

Au final, c’est vrai que Rubbish Of The Floodwaters est assez sombre et minimal, il n’est donc pas si étonnant de le retrouver sur le label allemand en fin de compte. De l’autre côté on retrouve les bidouillages de cassettes et de claviers MIDI qui ont fait la réputation du ricain, quoique cet EP soit plus facile d’approche que d’autres éléments de sa discographie. Alors évidemment c’est pas joyeux joyeux, mais dans l’ensemble les tracks sont moins torturées que la moyenne, notamment par rapport aux sorties estampillées “Prurient”. Bref, c’est cool.

Vatican Shadow - Rubbish Of The Floodwaters

Sites Officiels : Vatican Shadow / Prurient

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(SB)[51] - Tractatus IV [NYH60]

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Raoul Radical, Cyclic Backwash, Antimomium, Geotropism, Minus Polaris, Filip Buvard, K-Rava Joe, Miko Vania, et donc (SB​)​[​51] … Appelez comme vous voulez, ce producteur discret balance du très lourd, et ce dans tous les sens du terme ! Une flaupé de blazes qui ont en commun une forte appétence pour tout ce qui gravite autour de tout ce qui est Acid/Indus/Hardcore/ Techno…

Naturellement ce n’est pas un hasard si l’on retrouve cette K7 sur New York Haunted, le label du néerlandais Drvg Cvltvre étant réputé pour ses bizarreries obscures. Il faut dire que ce Tractatus IV suit pleinement ce dénominateur commun, le sublime même ! Comme le montre « Rectified », pas besoin de basses très prononcées pour créer une ambiance pâteuse, avec l’impression d’être filtrée par une bouche d’aération! Un morceau où transparait une gestion très fine des dynamiques, entre la ligne de basse qui tue, un hi-hat discret et cette plage que l’on qualifiera d’acide par défaut, littéralement une mise sur orbite de l’auditeur.

Avec « Spiritus Mundix » Raoul R. rajoute du crunch sur les basses, et globalement une saturation plus prononcée. A la clé un son encore plus ‘’brut’’ et nébuleux, renforcé par la rythmique breakée. Et c’est franchement Indus par moment, certains sons et larsens paraissant tout droit sortis d’une scierie ! « 12oClock » n’est pas sans rappeler « Ghost Train » de Manu Le Malin ou les vieux Koenig Cylinders, avec son atmosphère fat et hallucinée, marquées par les aigues. Une vraie tuerie en somme ! Puis vaste enchevêtrement de sonorités bizarroïdes sur « Lambix », qui laisse de côté un beat clairement identifiable pour délivrer une track IDM bien dark.

La médiocrité est un terme étranger à Raoul Radical semble-t-il… Pourtant ce français est très humble et généreux, n’hésitant pas à distribuer gratuitement ses fichiers wav une fois les stocks de merch écoulés !

(SB​)​[​51] - Tractatus IV [NYH60]

Jeter vous sur ses autres alias, il a par exemple sorti en novembre « Mineral Antenna », un EP plus orienté Drone sous son pseudo Antimomium. En plus c’est l’occasion de retrouver un lecteur cassette digne de ce nom !

Mineral Antenna - Antimomium

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Jungle By Night - The Traveller

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« Adoubé par Tony Allen », « une moyenne de 20 ans d’âges »… Tels sont les expressions collant à la peau de ces Amstellodamois actifs depuis 2010, et déjà auteurs de quatre albums ! Si la qualité est bluffante comparativement à l’âge –qu’ils n’aiment pas se voir rappeler –, le véritable exploit pourrait bien être d’avoir réussi à créer un groupe de 9 adolescents ! Celui qui a tenté des projets de musique sérieux au bahut comprendra…

En tout cas ça fait une belle carte de visite, et la formation ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Leur fonds de commerce peut être qualifié d’Afrobeat au premier abord, et leur musique a la particularité d’être entièrement instrumentale.  Sachant que l’Afrobeat chanté peut déjà être assez chiant, il y a de quoi avoir un peu les boules sur le papier… Sauf que cela n’altère en rien l’efficacité de ce groupe capable de surfer au milieu de n’importe quelle style ‘’chaud’’ et de mettre le feu en live ! Bingo.

En attendant de les voir en piste on se contentera déjà aisément de l’écoute de ce dernier album au titre évocateur. Le démarrage se fait en douceur sur « Kingfisher », genre ambiance Electro Soul. La section rythmique la joue Hip Hop pour appuyer le leitmotiv électronique, et le trompettiste livre déjà un chorus soigné. « The Ottoman Highlands » hausse  un peu la cadence, et la section cuivre nous plonge rapidement dans une ambiance de film, lorgnant plus vers du symphonique que du funk débraillé, encore que la dernière partie commence à partir en sucette ! Et il faut avouer que le trio synthé/darbouka/guitare et leur  petit plus oriental finissent de donner du cachet à ce morceau.

Tournure plus Pop sur « Cruise Control », qui rappel par certains côtés ce que ferait un Todd Terje. Le titre est cependant loin d’être banal, bénéficiant d’une structure léchée où s’enchaine les réponses de cuivres, les beats déplacés et les retours à la case départ. Cette belle alternance se ressent également au niveau de l’enchainement des morceaux, car avec « Polydans » The Traveller part cette fois-ci dans une direction plus tropicale : roulements de caisse claire, contretemps, percus à gogo, sourdines… Caramba !

La cinquième piste « Caldera » nous offre un début en forme de Trip Hop mélancolique, guitare et claviers s’accordant pour une ballade éthérée. Mais on a en fait affaire à une véritable mini symphonie dont on distinguerait les actes uns à uns ! La grande classe. Et on le redit une nouvelles fois, ces gars-là pourraient aisément faire une bande originale.

Les trois premières secondes pourraient le laisser penser, mais non « Infinite » n’est pas une reprise du dernier album d’ASM avec MF DOOM. Par contre ce serait bien le genre de son sur lequel ils kifferaient poser, avec son côté western de la pampa petit crachin. Et tout d’un coup, pan !! Grosse explosion d’entrée dans « Extortion », avec tout le monde qui pète son câble dans un délire 8bit assez inattendu mais redoutable ! L’effet est d’autant plus réussi que le collectif la joue soft par tranche de cinq secondes et ce de façon impromptue.

« Morning Stretch » offre un redémarrage plein de groove, propice aux bidouillages sonores et autres sons de cloches. Putain et cette basse, toute en rondeur, du régal ! Bien entendu le groupe passe faire un tour par l’Afrique sur cet album, et c’est « Culture Shock » qui s’y colle. Un morceau peut-être moins surprenant mais diablement efficace, avec les cuivres tirant sur la corde raide tandis que les rythmiciens déroulent des syncopes élastiques !

L’atmosphère se fait plus feutrée avec « Following A Brocken Compass ». Après un début marqué par l’orgue Hammond, la guitare prend la suite pour délivrer le solo de l’homme triste, puis le trio sax/trombone/trompette achève le tout. Enfin « Bout Du Monde »– en fwrenssey sil vou pley– clôt ce bel album en délivrant la plage la plus World : une pluie de kalimba sur laquelle vient se greffer une rythme proche d’un ayyuub, des cuivres digne d’un orchestre africain et une guitare tendance Juju voire Flamenco.

JBN fait parfaitement la part des choses entre live et studio, n’hésitant pas à partir dans des directions assez calmes ou barrés sur The Traveller. Et ils ont une réelle faculté à marier les genres pour créer des morceaux devenant de vraies histoires, recourant habilement à l’électronique comme à l’acoustique. Quand insouciance et maturité ne font qu’un… (oulà mais quelle sortie de pro dis donc !).

Bon malheureusement c’est un peu difficile de trouver l’album complet sur le net par des voies recommandables, à moins de passer par Spotify, Deezer et autres iTunes…

Jungle By Night - Kingfisher

Jungle By Night - Infinite

Jungle By Night - Cruise Control

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Tanzania Soundsystem - Highlife 012

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Ils payent pas de mine comme ça avec un nombre de releases plutôt modeste, mais les mecs d’Huntleys & Palmer sont du genre à soigner leur sorties. On pense notamment au tour du monde d’Auntie Flo et ESA en 2015, qui avait accouché de trois skeuds bien sympathiques en partenariat avec des artistes cubains, ougandais et kenyan. Pour le coup le mystère est entretenu autour de l’identité de Tanzania Soundsystem, mais vu le pseudonyme vous vous doutez que le label persiste un peu plus dans cette orientation World.

« Msichana » parait même être un edit, avec juste un kick/charley pour venir appuyer sobrement le cœur du morceau : des incantations hypnotiques sur fond de musique tribal, avec un chant lead puissant. Changement d’ambiance sur « Mdomo », qui a un côté Bembeya Jazz avec cette guitare dans les aiguës et des claves façon rumba, donnant du relief à une boite à rythme vintage et minimaliste. La Face B se découpe un peu de la même façon : « Ngono Kijiji » retourne à un son plus roots, avec une assise rythmique plus marquée les réponses entre les différents chanteurs. Quant à « Upotofu », il remet en avant la guitare juju mais avec cette fois une polyrythmie prononcée et une ambiance plus chaleureuse.

Des titres bien exotiques qui raviront les amateurs d’Ajukaja et autre Diskoking Burnhart McKoolski… H&P remercie Young Marco pour avoir visiblement joué les intermédiaires donc faisons de même !

Tanzania Soundsystem - Highlife 012

Huntleys & Palmers

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Testament - Brotherhood of The Snake

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Les titres dévoilés au Motocultor annonçaient du costaud. Et en effet, ce Brotherhood of The Snake ne fait pas dans la dentelle ! A défaut d’avoir été chroniqué ici, Dark Roots of The Earth (2012) nous avaient déjà impressionnés à l’époque, notamment la première moitié qui défonçait absolument tout. En fait c’est plutôt la seconde partie plus mollassonne qui leur avait été plus reproché, encore que l’album avait reçu de bonnes critiques. Du coup, la formation de la Bay Area a pris les choses en mains pour cette fois-ci : quelques minutes en moins, des BPM en plus !

Paterson l’avait dit d’entrée, cet album serait probablement le plus Thrash de leur discographie, une ‘’sorte de Reign In Blood’’. Première illustration avec le titre éponyme : grosses nervosité dès les premières barres avec un son ronflant et un Chuck Billy déjà bien chaud derrière le micro ! Et quelle plaisir d’entendre aussi bien la basse, sachant que Greg Christian s’est barré une nouvelle fois en 2014 pour des histoires de thunes - entre autres – et a été remplacé par … Kirk Deorgio, déjà au poste de 98 à 2004. Séquence Speed bien mastoque avec « The Pale King », au tempo enlevé et ‘’in da face’’. La troisième minute nous offre même une espèce de Disco Metal (en exagérant un peu évidemment…).

La plus vénère entendue jusque-là est sûrement « Stronghold », limite Death au micro, bien que l’on retrouve moins de growl sur cet album globalement. Côté riff c’est du lourd, et Gene Hoglan est comme d’habitude irréprochable, sa grande technicité étant toujours au service de la musique. La structure est bien travaillée sur « Seven Seals », dont l’on retient le lien permanent entre Chuck Billy et les envolées d’Alex Skolnick, toujours aussi bluffant sur ce groove ternaire implacable déjà plébiscité par les fans.

« Born In A Rut » réserve lui aussi son lot de surprise avec un côté plus ‘’chanson’’ et des orientations très Rock ‘n’ Roll par moment. Difficile de ne pas penser à Motörhead jusqu’en dans les paroles, pourtant ce n’était pas voulu ! « Centuries of Suffering » remet les bouchés doubles, un titre surpuissant où n’est plus très loin du blast beat par moment. Cela ne freine en rien la créativité du groupe qui laisse même quelques moments de répit… pour mieux relancer la machine derrière !

Cela dit Testament a en partie forgé sa réputation grâce à la qualité des mélodies, et « Neptune’s Spear » en fourni un bel exemple. Les enchainements de notes sont inhabituels tout au long du morceau, avec des influences très nettes de la musique savante. On les retrouve également sur « Black Jack » et son riff immédiatement reconnaissable, de façon plus punchy. Le genre de morceau où Hoglan devient hallucinant, avec un drumming hyper propre mais un son bien gras !  

Le cap est maintenue avec le rouleau compresseur « Canna Business ». Pas d’histoires de sociétés occultes de l’Antiquité ici, c’est bien de la légalisation du cannabis en Californie que ce morceau traite. Pas anodin quand on se rappelle que le vocaliste avait sa carte d’usage thérapeutique avant même que la consommation soit ouverte à tous.

Vous avez cru qu’il y aurait une outro pépouze ?… Oubliez tout de suite, « The Number Game » vous en foutra plein la gueule pour encore des jours : récital de double grosse caisse et voie écorchée pour cette piste une nouvelle bien dense !

Difficile d’imaginer que Paterson a attendu le dernier moment pour ramener ses riffs et que les autres ne les connaissaient pas avant d’entrer en studio ! Pressé par cette fameuse tournée européenne de l’été, Testament a du faire les choses dans la précipitation, sauf qu’au final ça a tourné à leur avantage avec un album plus direct et agressif. Même si on avait voulu faire les critiques casse-couilles, on aurait galéré.

Testament - Brotherhood of The Snake

Testament - The Pale King

Testament - Stronghold

Pas évident de trouver un seul lien pour l’album entier, raison pour laquelle on vous met seulement les titres intégraux édités par Nuclear Blast (le début de l’album), histoire d’éviter toute suppression intempestive… Mais les autres sont très faciles à trouver l’unité.

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Sudan Tapes - Wed Al Bakry

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Vous connaissez Wed Al Bakry ? Génial, parce que nous pas du tout ! Comme souvent d’ailleurs lorsqu’il s’agit de cassettes africaines… En l’occurrence celle-ci a été dénichée par les mecs d’Habibi Funk- حبيبي فنك, sous-branche du label berlinois Jakarta et qui s’est fait une spécialité de dégoter des perles d’Afrique et d’Orient. Les diggeurs de l’extrême auraient découvert tout un stock en provenance du Soudan dans un entrepôt cairote (et non pas de pommes de terre comme dirait l’autre).

N’ayant probablement aucune idée de ce qu’est devenu ce Mr. Al Bakry, les mecs ont préférés ne dévoiler qu’une partie en écoute libre de cette K7 au design délicieusement authentique. D’emblée on y retrouve des influences arabisantes, tant dans la manière de chanter que dans le soutien proposer par la section cuivre. Mais si on s’attarde un peu plus sur les instrumentations, on discerne également des éléments plus tribaux ou éthiopiens, à l’image de la première piste et son thème un peu western.

Hormis les percus, on retrouve plutôt des instruments d’origine étrangère : accordéon, guitare, cuivres. Pourtant il faut tendre l’oreille pour s’en rendre compte, tellement ceux-ci sont joués d’une façon inhabituelle pour l’occidental lambda. Idem concernant la structuration des morceaux, avec une alternance régulière entre chant et phases instrumentales, qui reprennent régulièrement le thème comme on le ferait dans du Jazz, avec un sacré sens du groove et de la mélodie.

Invariablement situé vers les 110 BPM, le tempo n’en demeure pas moins entrainant malgré des temps peu marqué… Faut dire que la basse est funky ! La 3e piste aurait presque un feeling Rhythm ‘n’ Blues avec cette voix de crooner et un beat entre ternaire et binaire.

Naturellement les supports audio sont peu nombreux mais la numérisation permet de faire revivre dans nos contrées ces vestiges audio complètement restés dans leurs jus. Outre leur mix de grande qualité, jetez-vous sur leur Soundcloud et leur chaine Youtube qui proposent des grosses tranches de fun ! Vous écouter devez.

Sudan Tapes - Wed Al Bakry

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Silent Servant ‎- Hypnosis In The Modern Age Vol. 2

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Pour qui apprécie la frange Techno expérimentale, Mr. Mendez est une connaissance de longue date : à la fois aux manettes de Jealous God et Historia Y Violencia, le producteur basé à Los Angeles a également multiplié les faits d’armes chez Sandwell District, Hospital Productions, Semantica ou Mote-Evolver… Un beau palmarès donc, et ce 12’’ paru chez L.I.E.S vient encore alimenter le tableau de chasse, complétant sur le papier le premier volume de 2011.

L.I.E.S donc, ou plutôt Long Island Electrical Systems, si bien que l’on ne s’étonnera point d’être accueilli par une Techno très mécanique ! En effet, beat kraftwerkien et bidouillages modulaires sont à l’honneur sur « Dissociation »… Sur la forme rien de bien surprenant mais côté structure c’est du propre, avec de multiples évolutions qui donne une âme à ce morceau. Les microsillons de l’opposé hébergent « Self-Hypnosis » et sa rythmique placide, loin d’être destructrice mais pas molle pour un sou. Comme annoncé ça sonne métallique et c’est du ‘’mental’’ !

Cependant Silent Servant fait aussi partie de ces amateurs d’EBM à l’ancienne, et le mec n’hésites pas à incorporer ce genre de morceau dans l’EP. La boîte à rythme martiale est donc de rigueur sur « Autosuggestion », ce qui n’empêche pas d’y accoler des sons plus atmosphériques et quelque peu troublants en l’absence de paroles.

Alors verdict ? Un EP solide. Comprenez qu’il n’y a pas là une track ultime, en revanche ces trois pistes seront faciles à intégrer dans un set et feront leur effet. Comme d’habitude on vous renvoie également vers les jumeaux de cet EP, en l’occurrence le #3 d’Elektron… Oui oui le label du constructeur que l’on avait déjà évoqué pour Plaid, et qui se démerde plutôt bien jusqu’à maintenant avec des participations de Headless Horseman ou The Bug. Quoiqu’il en soit, amis DJ, faites-vous plaiz !

Silent Servant - EGR45-00003‎

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Wrekmeister Harmonies - Light Falls

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Le festival Culture Bar-Bars, c’était un peu partout en France il y a un mois. Et v’là t’y pas que Pneu passe faire un tour par chez nous pour l’occase, un dimanche aprem qui plus est ! Nous voilà parti gaiement à cette petite sauterie fleurant bon la bière et la sueur. Comme attendu le duo tourangeau nous a secoué la tête façon shaker, mais une formation inconnue au bataillon restait à entrer en piste : Wrekmeister Harmonies, tout droit débarqués de Chicago pour admirer notre crachin.

Bah n’empêche que l’accueil fût chaleureux et l’expérience agréable, à tel point qu’on a voulu en connaitre un peu plus sur ce cowboy rock ‘n’ roll et ses acolytes, et on a bien fait ! JR Robinson et Esther Shaw sont les piliers du groupe, et étaient accompagnés de trois membres de Godspeed You ! Black Emperor sur cette tournée européenne assez confidentielle… Mazette ! Mais les premiers nommés sont eux aussi des artistes accomplis, ayant collaboré avec des membres d’Einstürzende Neubauten, The Body ou The Jesus Lizard… Exact oui, surprenant qu’on les découvre par hasard dans un petit bar du Phare Ouest !

Ça c’est pour la forme, et bien évidemment le fond mérite tout autant qu’on s’y attarde (Le contraire aurait été complètement con). Light Falls fait directement référence à non pas une mais trois pistes, à commencer par « Light Falls I – The Mantra ». Cette entame prend les allures de Folk spirituel, avec de nombreux arrangements à cordes emmenés par un orgue. Robinson et son timbre imposant y délivre un prêche énigmatique, et c’est bien le principe des mantras : peu de mots, beaucoup de sens. Plus une touche de psychédélisme bien évidemment ! Le second volet intitulé « Light Falls II – The Light Burns Us All » prend un virage Doom, toujours dans cette fibre harmonieuse … Quoique… Le morceau se durcit au fil des minutes, les cymbales volants de plus en plus alors que violon et guitares se font de plus en plus menaçants. « Light Falls III – Light Sick » fait brusquement retomber la tension, offrant quelque minutes d’Ambient très délicat avant un ultime sursaut de colère, marqué par un son de basse massif.

A ce stade cette cuvée 2016 est déjà marquée par la dualité qui l’anime au fil de chaque morceau, alternant moments calmes et aériens et passages nettement plus touffus. La recette est connue et « The Gathering » n’y coupe pas. Néanmoins WH y démontre une nouvelle fois son habilité à maintenir une belle harmonie entre ces différentes phases qui ne font qu’une, notamment grâce au duo piano/violon. De même, la plage suivante « Where Have You Been My Lovely Son? » réussie à être à la fois relâchée et pleine de mélancolie, sans virer au Stoner cette fois-ci. La puissance qui l’habite est sans nul doute renforcée par le caractère très personnel du morceau, Robinson y faisant directement allusion à son vécu.

Le bonhomme a accumulé de la rage qu’il n’hésite plus à gueuler sur « Some Were Saved Some Drowned », y mettant même tout son cœur ! Les déraillements de sa voix et les larsens du micro n’en paraissent que plus authentiques, perdus dans un tourbillon sonore fascinant. Ce morceau n’est en fait que l’antichambre du précédent, ce dernier étant lui-même repris dans un format court pour fermer la marche, des fois qu’on douterait encore de l’importance de ce morceau dans l’album !

Sélection inutile ici, Light Falls est à écouter d’une traite. En schématisant un peu on pourrait dire qu’il n’y a que trois morceaux, voire un seul. D’ailleurs la restitution live est identique, preuve que l’album est envisagé comme un ensemble cohérent, à l’image des précédents opus du groupe d’ailleurs. On n’a pas encore tout essayé dans leur discographie mais il y a du très bon. Par contre le groupe semble manifester sa volonté d’enchaîner les lives avec une formation réduite, ce qui marque un virage quant à leur vision initiale consistant à se produire dans des lieux grandioses types musées, mausolées, etc. C’est sûr que lorsque l’on invite jusqu’à 30 musiciens pour un album, c’est pas évident d’emmener tout ce beau monde sur les routes dans la foulée… Mais en même temps cela nous aura permis de les découvrir !

Wrekmeister Harmonies – Light Falls

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Un album édité par l’excellent label Thrill Jockey, avec une jacket créée par Nick Blinko de Rudimentary Peni… Yep ! 

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Moses Boyd - Rye Lane Shuffle

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Enfin tranquille ! On a du retard pour cette année 2016 mais on n’a pas dit notre dernier mot, y’a encore une bonne dose de son à vous faire avaler entre deux bûches. Mais on va faire dans du digeste pour l’occasion, avec un des petits nouveaux qui commence à faire pas mal de bruit sur la scène Jazz.

Porté par le jeune batteur Nathaniel Cross, Moses Boyd s’est d’ores et déjà fait reconnaitre par Gilles Peterson, pur dénicheur de talent dans la lignée de John Peel. C’est même lui et son émission Worlwide qui a offert l’avant-première de ce single, ou plus exactement sa face A. Dénommée « Rye Lane Shuffle », cette piste effrénée propose une base rythmique constante sur laquelle vient se superposer un groove très en avant mais assez irrésistible. Un régal pour les cuivres qui ont bénéficiés d’arrangements soignés, de même que la guitare qui sort une intervention solide et classieuse.

Click, crosstick, et bruissements divers prennent la suite sur « Drum Dance », avec d’infinies précautions cela dit. Un peu comme si les mecs jouaient en pleine nuit et faisait leur maximum pour éviter de se faire gauler tout en se faisant plaisir. Et pourtant c’est très festif, avec à la clé un feeling presque latin tandis que le motif mélodique amène de son côté une touche plus psychée.

Moses Boyd a clairement l’ouverture d’esprit qui manque parfois dans ce milieu. Et si on en doutait encore, il n’y a qu’à le voir sur internet en train de s’exercer auprès du grand Tony Allen, inventeur de l’Afrobeat dans les 70s aux côtés de Fela Kuti. A noter que la formation a également sorti plus tôt dans l’année Time And Space (EP), mais 2017 pourrait bien être l’année de la confirmation !

Moses Boyd - Rye Lane Shuffle

Moses Boyd - Drum Dance

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