vendredi 8 juillet 2011

Chère amie

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Quand je n'avais personne dans ma vie, tu étais là. Une minime lueur d'espoir et de joie ,dans un cœur renfermé sur soi. tu étais là, à mes côtés à chaque moment, et à chaque instant. tu étais là, à chaque larme et à chaque sourire. tu étais là, et je me sentais vivante, aimée, ravagée par l'émotion et le rêve. tu étais le cadeau que Dieu m'a offert à mon 23ème anniversaire de solitude. un cadeau que je n'ai su conserver tellement j'en étais heureuse. Un cadeau si précieux que je voulais le montrer à tout le monde, et crier tout haut avec orgueil: Regardez mon amie à moi, oui, mon amie à moi, à moi seule. mon amie, que je ne voulais partager avec personne, comme un petit enfant égoïste. oui je l'étais et je le serai toujours. Une gamine, découvrant le goût de l'amitié pour la première fois de son existence. Une gamine qui avait tout pour être heureuse, sauf qu'elle ne l'était pas parce que quelque chose lui manquait.oui, débile peut être pour certains, comme manque, mais elle manquait de l'amitié. elle était en manque de cette affection autre que celle de sa mère.
ô rage et désespoir ô détestable caractère quand tu émerges de ta vieille et salle grotte de tête de mule, tu fous tout en l'air. et oui, avec ton manque de savoir faire, et du savoir communiquer, tu me fais perdre mon chère amie. et te voilà seule de nouveau, comme avant. seule au monde, non, mais seule dans ta propre cage d'imbécilité et de caprice.
tu l'aimais au point de la posséder. et finalement, tu l'as étouffée tellement, tu ne voulais qu'elle n'aie d’intérêt et d'occupation de sa vie que toi et tes histoires.
Content maintenant? fier de toi? me voilà seule comme au bon vieux temps. me voilà, pour toi seule, ton esclave à jamais. Tu m'enviais le fait d'avoir une amie? ou tu étais jaloux parce que tu te sentais plus le bienvenu chez moi?
Mes félicitations détestable caractère, sale malédiction de mon âme , tu as gagné finalement.
je suis à toi, prisonnière de ma vielle amie solitude.
Quant à toi mon amie, sache aussi que je ne cesserai de t'aimer et de penser à toi, tant que mon cœur ne cesse pas de battre. je ne t'oublierai jamais même si toi , un jour tu m’enlèvera de ton archive et tu me jetteras à la poubelle des souvenirs lointains et dérisoires.
je me suis peut être mal comportée avec toi, mais c'était dans un but de te garder auprès de moi. j'avais peur de te perdre en voyant nos chemins se séparer , en constatant qu'on n'emprunterait plus la même vie moi et toi.
chère amie, pardonne moi, si je t'ai fait mal mais sache une seule chose, ce que je t'aime et je t'aimerai pour toujours et que tu resteras un bon souvenir de la plus belle et merveilleuse période de ma vie, la période durant laquelle je me suis sentie moi même, je me suis sentie vivante et amoureuse de la vie et de ses délices.
merci à toi chère amie. grâce à toi, j'ai connu l'amour et l'amitié, grâce à toi, j'ai mûri et grandi. grâce à toi, je regarde le monde qui m'entoure avec des nouveaux yeux, et une nouvelle âme, grâce à toi, je continue à rêver qu'un jour je te retrouverai auprès de moi et que je dormirai dans tes bras, que tu m'embrasserai sur les yeux et le nez, qu'un jour je sentirai ta chaleur et ta tendresse, et que je fermerai les yeux en n'ayant pour image que ton reflet.
Mon amie pardonne-moi si je n'ai su exprimer mon amour pour toi, et je souhaite de tout cœur que le vent de ta colère ne déracine pas cette amitié, qui n'a pas atteint le stade de la maturité.
Déteste moi mais ne m'exclut pas. deviens mon ennemi si tu veux mais ne m'oublie pas. laisse le temps rebâtir notre amitié, car c'est lui qui a séparé nos chemins et c'est lui aussi qui les croisera un jour.

mardi 17 mai 2011

l'extase de l'amour

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Être transporté hors de soi même, avoir un fort penchant pour l'observation la méditation, rire pour un moment et pleurer pour un autre, être accaparée par la folie d'un fou sans en être vraiment fou, sont tous des états que l'on vive souvent lorsqu'on est amoureux.

Oh l'amour, c'est joli comme sentiment mais éphémère et dur lorsque il arrive à son échéance. Pourquoi s'investir tant corps et âme pour une chose incertaine, risquée, sans un futur que l'on prévoit. Ne ferions nous pas mieux, de nous contenter d'amour sans passion , sans peine, sans torture sans effort? des pluies de je t'aime tous les jours, de fous rires, de larmes chaudes, de caresses, des baisers avides de désir pour finir en un e phrase simple à prononcer mais qui tue.

- on n'est pas fait pour être ensemble!

des mois de vie commune, de joie, de bonheur, de rêves, d'espoir pour rien. Retour à la case de départ, trouver un autre chemin , ,un autre partenaire, un nouvel amour, une nouvelle passion, une nouvelle vie, une nouvelle histoire à vivre, à archiver dans sa mémoire, à raconter un jour peut être à ses enfants ou peut être encore à enterrer dans le passé aussi.

l'amour, tout comme un produit, a un cycle de vie, néanmoins, les entreprises peuvent prolonger la vie d'un produit grâce à des actions promotionnelles quant à l'amour, quand c'est fini, c'est vraiment fini.

je sais très bien que la comparaison entre amour et produit n'a pas lieu d'être, mais tous les deux sont cycliques. et l'amour en lui même, étant un produit, manufacturé à l'intérieur d'une usine dite cœur, à capacité très limitée voire quasi unique qui ne peut produire qu'un seul dévouement pour une personne, un dévouement qui peut même être éternel puis l'usine ferme à jamais.

l'amour n'est donc parfois qu'un mauvais investissement sentimental, un rêve inachevé, éclaté en mille morceaux, qu'on ne peut ramasser pour y remédier à son échec.

Une perte de temps? non ce n'est pas une perte de temps, une expérience amère? non plus. Disons plutôt la fin d'un beau rêve, un autre souvenir nostalgique que l'on se rappelle avec des larmes aux yeux, et peut être bien aussi avec un sourire triste, et rarement avec un rire, un rire qui nous fait imprégner dans une page que l'on a tournée il y a des mois , peut être même bien des années. Tu ouvres tes yeux, et tu te trouves debout comme un simple observateur, qui ne participe pas à l'action , disons un spectateur, qui regarde une scène du bon temps, passé en amoureux. qui regarde un long métrage joué principalement par lui même et l'élu de son cœur d'un passé. Revivre des moments lointains, et souhaiter revenir en arrière même pour quelques secondes , essayer de remédier aux erreurs de passé et dire la fameuse phrase de la technique de complètement relative aux méthodes projectives: si j'étais... et oui si j'étais encore en couple, j'aurai fait ceci et cela. j'aurai encore fait preuve d'amour et de fidélité, je l'aurai encore noyée de mes baisers , de mes caresses, de ma tendresse de mon affection mais hélas, tu te lèveras de ce rêve, et tu seras finalement conscient que ce qui est perdu , est perdu à jamais, que tu ne pourras plus faire marche arrière.

tu te rendras compte, que tout n'étais qu'éphémère, que toute la passion qui t'a fait oublier tes autres passions jusqu'à ne vivre que pour la personne que tu aimes follement. tout, était un mensonge , un agréable mensonge que la vie, le destin, la force divine t'a imposé. Un éclair de joie, de tristesse, provoqué par la foudre d'un amour passager, qui nous tombe dessus sans nous avertir ni même prendre nos avis.

Un amour, qu'on ignore à quoi se réfère-t-il pour cibler ses victimes, pourquoi fidélise-t-il des gens à son goût, ne présente son offre à certains qu'une fois dans la vie, et exclut d'autre complètement sans même leur offrir un échantillon de dégustation.

pourquoi toute cette injustice? pourquoi toute cette douleur? pourquoi l'amour passionnel ne dure-t-il pas éternellement? pourquoi les happy endings ne sont que imaginaires?pourquoi aime-t-on? pourquoi cherche-t-on tant à être aimé, attaché à une seule personne et devenir aveugle jusqu'à parfois opprimer des gens bien qui leur unique crime fut de nous aimer, sans passion, sans folie, sans insistance?

pourquoi on veut tant être le centre du monde aux yeux d'une seule personne? pourquoi monopolise-t-on nos sentiments, une partie intégrale de note vécu, pour une personne qui peut nous conduire dans une voie sans issue avec elle?

Est ce ça l'extase de l'amour? s'investir corps et âme pour une seule mission, aimer une personne et lui être fidèle à jamais? faut-il réellement marginaliser sa vie, son existence à la satisfaction d'un partenaire? oublier soi-même nos désires, nos passe temps favoris, nos passions, nos habitudes, et parfois même sculpter une nouvelle personnalité , des nouvelles qualités, faire l'impossible pour effacer des défauts, rien que pour faire plaisir à une personne, avoir comme récompense, un je t'aime, une caresse, un baiser d'amour?

Ou est ce que l'extase de l'amour, c'est de poursuivre son rêve de ne faire qu'un en étant deux ; de s'imaginer incapable de vivre, d’exister sans ce partenaire, qui devient même ta raison d'être, le soleil de ta vie?

En un seul mot, l'extase de l'amour c'est la haine. la haine du partenaire? non mais la haine de soi même, le dégout de l'accomplissement de soi qu'on a réduit à un simple dévouement pour une autre personne.

être narcissique et se contenter d'aimer soi-même, de n'avoir de dévouement et de passion que pour réaliser son propre plaisir et joie est sûrement plus rassurant que d'intégrer un autre élément humain à son petit univers .

Mais comme on est humain, on est voué à l'échec, à la douleur, puisqu'on ne vit pas que pour soi mais pour les autres. et le vrai dilemme c'est de faire un choix entre être seul ou accompagné. Les deux états sont douloureux, et le choix pertinent consiste à choisir l'alternative la moins douloureuse, que malheureusement on ne choisit guère rien que pour tenter cette souffrance consciente consentante , produit de notre propre volonté d'aimer et d'être aimé.

dimanche 19 décembre 2010

Sans tabou:épisode17: l'avertissement

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Un taxi s’arrêta devant l’immeuble où habitait Nader. Après avoir payé la course du chauffeur, Kamel sauta du siège arrière et ferma fortement la porte. Dès qu’il leva la tête, il aperçut une voiture d’ambulance sur le point de démarrer et quelques têtes encore suivant avec très attention, l’un des ambulanciers fermant la porte arrière.
Très curieux, il avança quelques pas vers un groupe d’adolescents en tenues sportives qui avaient interrompu leur partie de foot suite à la venue des ambulanciers.
- Qu’est ce qui se passe ici ?
Un jeune de 16ans parla.
- Un pot des fleurs s’est fracassé sur la tête d’un des clients sortant de la cafétéria qui se trouvait au dessous de l’immeuble, je crois que quelqu’un l’a secoué accidentellement de l’un des appartements.
- Et l’homme ?
Le jeune homme, suivant la voiture de l’ambulance démarrer.
- Je ne sais pas, à ce qu’il parait, il est gravement blessé, le pot était bien chargé.
Sans beaucoup réfléchir, il leva la tête et remarqua que les seuls balcons avec des pots de fleur sur la rambarde furent celui de sa sœur et du voisin juste en dessus.
Il traça un petit sourire au jeune homme, puis courut en entrant dans l’immeuble. En attendant un peu la venue de l’ascenseur, il voyait deux officiers de police descendre de l’escalier.
- Je ne pense pas que le pot soit tombé sous l’effet du vent, c’est sûrement quelqu’un qui la balancé !
L’autre allumant une cigarette.
- Oui c’est sur ! puis en levant un œil malin sur Kamel. Hey, toi, tu habites ici ?
Kamel, reculant d’un pas de l’ascenseur, répondit calmement.
- Non, mais je viens voir une proche…
Très précis le policier lui interrogea.
- Dis, est ce que tu sais qui est le proprio de l’appartement 45 ?
- Oui c’est celui de ma sœur, pourquoi ?
- Ah ta sœur ! ben demande-lui dans ce cas de passer au poste de police plus tard. On a frappé à la porte mais il y avait personne.
- Je peux savoir pourquoi ? s’interrogea-t-il inquiet.
Le policier après l’avoir mitraillé d’un regard désagréable.
- C’est concernant la pauvre victime ! on veut juste l’interroger… on ne sait pas encore s’il s’agisse d’un accident ou d’un acte criminel. Et en changeant de ton plus sérieux, si l’homme meurt, l’enquête aura une nouvelle ampleur.
Le silence régnait, ils n’avaient plus échangé une parole. Faisant semblant d’avoir un visage indifférent en se hâtant sur l’ascenseur, les policiers lui foutaient la paix et sortaient de l’immeuble.
Il hésita longtemps avant de cliquer sur le bouton pour faire monter l’ascenseur, mais comme il voulut voir sa sœur, il décida de l’attendre devant son appartement.
Une fois arrivé à l’étage, il colla le dos sur le mur et se mit à fredonner une vieille chanson de Whitney Houston et puis une petite toux lointaine l’interrompit. Il s’arrêta et se mit à regarder à droite et à gauche cherchant la provenance de cette voix jeune et entendit par la suite des pas montant sur les marches et voyait sa sœur, se plaignait doucement par courtes phrases.
- Immeuble de merde … pas digne d’une telle cité avec un ascenseur qui tombe tout les dix minutes en panne !
Emporté par un gros rire, Kamel se détacha de mur et s’écria.
- Toujours aussi boudeuse !
Elle leva sur lui un regard étonné, et dit en s’arrêtant sur la dernière marche pour reprendre son souffle.
- Je ne crois pas mes yeux ! est ce mon petit frère qui me fait son humble apparition ?
Il sourit, se dirigea vers sa sœur, la serra un long moment dans ses bras puis en l’embrassant sur son front.
- Tu m’as manqué sœurette !
Sans trop glisser dans l’émotion, elle badina.
- Oui, la preuve après un mois ou plus tu songes à venir la voir !
Puis en sortant la clé de la porte.
- Alors qu’est ce qui t’amène chez moi cette fois-ci ?
Surpris par la rudesse imprévue de sa grande sœur, il se demanda calmement.
- C’est comme ça que tu me parles ?... et en avalant sa salive, t’as pas l’air d’être heureuse de me voir.
En poussant la porte et en l’invitant du regard à entrer, elle continua en enlevant son manteau.
- Quand mon frère s’avère un grand égoïste qui n’apparait dans ma vie que pour me demander quelque chose sans prendre la peine de m’appeler de temps en temps pour prendre de mes nouvelles ou me défendre en cas de besoin, je ne vois pas pourquoi je devrai sauter de joie à sa vue !
- Pourquoi tu dis ça ? s’écria-t-il en tenant son bras.
Elle se débarrassa de sa main et dit, la gorge serrée.
- Est-ce que tu sais que je compte divorcer et que mon mariage s’est avéré un vrai fiasco ? les yeux rouges elle continua, ou sais-tu encore que mon mari me trompe et qu’il veut adopter le gosse de sa maitresse ?
Et en riant.
- Ou sais-tu que ton grand frère, a vendu la maison du chott, qui était la votre aussi sans te donner ta part ?
Très embarrassé, l’ai maussade et la face pâle, il murmura.
- Tu sais très bien que mon père m’a déshérité en me renvoyant de chez lui définitivement !et en regardant sa sœur avec pitié, j’avoue que j’étais assez distant dernièrement ! et en se rappelant le jour où il l’a vu avec un homme à la cafétéria, mais j’ai mes raisons aussi, et ce divorce je crois que c’est toi qui l’a causé.
- Ah bon ? moi ? hurla-t-elle sur les nerfs ! puis en entrant dans la cuisine et en jetant un regard rapide sur le mauvais état du lavabo, regarde comment sa poufiasse de copine a laissé ma cuisine, salle porcherie !
- Pardon ! il hébergeait sa copine dans ton appartement ? s’écria Kamel très choqué. Puis en laissant un rire moquer lui échapper, c’est vraiment rigolo comment les couples d’aujourd’hui règlent leur compte !
Et en tenant un verre pour le remplir d’eau.
- Il invite sa copine à dormir chez lui, et toi en parallèle tu sors avec ton copain ?
En écoutant sa dernière phrase, elle s’emporta comme une tempête.
- Avec mon copain ?
Mais quand il la coinça avec les faits, elle sembla vaincu, et parla doucement.
- C’est Nader qui m’a poussé à chercher ailleurs, il... il me négligeait je me sentais…inaperçue dans sa vie, inexistante, un corps sans âme, qu’il avait l’habitude de retrouver le soir chez lui juste pour lui rappeler qu’il était marié !
Et en fermant les yeux pour illustrer le visage de son amant.
- Lui, par contre, il m’aimait, il me trouvait féminine et me donnait de l’importance.
En s’approchant de sa sœur, il disait pour apaiser sa douleur.
- Maintenant que tu comptes divorcer, tu peux refaire ta vie avec cet homme…
Elle lui coupa la parole en lui caressant la joue.
- Tout est fini entre moi et cet homme !
- Pourquoi ?
- Une longue histoire que je n’ai pas envie de raconter pour le moment ! puis en croisant les bras, et si tu me dis maintenant la vraie raison de ta visite !
En sortant de la cuisine et en se dirigeant vers le salon.
- J’ai besoin d’argent !
Un petit sourire se traça sur ses lèvres.
- J’en étais sure ! puis levant sur lui un regard sévère, je croyais que t’étais devenu clean et que tu faisais des études même !
- J’ai eu quelques problèmes ! et en hésitant un peu, si tu ne peux pas me prêter de l’argent, j’aimerai bien que tu essaies de convaincre mon père de me donner une chance de lui parler !
En levant un sourcil d’étonnement.
- Quoi ? t’es plus gay ?
Il mordit sa lèvre inférieure et dit.
- Je suis devenu SDF ces derniers temps, je n’ai plus aucun endroit où m’endormir et aucun ami sur qui je peux m’appuyer !... je n’ai…je n’ai plus que ma famille !
Non convaincue, elle persista.
- Je ne peux rien te promettre, tu sais très bien la position de ton père contre toi…
Il lui coupa la parole en lui tenant la main.
- Lui, il ne veut pas d’un fils homo, d’accord je serai le fils idéal pour lui, un fils attiré par les filles !
Un long rire l’emporta et elle continua.
- Es-tu fiévreux ?
- Non, mais j’essayerai de contrôler mes pulsions pour reprendre ma vie du passé !
Elle le regarda minutieusement, puis murmura.
- Et comment comptes-tu le convaincre ?
Il se tut un bon moment puis dit.
- En lui présentant une fille et en lui demandant de m’accompagner pour lui demander la main !
Elle ne répondit pas d’abord mais quand il répéta ce qu’il venait de dire, furieusement, elle se décida.
- Si moi je n’arrive pas à te croire, tu crois que notre père avalera ça ?
En tenant ses deux mains, une façon pour la supplier, il continua.
- C’est pour ça que je compte sur ton aide !
Elle retira ses mains doucement et dit.
- Et c’est qui cette fille qui jouera ton gilet de sauvetage ? et en riant, j’espère bien que je ne serai pas la belle sœur de ma meilleure amie, pardon mon ex amie !
Il partagea son rire et l’assura.
- Non, c’est une fille de mon âge, et la sœur d’un bon pote à moi.. et en échangeant un regard bref avec sa sœur, elle s’appelle Ranime !
Comme il remarqua l’effet de surprise dans l’expression de son visage, il lui interrogea.
- Qu’est ce qu’il y a ?
Elle cacha son étonnement par un faux sourire et murmura entre les dents.
- C’est drôle parce que la soi-disant fiancée de ton grand frère s’appelle Ranime aussi !
Il sourit et dit d’un ton confiant.
- Et alors ! puis en sortant son gsm pour lui montrer une photo qu’il a prise d’elle lors de la fête d’anniversaire, la voilà !
Ghada resta suffoquée du poids de la surprise, puis trouva sa langue.
- Impossible, c’est elle !
- Quoi ? c’est elle ? dit-il énervé.
- C’est la copine de ton frère !
- Non, ce n’est pas possible ! dit-il dégouté, puis en reprenant, hier soir on a passé des heures à parler par tél et puis elle m’a envoyé ce texto !
Et il lui montra le texto qu’elle lui a tapé.
« J’adore causer avec toi…et j’espère te revoir plus souvent »
Tentant de garder sa tranquillité souriante de la matinée, elle balbutia.
- Et moi qui croyais qu’elle était un petit ange !
Puis le bruit d’une toux interrompit l’ambiance tendue de leur conversation.
- C’est quoi ça ? s’interrogea Ghada.
- Je croyais que c’était toi qui toussais en montant l’escalier.
Les yeux brulant de colère, elle s’écria.
- J’espère ne pas tomber sur sa maitresse endormie sur mon lit, sinon je jure de lui arracher les yeux !
En rigolant, il badina.
- Oh la , Ghada en mode de tigresse !
Puis une autre toux les conduisait au lieu de sa provenance qui n’était que la chambre à coucher de Nader. En ouvrant la porte, un petit courant d’air se mit à jouer avec leurs cheveux puis en voyant la porte fenêtre ouverte, elle se précipita à la fermer et constata que l’un des pots était fracassé sur le sol et un autre qui n’était pas là.
- Ce n’est pas possible ! c’est quoi ce bordel ! et en regardant son petit frère, elle a piqué mon pot à fleur qui contenait la menthe, cette salope !
Il croisa les bras en collant le dos au placard et continua d’une voix froide.
- Non mais je crois qu’elle l’a fait tomber accidentellement sur l’un des passants et puis elle a pris la fuite !
- Quoi ? mais du quoi tu parles, bon sang !
En gardant son sang froid, il dit.
- Ben la police est passé chez toi tout à l’heure et…
Mais avant qu’il achève sa phrase une autre toux les interrompit. Et cette fois-ci il arriva à la localiser tellement elle était proche provenant du placard.
Sans réfléchir, il tourna le dos et ouvrit brusquement la porte du placard, puis resta bouche bée en découvrant un petit enfant accroupi sous les costumes de Nader , frissonnant et cachant son visage avec ses deux bras.
Ghada, aussi surprise que son frère, s’écria.
- Ce n’est pas possible, il enferme le petit dans le placard et s’en va ?
Kamel se mettait à genoux et sourit en tendant la main au gosse.
- Salut, petit morveux ! et en dévisageant la pâleur de sa frimousse et son état de choc, je crois que j’ai découvert notre petit criminel !

samedi 2 octobre 2010

Sans tabou: épisode16: Un cadeau du ciel

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De son siège conducteur, elle le guettait un long moment, assis tout seul à la terrasse de la cafétéria, protégé des rayons de soleil par un parasol de couleur verdâtre comme la peinture de ce salon de thé, prés de la gare.
Il fumait, stressé, une cigarette, et regardait comme un obsédé sa montre à chaque minute. Elle refit son rouge à lèvres, saisissait son sac à main du siège à sa droite puis ouvrit la porte, prit un long souffle pour dissiper la sensation du malaise qu’elle ressentait, et surtout de colère qui la perturbait.
En s’arrêtant face à lui, elle déposa son sac à main blanc sur la table et parla doucement.
- Me voilà, dis-moi pourquoi tu tenais tant à me voir !
- Assis-toi, Ghada ! dit Nader en souriant à peine.
Sur les nerfs, elle évita de le regarder dans les yeux et dit.
- Je suis pressée, alors dis moi pourquoi tu voulais me voir ?
Il se mit debout, et en lui tendant la main.
- S’il te plait Ghada, je ne vais pas prendre beaucoup de votre temps.

Elle le dévisagea avec lenteur, puis s’assit face à lui. En croisant les bras nerveusement.
- Vas-y, dis moi ce que tu veux.
Il l’examina d’un regard doux et mystérieux à la fois et parla.
- Je te veux toi…
- Et moi je veux plus de toi !lui coupa-t-elle la parole agressivement.
En déposant sa lourde main sur la sienne, Nader insista.
- Ecoute moi, Ghada, je sais que j’étais un mauvais mari, mais tu sais maintenant mon passé et tu peux comprendre pourquoi j’étais si renfermé sur moi-même…
Elle sourit, sortit un paquet de cigarettes sous le regard surpris de son époux et répondit.
- Je sais aussi que tu héberges ta petite amie dans ton appartement ! et en allumant une cigarette d’une voix étranglée de pleurs, et que t’as un fils d’elle !
Sous l’emprise de la surprise, il s’écria.
- Un fils ? et en riant nerveusement, je n’ai pas d’enfants et ce n’est pas ma petite amie ! et en lui arrachant le bout de cigarette des lèvres tout en l’écrasant dans le cendrier, depuis quand tu fumes ?
- Ce n’est pas notre sujet…
Il lui coupa la parole violemment.
- Si, tout ce qui te concerne fait partie de notre dialogue. Puis en baissant la voix, c’est justement pour cet enfant que je t’ai demandé de venir me voir.
Elle laissa un rire nerveux s’échapper de ses belles lèvres et se demanda.
- Et qu’est ce que j’ai à voir avec cet enfant ?
Il ingurgita sa salive, hésita un petit moment puis murmura.
- Je veux bien l’adopter.
En souriant à contre cœur, elle s’écria.
- Très bien, alors après le divorce, tu épouseras ta petite amie et tu adopteras son gosse !
- Elle n’est pas ma copine, merde ! hurla-t-il à haute voix.
Puis gêné par les regards des quelques têtes tournés vers eux, il baissa la voix au point de chuchoter en disant.
- C’est la mère de l’enfant, elle voulait voir l’endroit où son fils allait grandir c’est tout.
- Ah bon ? et tu laisses une étrangère toute seule dans ton appartement ! et au bout des nerfs, et en plus de ça, elle utilisait notre salle de bain pour doucher son petit ? s’écria-t-elle en levant sur lui un regard où il lut la colère la plus extrême.
Et en tapotant avec les doigts nerveusement sur la nappe blanche de la table.
- Je ne suis pas une gourde, Nader ! je sais très bien que c’est ta meuf !
- Ce n’est pas ma meuf ! et en expliquant, c’est vrai, je n’aurai pas dû la laisser seule dans mon appartement, mais j’ai eu un coup d’appel urgent d’un fournisseur et je n’ai pas tardé avec lui ! et faisant de l’effort pour rigoler, de toute façon, elle n’avait rien à voler, t’as pris tout avec toi, et je portais ma Rolex à la main, donc à part le meuble et l’électroménager, elle n’avait rien à piquer !
Et en caressant sa main doucement.
- Et ce n’est pas ma copine !
- Elle me l’a dit elle-même.
En la fixant d’un doux regard.
- Elle s’est mal exprimée ma chérie, c’est tout !
En retirant sa main, elle s’écria d’une voix aigüe.
- Je suis une femme, Nader, et la façon dont elle l’a dite, montre bien qu’elle t’aimait !
Perdant son sang froid, il haussa la voix.
- Elle m’aime et alors ?
- Et alors ? s’écria-t-elle, sentant de la braise traverser tous ses vaines, on est encore mariés Nader, et si tu veux vraiment habiter avec elle, tu dois me respecter un peu au moins jusqu’à ce que on divorce officiellement !
En enterrant sa tête sous ses mains, il rajouta.
- Écoute mon cœur !
- Ne me dis pas mon cœur !
- Ok, Ghada ! balbutia-t-il d’un regard triste, cette femme était à une époque amoureuse de moi…
- Était ? elle est amoureuse de toi ! cria Ghada furieuse.
En serrant ses dents, il cria.
- D’accord, elle l’est mais je lui ai dit que je ne quitterai jamais ma femme pour elle ! et en inventant une histoire toute fraiche, d’ailleurs, un homme s’est présenté voulant l’épouser mais il refusait d’éduquer le petit et là, elle est venue me supplier de l’adopter comme elle savait qu’on voulait un enfant et qu’on ne pouvait pas en avoir !
En basculant son visage, elle l’inonda d’un regard infini et coléreux.
- Pardon ? tu lui parlais même de nos problèmes intimes ?
- Je sais je n’aurai pas dû le faire mais je veux vraiment avoir un enfant de toi…
Elle leva un sourcil d’étonnement et reprit.
- Arrête de mentir Nader ! c’est toi qui ne voulais pas d’enfant, tu me l’as dit…
Il lui coupa la parole, en la regardant droit aux yeux.
- Ce n’est pas que je ne veux pas d’enfant ! mais juste que j’avais peur concernant ton état de santé, et en poussant un souffle volumineux, une éventuelle grossesse est dangereuse pour toi !
Et en traçant un pseudo sourire.
- Et puis c’est un beau petit garçon de 4ans, il est adorable, tu vas l’aimer je suis sûr ! c’est… c’est un cadeau du ciel, pour nous …
En l’interrompant furieusement.
- Avoir mon propre enfant, ça c’est un cadeau du ciel ! et en reprenant sa respiration pour faire taire l’angoisse qui montait en elle, et même si je songerai un jour à adopter un enfant, j’adopterai un nouveau né mais pas un enfant de 4 ou 5ans, et pis encore, le fils de la maitresse de mon époux chéri.
- Elle n’est pas ma maitresse…
Emportée par une vague de colère, elle s’écria.
- Tu n’as jamais fait l’amour avec elle ?
Il hésita un peu, frustré et répondit.
- Une fois ou deux mais c’était avant notre mariage. Je te jure que depuis j’ai été un époux fidèle.
En poussant la chaise et en saisissant son sac à main d’un geste furax.
- Je suis désolée Nader, mais je te crois pas !
Il se mit debout lui aussi et la supplia.
- Assis toi s’il te plait, on n’a pas encore terminé la conversation…
En portant ses lunettes de soleil, elle disait fermement.
- On n’a plus rien à se dire Nader ! et en le contemplant, elle se reprit, je ne veux plus être avec toi, ni adopter un gosse avec toi !
En attrapant sa main, il continua.
- Je t’en supplie Ghada, passe le soir chez moi, pour voir le petit, juste pour le voir ! c’est un garçon adorable…
- Je ne veux pas le voir…
- Tu le retrouveras seul avec moi, d’ailleurs sa maman n’a resté chez moi que le jour maudit où tu as passé chez moi prendre tes affaires.
Sous l’emprise de son joli regard séducteur, elle murmura en relâchant sa main.
- On verra !
Très content, il hurla excité comme un gamin.
- Merci Ghada !
- Mais je ne te promets rien ! dit-elle froidement.
Puis échangea un bref regard avec lui et se dirigea vers sa voiture. Tout de suite après, il s’assit de nouveau, but un verra d’eau et sortit son gsm en composant le numéro de Sondos.
Dans son appartement, le cellulaire de Sondos déposé sur la table basse du salon se mit à sonner. Amine, était assis, sur le sofa, balançant ses petits pieds en regardant Tom et Jerry à la télé, quant à Sondos, elle était dans la salle de bain en train de se doucher.
En écoutant son gsm sonner une belle mélodie de David Guetta, elle s’écria, en essuyant quelques goutes de shampoing qui s’étaient glisser sur ses yeux.
- Amine, apporte-moi, mon cellulaire !
De l’autre pièce, le petit garçon sauta du sofa, prit le cellulaire et se dirigea en courant vers la salle de bain. En se relavant sur les bouts des orteils, il tint la poignée et ouvrit la porte. Au même moment, Sondos, ferma le robinet, et prit de sa main le gsm en souriant.
- Merci mon chou !
Le petit ne dit rien et sortit de la salle de bain.
- Ferme la porte mon chou, et en parlant à elle-même je ne veux pas rattraper une grippe !
Curieux comme tous les enfants de son âge, Amina s’arrêta devant la chambre à coucher de Nader qui était juste à coté de la salle de bain. Après hésitation, il ouvrit sa porte qui n’était pas fermée à clé, et une petite créature sautant sur le parquet, attira son attention.
Comme attiré par un aimant, il pénétra la chambre et cria joyeux.
- Tata, il y a un pigeon !
Puis émerveillé, il suivit de l’œil, le petit invité qui était entré par la porte semi ouverte du balcon. Comme Sondos, ne lui répondit pas, il répéta en riant tout en approchant à pat de chat vers le pigeon qui s’est arrêté prés du lit.
- Tata, il y a un pigeon ! viens voir ! il est adorable !
Dans la pièce juste à coté, Sondos était au téléphone avec Nader, elle s’écria.
- Un moment mon chou, je parle au téléphone ! puis en revenant à son interlocuteur, comment t’as osé lui avouer que je suis ta maitresse ?
En laissant le pourboire sur sa table et en se levant, Nader, murmura.
- Ce qui est fait est fait maintenant ! et en allumant une cigarette, je veux que tu habilles bien le gamin et que tu dégages de chez moi !
Enervée de son ton odieux, elle s’écria.
- Pardon ? c’est comme ça que tu me remercies ? et en ingurgitant sa salive, je ne peux pas laisser Amine tout seul dans l’appartement !
- Je reviens dans une heure, disons 18H ! et sévèrement, et prends tous tes affaires !
En rouvrant le robinet, elle murmura à mi-voix gênée.
- D’accord, d’accord ! j’ai bien compris !
Puis raccrocha, et en appelant Amine.
- Viens prendre le gsm !
Mais comme il ne répondit pas, elle grommela.
- Il doit être concentré avec les dessins animés !
Elle le mit donc sur le sol, et le poussa avec la main pour l’éloigner le plus possible de la baignoire puis acheva son douche.
Une fois enveloppée de son cap de bain, elle quitta la chambre et se dirigea vers le salon en parlant.
- J’espère que t’as aimé Tom et Jerry !
Mais quand elle pénétra le salon, elle ne trouva pas le petit. Elle se dirigea donc vite fait à la cuisine et là aussi, elle ne le trouva pas. Envahie par une inquiétude dubitative, elle s’approcha des toilettes mais en tournant son regard par hasard vers la chambre à coucher de Nader, elle s’apercevait que la porte était ouverte.
- Merde ! si Nader saura que le petit s’est intrus dans sa chambre, il me tuera ! et en poussant la porte furieusement, Amine, montre toi, petit morveux !
En s’arrêtant au milieu de la chambre, elle voyait la porte fenêtre semi ouverte. Le cœur battant, elle s’approcha du balcon. Là, ses yeux tombèrent sur un pot de fleur fracassé sur le parquet et un tabouret en plastique collé à la rambarde.

samedi 25 septembre 2010

Sans tabou: épisode16: Un cadeau du ciel

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Le lendemain vers 18h, Akram gara sa bagnole devant une belle villa à Sahloul. En avalant sa salive, tout en tapotant nerveusement sur le volant, il regarda du coin l’œil sa compagne et murmura doucement.
- Mon grand amour habite ici alors ?
Ranime, souriait et répondit, aussi nerveuse que lui.
- Oui, enfin, depuis 7ans …. Avant on était à Sousse centre. Et en ouvrant la porte après une grande hésitation, alors comment tu trouves la maison ?
- Aussi belle que mon bébé !
Elle riait agréablement et sauta légèrement de son siège en disant.
- Alors tu viens ou pas ?
Il sortit une cigarette avec l’intention de l’allumer puis se retentissait au dernier moment et sauta en vérifiant que les portes sont bien fermées.
En mettant ses mais dans les deux poches de son pantalon jean, il disait.
- Tu crois vraiment que c’est une bonne idée de rendre visite à tes parents la première fois sans les avertir d’avance ?
Ranime, sourit, mettait sa main sur son bras et dit.
- On n’a pas fait tout ce chemin pour reculer maintenant ? et d’un regard optimiste, je suis certaine que ma mère sauta de joie quand elle saura que tu veux demander ma main.
Se sentant prêt à remplir sa mission, il monta sur la bordure du trottoir et dit.
- Souhaite-moi bonne chance avec ma belle mère.
Ranime sans s’arrêter de rire, le tapota doucement sur son bras en disant.
- Allez, ce n’est pas un entretien d’embauche !
- Je t’assure que demander la main d’une fille est une chose beaucoup plus stressante !
Elle sortit ses clés puis décida de sonner à la porte en rigolant.
- Imagine si elle me voyait entrer avec un mec ! elle me tuera surement !
En caressant tendrement son visage, il répliquait.
- Tant que t’es avec moi, t’es en sécurité…
Et il ne termina pas sa phrase, lorsque son regard fut scotché à un homme moustachu de la cinquantaine. Emue, Ranime se jeta dans les bras de son père en disant.
- Papa, t’es là !
En embrassant sa fille sur le front sans épargner l’homme inconnu d’un regard sévère d’un père protecteur, il répondit.
- Oui, j’ai pris trois jours de congé. Et en focalisant ses yeux sur l’homme trentenaire. Alors tu ne me présentes pas ton compagnon.
Timide devant son père, elle palpita sa gorge et dit.
- Papa, c’est Akram !
- Enchanté fiston ! et en ouvrant largement la porte, entrez, je vous en pris !
Une fois installés au salon, tous les trois ; Ranime avec son homme sur un canapé et son père face à eux sur le fauteuil, un petit silence gagna l’espace puis Ranime initia la conversation par une interrogation.
- Alors où est man ?
- Elle est chez une voisine, elle reviendra dans un moment ou un autre !
Puis quand il entendit le claquement de la porte.
- Quand on parle du loup !

Et il entendait sa femme parler à haute voix en se demandant avant même d’entrer dans le salon et de découvrir ses invités.
- A qui la belle bagnole garée devant notre garage ?
Puis l’expression de surprise hanta son visage lorsqu’elle voyait sa fille assise avec un homme qu’elle ne connaissait pas. Sans prolonger le suspens, Ranima se leva et se dirigea vers sa maman. Elle la serra contre elle, mais sentit la froideur et la rigidité du corps qu’elle a touché. Passive, sans embrasser sa fille et en se contentant de lui offrir ses joues, Hinda murmura, en cherchant du regard l’homme en tenue un peu sportive.
- Alors, qui êtes-vous jeune homme ?
Il traça un petit sourire, mais avant de prononcer le moindre mot, il fut interrompu par Ranime.
- C’est mon petit ami, man !
- Pardon ? s’écria Hinda, d’un ton sacripant n’appréciant guère le mot.
Sentant la gêne de sa maman, elle reformulait.
- Akram, était mon enseignant de TD le premier semestre, et il veut devenir mon fiancé !
- Ton fiancé ? s’exclama-t-elle bizarrement. Puis en relavant les manches de sa chemise de maison comme si elle s’apprêtait à s’échauffer pour une bagarre, et pourquoi ne l’as-tu pas emmené à ta mère ? c’est à elle que tu devras présenter pas à moi !
Ranime eut une moue dubitative, qui se transforme en grimace gênée lorsque son père, rajouta, en adressant la parole à son invité.
- T’es d’où mon fils ?
- De Tunis, Carthage présidence plus exactement !
En fronçant les sourcils, il continua de sa voix grave.
- Et chez vous, quand un homme désire demander la main d’une fille, il vient seul sans sa famille ?
- Je comptais venir avec….
Et Hinda lui coupa la parole en disant sévèrement.
- De toute façon, vous vous êtes trompé d’adresse, la maison de ses parents est à Hammamet !
De colère, Ranime enfonça ses doigts sur le bras de sa maman adoptive en criant.
- Maman, on peut parler en privé !
En injectant Akram d’un désagréable regard, elle suivit sa fille à la cuisine. En laissant la porte entrouverte Ranime s’écria furieuse.
- Qu’est ce qui se passe man ? pourquoi tu le traites comme une merde ? cet homme m’aime et veut m’épouser !
Hinda croisa les bras, et dit sans quitter sa petite fille d’un regard cachant une immense colère.
- Nafissa sera aux anges lorsqu’elle saura que sa fille chérie à un potentiel fiancé.
- Maman, arrête ! et d’une voix étranglée de pleurs, j’ai rendu la voiture, je ne vois pas pourquoi tu me punis encore ! et les yeux rouges, ça me fait très mal au cœur, que tu me traites de la sorte !
Dans l’autre pièce, le gsm d’Akram se mit à vibrer alors en traçant un sourire pâle à son beau père, il s’excusa et s’arrêta à l’entrée de la villa, en parlant à voix basse.
- Oui, Nader qu’est ce que tu veux ?
- Où es-tu, bon sang ! hurla Nader sur les nerfs.
- Je suis avec ma petite amie, chez ses parents, et c’est mal parti !
En riant nerveusement de l’autre bout du fil.
- Je ne crois pas vraiment ce que tu me fais là ! et fou de rage, on est dans l’impasse, on nous pique nos clients, et monsieur s’amuse avec sa bien aimée comme si tout allait bien !
- Ne crie pas Nader ! je ne suis pas seul !et en s’éloignant encore de trois pas de la porte d’entrée, qu’est ce qu’il y a de si urgent ?
- C’est la guerre entre moi et ta sœur !
- Ça je le sais…
En lui coupant la parole très tendu.
- Elle a rencontré Sondos dans mon appartement !
Il éclata d’un rire qui sonnait faux et dit.
- Et qu’est ce qu’elle faisait là-bas ?
- Elle était avec le petit…. Et se taisait le temps d’allumer une cigarette, je ne pouvais pas laisser le petit dans le bordel tout de même, ce n’est pas un endroit pour enfants !
- T’aurais dû lui réserver une chambre d’hôtel au lieu de lui offrir les clés de ton appart ?
En attrapant le combiné avec l’autre main, Nader poursuivait angoissé.
- Elle m’a même menacé de me suivre en justice pour adultère !
Akram, sourit et dit d’une voix confiante.
- Elle ne le fera pas, je t’assure, t’as pas à te faire des soucis…
Nader lui coupa la parole en changeant de sujet.
- De toute façon, ce n’est pas essentiellement pour ça que je t’ai appelé.
- Ecoute, on pourrait parler une autre fois.
- Non, on parlera maintenant ! je ne suis pas d’humeur à attendre une autre fois ! et en fonçant directement dans le sujet, j’ai rencontré le nommé Khalifa.
- Et ?
- Et c’est un ennemi redoutable, une casse gueule quoi, un homme très prudent.
- Tu lui as parlé ?
- Oui hier ! et en ingurgitant sa salive, il faut l’écraser le plus tôt possible.
- Et quel est ton plan ?
Nader prit un souffle de sa cigarette en s’arrêtant devant un feu rouge et continua.
- Tu devras te faire passer pour un client !
- Et pourquoi tu ne le feras pas toi-même !
- Moi, il m’a vu, il m’a menacé même ! et en riant, mais toi, t’as la gueule d’un homme de bonne famille qui aspire confiance, le genre qu’il cherche et puis quand il saura que t’es le fils du ministre en effectuant une petite enquête sur toi, il mordra à l’hameçon !
*******************************************************
Dans la maison du chott, et en l’absence de Sondos, Sabrine la remplaçait à l’accueil. En attendant l’arrivée d’un client, l’une des filles russes s’habillant de façon très dénudé sortit une cigarette et l’alluma puis parla à Sabrine. Comme cette dernière n’arrivait pas à comprendre un seul mot de ce que la blonde lui racontait, elle s’écria furieuse.
- Ecoute moi ma chérie, tu ferais mieux d’attendre ton client dans ta chambre !
La blonde de 25ans, prit un souffle de la cigarette, sans vraiment comprendre son interlocutrice.
-pfff, je ne sais même pas parler en anglais pour communiquer avec cette connasse !

Puis elle entendit quelqu’un frapper à la porte deux fois, très doucement. C’était une sorte de mot de passe pour reconnaitre l’arrivée d’un client.
Ses yeux brillèrent d’une gaieté fugace, et elle s’écria.
- Le voilà, ton homme !
Elle précipitait le pas vers la porte et en l’ouvrant.
- Bonsoir monsieur Hamda !
L’homme, à l’allure d’un vieux richissime, lui sourit et dit en fermant la porte doucement derrière lui.
- C’est Hamid !
- Ah, oui ! excuse-moi ! puis en lui enlevant son manteau, entrez la chambre 3 est prête pour vous !
Puis les suivit jusqu’à la première marche, mais l’homme tint la main de sa blonde et dit en adressant la parole à Sabrine.
- Je connais bien l’endroit, merci ! et en faisant un petit clin d’œil à la fille, allons nous ma belle !
Un peu embarrassée, Sabrine regagna sa chaise, et rouvrit le carnet de rendez-vous en parlant à elle-même à voix basse.
- On dirait qu’on a un seul client ce soir !
Puis mettait une chanson sur l’ordinateur et se mettait à bouger la tête en suivant le rythme dansant de la mélodie. Quelques secondes plus tard, la porte cria.
Elle sursauta sur place de surprise puis en baissant le volume, elle se dirigea vers la porte. Et à sa grande surprise, elle découvrit une jeune femme de son âge presque. Elle était maquillée, portant une jupe de daim noir, un chemisier blanc aux manches retroussées et tenant sur son bras gauche un manteau boule plié.
- Bonsoir mademoiselle ! dit-elle en parlant à Sabrine la première.
Sabrine, angoissée s’arrêta devant la porte pour lui bloquer la vue de l’intérieur et se demanda d’une voix tremblante.
- Qui vous êtes ?
La femme à la peau très blanche, se présenta en traçant un fabuleux sourire.
- Je m’excuse d’avoir frappé à votre porte à une heure pareille ! puis en pointant le doigt vers la maison d’en face, je suis la fille de la dame qui habite juste en face de vous, et ça fait un petit quart d’heure que je frappe à sa porte sans qu’elle m’ouvre !
Sans pouvoir dissiper son malaise, Sabrine répliqua.
- Elle s’est peut être endormie ! et en observant le profil de l’étrange femme, t’as essayé de l’appeler ?
- Le fixe ne marche plus depuis un sacré bout de temps ! et sans quitter Sabrine d’un regard mystérieux, écoute ça fait des années que je n’ai pas visité ma mère, et je suis venue de l’étranger ce matin, et je commence à m’inquiéter vraiment pour elle !
- Ben, tu n’as qu’essayer encore sinon revenez demain !
La femme sourit et dit en montant encore une marche.
- Jolie votre maison !
- Ah merci ! puis en collant le dos sur la porte légèrement, ce n’est pas la mienne, enfin je suis la cousine de la cousine du propriétaire de la maison ! et naïvement, ils m’hébergent pour quelques jours le temps que je trouve un logement à Tunis !
La femme leva un sourcil, non convaincue, puis se demanda avec sa voix maligne.
- C’est vraiment bizarre d’être accueillie par l’invitée vers 22h ! ils ne sont pas là ?
A travers la porte entrouverte, elles entendirent l’une des portes s’ouvrir. C’était le client qui venait d’arriver. En tombant du regard sur la femme à la porte, il rebroussa chemin et ferma la porte derrière lui.
La femme jouait avec ses cheveux châtaigne et murmura.
- C’est lui ton cousin !
- Euh, oui, c’est lui ! dit Sabrine en s’efforçant de rire, il est timide avec les femmes, tu sais ce genre d’hommes…
En échangeant ce faux rire avec elle, la femme mystérieuse dit.
- Oui bien sûr ! et en la regardant attentivement, je m’excuse à nouveau, et en avalant sa salive, j’ai fait un long voyage jusqu’ici, et j’ai soif, vous pouvez me porter un verre d’eau.
- Oui, bien sûr ! et après hésitation, je ne peux pas te demander d’entrer, ce n’est pas chez moi ici !
- Oui, oui je comprends !dit la femme en souriant.
- Je reviens !
Dés que Sabrine disparaissait de sa vue, la jeune fille, sortit un petit appareil photo numérique, et prit quelques photos de l’intérieur : elle photographiait le bureau de l’accueil, les trois chambres qu’elle pouvait voir de l’angle où elle se maintenait, Puis cacha l’appareil photo dans son sac à main, quand elle entendit les vibrations de son gsm.
- Oui !
Une voix d’homme la répondit.
- Je le vois arriver de rétroviseur !
- J’arrive tout de suite !
Pendant ce temps là, Sabrine saisissait une bouteille d’eau du réfrigérateur et versa un peu d’eau dans un verre, dès qu’elle sortit de la cuisine, ce n’est pas le visage de la femme qu’elle dévisageait mais celui de son patron, debout prés de la porte, cramoisi de colère.
- Comment tu peux laisser la porte ouverte comme ça ! et en remarquant le verre d’eau entre ses mains, c’est pour qui ?
Frissonnant de peur, Sabrine parla à peine.
- T’as pas vu la femme ?
- Quelle femme ? puis en s’approchant d’elle, pardon, t’as ouvert la porte à une inconnue ?
La face pâle comme une morte, elle s’expliqua.
- Ce n’est pas une inconnue, c’est la fille de la vieille femme.
Une lueur d’agacement traversa son regard, et il disait en serrant les poings.
- La vieille n’a pas de filles.
A son grand étonnement, Sabrine balbutia avec une grande gêne dans la voix.
- C’était qui alors ?

lundi 16 août 2010

Sans tabou: épisode16: Un cadeau du ciel

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Il mit la clé dans la serrure puis tira la poignée de la porte. Quand elle s’ouvrit, Nader apercevait une paire de chaussures de sport renversée par terre comme il l’avait laissé il y a deux jours, ce qui prouvait que sa femme n’avait pas mis le pied après leur dispute dans l’appartement. Il l’écartait d’un geste nerveux de son pied gauche et avança vers la cuisine.
Quelques gouttelettes d’eau se formaient et glissaient lentement du robinet, puis s’écrasaient sur une casserole coincée au fond du l’évier en céramique, en faisant un léger bruit, comme une note musicale.
Du coin de l’œil, il regardait la montagne d’assiettes sales, et une tâche de café sèche collée au sol.
- Quel sale pétrin ! s’écria-t-il fou furieux.
Puis ouvrit la porte du réfrigérateur, saisissait nerveusement une bouteille d’eau, prit une gorgée et la remettait sur place, en se dirigeant vers sa chambre.
Une fois installé sur son lit, les chaussures encore aux pieds, il sortit l’enveloppe marron de sa veste et l’ouvrit en tirant les cinq photos dedans.
En mitraillant la première photo, celle d’un homme, de peau très mate et du regard très sévère, avec une gigantesque cicatrice au niveau du front, il parlait à lui-même.
- Alors monsieur Khalifa, tu nous piques nos clients maintenant ? et en traçant un sourire endiablé, tu ne sais pas à qui t’as affaire, sale con !
Puis laissa la photo tomber de sa main et saisissait une seconde photo, celle d’un fastfood au milieu du centre ville, et du même homme, s’habillant comme un cuisiner professionnel, dans une tenue blanche.
- Et tu fais semblant aussi d’être un bon citoyen, un homme clean, eh !
En élargissant sa pupille de rage, il saisissait un feutre de couleur rouge, dessinait un cercle autour de la tête de son concurrent et ajouta.
- T’es un homme mort, mon ami !
Puis la sonnerie du message qu’il vient de recevoir, lui interrompit son fil d’idées. En examinant l’écran rapidement, il constata que le message fut de sa femme.
Sans trop se demander, il l’ouvrit et lit ce qui suit.
« Je passerai le soir prendre mes affaires, alors je te demande gentiment de ne pas être là, merci »
Une crise de rire nerveuse l’emporta comme un vent. En balançant le gsm, qui fit deux rebondissements sur le lit, il hurla.
- La salope, et ose même me renvoyer de chez moi ! et en poussant un siffle gêné, je me demande vraiment, pourquoi je l’avais épousé, pfff, quand je vois toutes ces nanas en bonne santé, n’attendant que la venue du prince charmant, et cette fille malade qui se prend pour Cameron diaz…. Fait chier !
Puis s’étalât complètement sur son dos, et ferma les yeux en tentant de faire une petite sieste, comme il n’avait pas fermé l’œil depuis deux jours.
Quelques heures plus tard, vers 15H, il avait les yeux encore gonflés de sommeil. Pas chez lui, mais assis autour d’une table tout seul, dans le même fastfood, que Rami a photographié. Il tapotait avec les doigts furieusement la nappe, pas si neuve, puis en faisant signe au serveur, qui venait de passer prés de lui avec deux plats.
-hey, ça fait un quart d’heure, que j’attends mon sandwich ! il est où mon putain de sandwich à la dinde ?
Le serveur, un peu frustré, répondait.
- Calmez-vous monsieur, comme vous voyez, il y a beaucoup de clients.
Nader, cherchant le patron, de son regard dans tout coin du l’intérieur du fastfood, haussa la voix exprès.
- Si vous avez tant de clients, ton putain de patron, devrait embaucher plus de personnel, ce n’est pas ainsi qu’il réussira ce job à moins qu’il ait une autre activité à part !
Le serveur, pâlissait, et regarda Nader avec méfiance, craignant qu’il s’agisse d’un policier civile, puis parla avec difficulté.
- Calmez vous monsieur, tu seras servi, tout de suite !
Nader, injecta son interlocuteur d’un désagréable regard puis croisa les jambes. En tournant sa tête vers la porte, il voyait, une petite voiture s’arrêter devant le petit fastfood, et l’homme qu’il recherchait, s’habillant d’une manière un peu sportive, sauter de la bagnole.
Il alluma une cigarette, sans le perdre du regard. Il voyait le serveur s’approcher de son patron et lui chuchoter quelques mots à l’oreille, puis le regard de Khalifa le bornant, essayant de voir s’il s’agisse d’une personne qu’il connaissait ou pas.
Au bout d’un moment, le patron se dirigea vers la table de Nader, puis en traçant un faux sourire.
- Excusez mon employé ! c’est un petit nouveau, et il est encore un peu lent au travail !
En écrasant le bout de cigarette sur le cendrier sans affronter le regard de son interlocuteur.
- Et vous ne croyez pas qu’un petit nouveau doit être assisté en permanence par un expérimenté ! tu perdras des clients ainsi ! et en levant les yeux, si j’étais à ta place, j’embaucherai des filles, elles seront plus serviables et ça attirerait davantage des clients masculins !
Khalifa sentait quelque chose de louche émanant de son interlocuteur, puis il inclina la tête et se demanda d’une voix si basse.
- Qui vous êtes ?
Pour l’énerver davantage, Nader cria.
- Hey ! j’ai faim moi…
Là, au bout de ses nerfs, Khalifa l’attrapa de sa chemise et le tira vers lui agressivement en gardant le ton aussi calme mais avec une certaine menace dans la voix.
- Monsieur ne me cherchez pas la petite bête, ça serait dans votre intérêt !
Avec un sourire de renard, Nader s’écria en se débarrassant de la lourde main de son agresseur.
- Oh là ! vous menacez tous vos clients de la sorte ?
- Seulement, ceux qui cherchent des problèmes. Puis en le dévisageant d’un regard sacripant, ta tête me dit quelque chose.
En ricanant.
- Elle te dit qu’elle a faim ! puis en se mettant debout légèrement, mais pense à ma proposition, des serveuses c’est mieux que des serveurs ! et en saisissant ses clés de voitures sans épargner Khalifa d’un regard endiablé, n’embauchez pas des tunisiennes mais des marocaines, j’ai entendu parler qu’elles sont bonnes à tout !
Puis son visage s’illumina du fantôme d’un sourire. Dès qu’il s’arrêta devant sa PASSAT, une main se mette sur son épaule, c’était celle de Khalifa qui répliqua de sa voix grave.
- Qui vous a envoyé ?
Nader éloigna de sa reverse, doucement la main de Khalifa et dit.
- On m’a dit que t’as des belles filles… des bombes marocaines.
- Je ne sais pas du quoi tu parles.
Nader tendit la main vers le pare-brise et continua de son ton provocateur :
- Vous ne prenez pas de risque eh ! et en souriant, je ne suis pas de la police, je souhaite juste devenir un de vos clients.
Avec des yeux de marbres, l’homme aussi méfiant, murmura.
- Je crois que vous vous trompez d’adresse.
- C’est pourtant Hamza Elmehdoui, qui m’a parlé de vous.
Là, Khalifa se pencha en avant, et sans quitter Nader de son regard méfiant.
- Désolé, mais je ne connais pas votre intermédiaire ! et en ouvrant la porte de voiture à Nader, sans avoir froid aux yeux, j’ai une chaine de fastfoods, cher monsieur, mais pas un centre de prostitution !
Et en le pointant du doigt.
- La prochaine fois si vous remettiez le pied ici, j’appellerai la police !
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Vers20H15, la porte de l’ascenseur s’ouvrit au 4ème étage. Ghada, accompagnée de son amie Salma, s’arrêtèrent devant l’appartement de Nader. En saisissant son sac à mains, cherchant les clés, Salma l’interrompit.
- Tu désires réellement le divorce ?
Ghada, du coin de l’œil, répondit.
- Est-ce que j’ai une tête de quelqu’un voulant s’amuser ?
Salma, poussa un souffle et en s’approchant encore plus de sa meilleure amie.
- Ce n’est pas un si mauvais homme après tout, réfléchis bien ma puce !
Ghada, leva entièrement la tête et répondit au bout des nerfs.
- J’ai beaucoup réfléchi, et je crois que c’est mieux pour nous deux !
Sans insister, Salma croisa les bras et colla son dos au mur, et dit en changeant de sujet.
- Et ton frère ? il est heureux avec sa copine ?
- Il veut l’épouser.
Un grand sourire, éclaira la frimousse de Salma qui s’écria.
- Ah c’est bien ! enfin ! et en riant, vous devriez le plutôt possible préparer sa villa et la décorer pour la grande occasion…
- Il l’a vendu ! enfin c’est ce qu’il nous a dit
- Sans blague ! hurla Salma, stupéfaite.
- Ben, c’est ce qu’il nous a dit ! et en sortant la clé, mais je sens quelque chose de louche, et je finirai par le découvrir.
Salma, suivait son amie du regard quelques secondes et l’interrogea.
- Je n’ai pas compris.
En mettant la clé dans la serrure, elle expliqua.
- L’autre soir, on est allé faire un petit tour à Hammamet, moi, sa copine et lui, et j’ai voulu qu’il montre sa villa à sa petite amie, mais la route principale était bloquée pour des travaux de la municipalité ! et en soupirant, quand j’ai lui demandé de changer d’itinéraire, il m’a dit qu’il faisait tard, et qu’il nous la montrera une autre fois… il semblerait même joyeux que la rue fut bloquée !
- Je ne comprends pas pourquoi tu t’intéresses soudainement à sa villa !
En tournant la clé dans la serrure, elle répliqua doucement.
- Je suis seulement curieuse…c’est plutôt sa réaction bizarroïde quand on a parlé de sa maison , qui m’a intrigué !
Et comme la porte ne s’ouvrit pas, Ghada, tenta une autre fois en tirant la poignée extérieure.
- C’est bizarre, la porte ne s’ouvre pas !
Salma, essaya à son tour de l’ouvrir, puis se demanda.
- Il a peut être changé la serrure ?
- Non ! la porte est fermée de l’intérieure ! puis d’une voix coléreuse, le salaud, il est ici !
Salma, avala sa salive et dit.
- On reviendra une autre fois si tu ne veux pas lui parler…
Ghada, emportée par la fureur, hurla.
- Je ne reviendrai pas un autre jour !
Puis se mettait à frapper à la porte de toutes ses forces.
- Ouvre cette porte Nader !
Quelques minutes plus tard, elle entendit le bruit de pas avançant vers la porte.
- Le voilà ! dit-elle, les yeux rouges de colère.
Salma, posa sa main sur l’épaule de son amie, et murmura.
- Calme-toi, ma chérie ! on ne veut pas de scandale devant les voisins !
- Il m’énerve ! je lui ai demandé de s’absenter un peu mais…
Et n’acheva pas sa phrase quand la porte s’ouvre et que son regard tombe sur une jeune femme de 26ans à peu prés, coquette, dans un jean moulant et un pull dénudé.
- Qui vous êtes ? demande la femme.
Du poids de la surprise, Ghada perdit sa langue, et Salma intervint en haussant la voix.
- Ben, c’est à toi de nous répondre !
Et puis, elles entendirent un petit gamin pleurnicher, de l’intérieur de la salle de bain.
- Le shampoing me pique les yeux !
- J’arrive mon bébé ! s’écria la femme, puis en adressant la parole aux deux filles, si vous êtes venues pour Nader, il n’est pas là…
Ghada, mit un pied à l’intérieur de l’appartement et hurla avec hystérie.
- Qui vous êtes putain ? et qu’est ce que vous faites dans mon appartement ?
La femme, traça un sourire malin et dit d’un ton provocateur en croisant les bras.
- C’est l’appartement de Nader… et devant leur stupéfaction, elle ajouta, je m’appelle Sondos et je suis sa copine !

samedi 7 août 2010

Sans tabou:épisode15: Business is business

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Deux jours plus tard, il était aux alentours de 17 H 30. Ghada était assise à l’entrée de la villa de ses parents. Elle buvait du café et se laissait méditer alors que ses yeux suivaient du loin la voiture d’Akram s’arrêter devant le clôture.
Sa mère, à deux pas d’elle, assise sur une chaise, faisant semblant de lire un magasine arabe, ne la quitta pas d’une semelle puis murmura, d’un air énervé.
- C’est vraiment honteux ce que tu fais….
Ghada, leva à peine sa tête et déposa doucement la tasse du café sur la sous-tasse, puis en ingurgitant sa salive, tout en changeant de sujet.
- Le voilà, ton fils préféré.
En la bornant d’un regard fâché.
- Je n’ai pas d’enfant préféré.
- Oui c’est ça ! dit-elle en riant et ajouta, mais tu ne dis toujours rien quand il fait qu'à sa tête.
Puis se taisait quand le grand portail du jardin faisait un désagréable grincement, et voyait son frère pénétrer avec une belle jeune fille, qu’elle reconnait tout de suite.
Sa mère, traça un petit sourire, un peu un mélange entre joie et méfiance face à cette belle inconnue, que son fils ainé a amenée pour la lui présenter.
- Elle est vraiment séduisante ! murmura la mère, à demi-voix, avant même que son fils et sa compagne ne s’approchent d’elle. Puis en visant sa fille d’un regard piquant, je ne sais pas si je dois être heureuse pour ton frère parce qu’il a enfin trouvé une femme avec qui il veut faire sa vie ou m’attrister parce que ma fille chérie désire se séparer de son époux.
Ghada vida sa tasse puis en baissant la voix.
- Je croyais que c’est ce que vous voulez ! de toute façon tu ne l’as jamais apprécié.
En lui coupant la parole cruellement.
- Je ne l’aimais pas c’est vrai, mais c’est le seul homme qui s’est présenté pour toi ! et en continuant d’un air méchant, t’aurais pas dû le quitter avant même de porter un enfant de lui, au moins ainsi tu ne serais pas sortie de chez lui les mains vides.
Elle était en colère d’après les dernières paroles de sa mère, mais elle tenait cette immense fureur et la bloqua à l’intérieur d’elle, en blêmissant et tournant la tête vers son frère et son invitée.
- Enfin, tu nous ramènes ta copine ! s’écria sa maman, excitée.
En posant fièrement sa main sur l’épaule de Ranime, il disait.
- Elle ne sera plus ma copine mais ma fiancée ! et en échangeant un regard doux avec elle, elle a finalement accepté de devenir ma femme.
Madiha se leva et Ranime s’approcha encore et échangea quatre bises avec elle. Comme toute belle mère, elle faisait son inspection traditionnelle, à travers le langage corporel, en laissant sa main caresser les cheveux la joue et puis l’épaule de sa future belle fille.
- Akram m’a dit que t’es du Sahel.
- Oui c’est exact ! murmura Ranime de sa voix timide.
Madiha, lui souriait en continuant.
- La femme de mon oncle est du Sahel, moi personnellement j’aime les gens du Sahel…
Ghada, intervenait odieusement.
- Quant à moi, je n’aime pas leur accent ! je n’arrive pas à les comprendre.
Ranime, blêmit sans rien dire. Depuis le jour où elle a partagé un diner avec Ghada et son époux, elle a senti comme une déconnexion ; une sorte de répulsion de sa part. C’était peut être dû à l’attention que portait Nader pour elle sous le regard jaloux de sa femme, qui a fait naître ce tragique atmosphère entre les deux filles.
Akram, gêné par les paroles de sa petite sœur, interférait.
- Le fait que tu ne mènes pas la belle vie maintenant, ne te donne pas le droit d’être méchante avec ma fiancée…
Ghada poussa sa chaise pour se lever puis en tenant sa tasse de café, sans épargner sa future belle sœur d’un regard hargneux.
- Elle n’est pas encore ta fiancée ! puis en fixant Ranime de ses yeux mi-clos, pétillants de malice. Fais comme chez toi ma chère ! puis en souriant, moi à ta place, je lui demanderai de me montrer sa maison de Hammamet, et d’un air persiflant, elle serait votre nid d’amour, n’est ce pas frérot ?
Il fit trois pas en titubant, et en traçant un faux sourire tentant de voiler en vain l’expression de pâleur qui a envahie son visage sur le champ.
- Je l’ai vendu, il y a deux ans.
Sa mère, emportée par une vague d’étonnement s’écria.
- T’as vendu la maison que ton père t’a construite ?
Ghada, comme contente, de l’ennui dans lequel elle l’a glissée continua sans se soucier de la présence de Ranime.
- Tu ne trouves pas bizarre qu’il prenne une telle décision sans nous avertir.
Sa mère, encore n’arrivant pas à digérer la lourde révélation que son fils ainé la lui a faite, surtout que son père a passé plus de 10années à la construire.
- Tu me déçois vraiment Akram ! et en haussant la voix, comment tu peux faire une chose pareille ?
Honteux d’avoir été absorbé d’une telle conversation devant Ranime, il disait.
- Je ne crois pas que c’est le moment idéal pour parler de ça devant ma copine.
Sa mère, le fixa avec des yeux de dément ; les pupilles dilatées par la colère et la rage et s’écria en s’en moquant de la présence de Ranime.
- Non, non, tu m’expliques illico pourquoi tu l’as vendu.
Transpirant de frustration, il balbutia comme un petit gamin.
- Je… je n’aime pas l’endroit, elle est un peu isolée, et je préférai du loin une villa au cœur du Hamamet…
Sa mère, lui coupa la parole en hurlant de colère.
- T’aurais pu aborder le sujet avec ton père ! et en s’approchant de lui, on t’aurait donné cette villa à Carthage et nous déménagé là-bas, de toute façon c’est ce que ton père, m’a fait comprendre il y a une semaine.
Avec un léger sourire d’énervement, il rajouta.
- C’est trop tard maintenant.
D’un regard obstiné, elle s’écria.
- Non, ce n’est pas trop tard ! tu vas racheter cette maison, et je t’aiderai financièrement si son nouveau propriétaire s’entête et refuse de nous la vendre ! et sans le quitter de son regard implacable, tu commenceras les négociations dès demain, je veux que tout revienne comme prévu, avant même que ton père ne m’aborde le sujet une deuxième fois.
Et en regardant sa file cette fois-ci.
- Je ne veux surtout pas que ton père l’apprenne.
Ghada traça un superbe sourire et dit en cherchant des yeux Ranime.
- J’espère qu’on ne t’a pas mise mal à l’aise à cause de notre conversation un peu tendue.
Ranime, releva la tête et murmura entre les dents.
- Non, je vais très bien…
Sans lui laisser le temps de développer sa phrase, Ghada s’écria.
- Et si on allait nous trois ce soir nous promener et diner à Hammamet, ça serait mieux que passer la soirée avec les deux vieux.
Sa mère, ne disait rien et se contentait d’injecter sa fille d’un regard désagréable puisqu’elle n’aimait pas qu’on lui dise qu’elle a vieilli. Quant à Akram, sous l’empire d’une colère froide, il rétorqua en détachant ses mots.
- De toute façon, je ne compte pas diner avec ma copine ici, on s’est mis d’accord d’aller faire un tour a Sidi bou et de diner là-bas.
A sa surprise, Ranime intervenait.
- Je veux bien qu’on aille nous trois faire ce tour ! et en échangeant un sourire avec Ghada, j’aime bien connaitre de prés ta sœur…
En s’agrippant aux paroles de Ranime, elle ajouta.
- On ira donc à Hammamet, et tu lui montreras ta maison du chott à la même occasion !
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Vers 21H à la maison du chott, Nader était dans son bureau. Il tentait depuis une bonne heure de rejoindre son partenaire, mais il trouvait toujours son gsm fermé. Sous l’emprise de la colère, il expédia le sien par terre qui se brisa en trois morceaux.
En entendant le bruit de cassure, Sondos poussa la porte.
- Cava ?
Puis en tombant sur le gsm brisé en trois pièces.
- Pourquoi l’as-tu jeté ?
Sans la répondre, il s’écria de son ton désagréable.
- Qu’est ce que tu veux maintenant ? je t’ai dit que je ne veux voir personne, surtout pas toi.
En collant le dos sur la porte, elle murmura.
- Je le sais t’as pas à me le répéter. Puis en mettant un bout de chewing gum dans la bouche. T’as un invité au salon.
- Un invité ? qui c’est ?
- Un homme que t’as attendu tant.
Sans se laisser emporter par une conversation inutile selon lui avec elle, il bondit de sa chaise et la poussa violemment avec son épaule en se dirigeant vers le salon.
Une fois là-bas, il entendit les rires du petit gamin, puis le voyait assis sur les cuisses d’un homme qui lui faisait des grimaces.
En reconnaissant Serguei le moustachu, il s’arrêta sur place et s’écria ni heureux ni fâché.
- Enfin te voilà ! je peux savoir où tu te cachais tout ce temps là ?
Le grand homme déposa le petit doucement sur le canapé, alluma une cigarette et dit en s’approchant de Nader, tout en lui tendant la main.
- Tu ne me souhaite pas la bienvenue, frérot ?
Un peu hésitant, Nader lui serra la main et continua.
- Je t’ai laissé des milliers de messages…
Sergei, lui coupa la parole froidement.
- J’étais en mission ! et pour ma sécurité j’ai désactivé mon numéro de tel. Et en traçant un sourire de psychopathe, mais dès que je l’ai réactivé, je suis venu. Et en tournant la tête vers le gamin, et d’après ce que j’ai compris, tu veux que je te fournisse des faux papiers pour le petit.
Nader secoua la tête pour dire oui et au moment, où il ouvrit la bouche pour parler, Segei continua son développement.
- Tu sais très bien que c’est une opération très risquée, et surtout, non fructifiante pour nous deux.
Nader le suivait d’un regard ferme et s’interrogea.
- Où vous voulez en venir Sergei ?
L’homme Russe, souriait méchamment et s’expliqua.
- Tu veux te débarrasser du gamin, on s’en débarrassera mais on n’est pas obligé de le garder en vie pour ça.
Tout pâle et sous le poids de la surprise, Nader s’écria.
- Tu veux qu’on tue le gamin ? et en se moquant, et comment le fait de le tuer, pourra nous porter de l’argent ?
L’homme d’un regard endiablé suivit le petit gamin, qui jouait avec le coussin, et dit à voix basse.
- C’est un petit garçon en bonne santé et je connais des amis qui peuvent nous offrir une belle somme pour l’avoir. Et en riant, de toute façon, ce n’est pas nous, qui allons salir nos mains. Nous on vend le gamin, et eux font le sale boulot.
Du choc, Nader s’effondra sur la première chaise qui tomba sous son regard et balbutia de frustration.
- Tu veux vendre le gamin à des trafiquants d’organes ?
Segei s’approcha de lui et en posant sa lourde main sur son épaule.
- C’est du bon business, mon ami et puis personne ne semble connaitre le petit ni le chercher donc sa disparition ne nous causera pas le moindre problème par contre elle ne serait très bénéfique ! et sans clignoter des yeux il continua, tu auras la moitié de la somme reçue ! à toi de voir maintenant !