La vie quotidienne est encore très difficile à Berlin où le marché noir bat son plein. On échange, on troque, on passe encore sans obstacle d’une zone à l’autre … et surtout, on attend l’annonce imminente de la réforme monétaire prévue à l’Ouest qui permettra de remplacer les vieux reichsmarks par des deutsche marks. Une décision qui irrite au plus haut point les Popovs …
Oppenheimer et son équipe sont appelés après la découverte de restes humains dans la Spree … une jambe puis des viscères. Plus tard, on retrouve des cadavres recousus comme des puzzles, bourrés de paille, reconstitués à la manière de Frankenstein. Plusieurs cadavres, donc un tueur en série, très malin, très violent.
Alors que la canicule s’installe, les Soviétiques coupent toutes les voies d’approvisionnement de la capitale enclavée : ainsi commence le blocus de Berlin. Le reste des investigations, riches de surprises pour les enquêteurs, se fera sous le vacarme incessant des avions cargos alliés qui fourniront jusqu’au 12 mai 1949 tout ce qui est indispensable à la nourriture et à l’énergie de la population.
Et, naturellement les autorités policières se divisent en deux secteurs et s’interdisent de collaborer. Notamment sur cette enquête. Il est encore possible de traverser la ligne de partage de la ville, mais on sent s’appesantir les effets de la Guerre froide … qui trouvera son point culminant en 1961 avec l’érection du Mur.
Richard Oppenheimer, bientôt muté à l’Ouest, continue la traque. Mais le tueur a encore bien des tours sans ses sacs de débris humains. Le suspense et les retournements inattendus font irruption dans l’intrigue jusqu’au bout, dans une ambiance étouffante et sans disposer de beaucoup de moyens.
Un thriller une fois encore passionnant. Oppenheimer est un policier plein de ressources et fort sympathique.
De sang et d’acier – Luftbrücke – polar historique d’Harala Gigbers, traduit de l’allemand par Joël Falcoz, édité chez Calmann Levy Noir, 410 p., 22,90€