L'IA creuse un fossé générationnel

Publié le 03 septembre 2023 par Patriceb @cestpasmonidee
Ce n'est pas réellement une surprise mais une enquête de RBC – qui a créé un véritable centre de recherche et développement autour de l'IA, baptisé Borealis AI – confirme que les jeunes générations sont beaucoup plus susceptibles que leurs aînées de faire confiance à l'intelligence artificielle pour les aider avec leurs finances personnelles.
Les avantages de la technologie bénéficient ainsi d'une perception largement positive dans la tranche des 18 à 34 ans, par exemple pour l'anticipation des mouvements de trésorerie, l'automatisation de l'épargne et autres conseils contextuels, voire les rappels de factures. Ces résultats laissent entrevoir une adoption importante à court terme, qui, selon un responsable de la banque, peut contribuer à restaurer l'égalité des chances face aux lacunes d'éducation financière pénalisant aujourd'hui de nombreux canadiens.
En revanche, les individus plus âgés ne profiteront pas de l'aubaine, du moins pour l'instant. Seuls 38% des 35-54 ans et 11% des plus de 55 ans se déclarent en effet ouverts à l'idée de recourir à l'avenir à des services propulsés par l'IA afin de les assister avec leurs questions d'argent. Les mêmes réticences s'expriment d'ailleurs avec les outils disponibles maintenant, tels que la solution Nomi de RBC. Il est vrai que la littératie financière progresse avec la maturité, rendant ces options moins indispensables.
Autre enseignement majeur de ce sondage, la méfiance envers les facultés de l'intelligence artificielle est la règle, puisqu'elle concerne trois quarts des répondants. Cependant, les réactions sont extrêmement contrastées entre ceux qui sont plutôt bien informés sur le sujet (qui sont plus d'une moitié à envisager une utilisation future) et ceux qui ne le sont pas (dont 16% seulement pensent s'en emparer). La conclusion, évidente, à tirer de cette observation est l'impératif pour les banques d'expliquer leurs approches.
Cependant, quelles que soient les hésitations, probablement temporaires, il faudra surtout retenir de l'étude la tendance inéluctable vers l'adoption de compagnons virtuels intelligents pour un pilotage proactif personnalisé de la vie financière des consommateurs. Les plus jeunes sont naturellement en pointe mais l'histoire a démontré que la propagation d'une innovation dans la pyramide des âges pouvait être rapide.
Les établissements qui persistent à croire que leur simulacre de conseil humain en agence (souvent de la vente forcée à peine déguisée) est la panacée devraient prendre la mesure de l'erreur qu'ils commettent car ils verront bientôt émerger une concurrence extraordinaire sur ce terrain prometteur, à la fois de la part d'acteurs de l'industrie plus visionnaires et audacieux mais également en provenance des géants du web, qui maîtrisent la technologie, et d'une puissante vague à venir de startups disruptives.