La Reine des Villes, la Ville des Villes, la Porte de la Félicité,… Les qualificatifs les plus élogieux n’ont pas manqué, au cours des siècles, pour désigner Byzance, Constantinople ou Istanbul. Ville impériale s’il en est (successivement capitale des Empires Romain, Byzantin, Latin et Ottoman), métropole polymorphe et englobant, si elle a change de nom au cours de ses quelques 1700 années d’histoire mouvementée, la fascination qu’elle suscite, elle, est restée intacte.
A cheval sur deux continents, Istanbul demeure le pôle culturel et économique de la Turquie.
La ville est traversée en son coeur par le majestueux Bosphore, détroit de 32 km de long qui sépare l’Europe de l’Asie.
La partie européenne, où vivent près des deux tiers des stambouliotes, est coupée en deux par la Corne d’Or, une ria de 7 km formant un port naturel à l’abri des courants violents du Bosphore.
Istanbul ne cesse de charmer le visiteur.
En effet, comment rester insensible à ses ruines séculaires, à ses saveurs exotiques, à ses multiples contrastes ? Un seul coup d’œil sur trésors d’architecture byzantine et ottomane comme les palais des sultans et les mosquées vieilles de 1 500 ans suffit pour comprendre combien Istanbul est particulière.
Istanbul est faite de métissages entre influences Européennes, Asiatiques, Arabes, Assyriennes, Arméniennes, Grecques, musulmanes et chrétiennes, qui lui confèrent à la fois une richesse singulière et un petit air de microcosme. De fait, il est difficile, pour la plupart des expatries, de s’y sentir véritablement dépaysés, ou ne pas réussir à apprivoiser la ville, tant les facettes qu’elle offre a voir sont variées. Au fil du Bosphore, on balance entre Orient et Occident, entre tradition et modernité, cheminant tantôt dans des quartiers aux allures villageoises, tantôt dans une métropole du XXIème siècle, tentaculaire et insomniaque. Sa silhouette, reconnaissable entre toutes, faite de longs minarets qui se découpent au sommet des collines (le mythe veut que Byzance ait été fondée autour de sept collines, comme Rome), de coupoles de marbre et de plomb, de murailles, de tours et de gratte-ciels, vous semblera vite familière.
Aujourd’hui, la mégalopole du Bosphore s’est lancée dans une course folle à la modernité qui se traduit par une politique de grands travaux. Partout, des quartiers futuristes hérissés de grattes-ciel et truffés de « malls » géants sortent de terre : tournant résolument le dos aux clichés orientalistes qui ont forgé sa légende, l’ancienne Constantinople s’invente un nouveau destin.
Que voir ? Que faire ?
Basilique Sainte-Sophie
Face à la Mosquée bleue se dresse, la Basilique Sainte-Sophie, l’une des gloires de l’Empire byzantin et qui demeura pendant 700 ans le plus grand édifice religieux de la chrétienté.
Elle veille sur la vielle ville d’Istanbul comme une gigantesque grenouille avec son dos arqué et ses pattes épaisses. Ses reflets rouges et ses quatre minarets ajouté à l’édifice durant l’époque ottomane, modèlent depuis 1 400 ans la silhouette de la ville, faisant de cette basilique un véritable symbole d’Istanbul.
Baptisée Haghia Sophia qui signifie en grec la « Sagesse divine » la première basilique fut élevée au IV siècle par l’empereur Constantin après sa conversion au christianisme. Détruit par un incendie, ce premier édifice fut reconstruit en 415 par l’empereur Théodose II. Mais en 532, l’église disparut à nouveau lors de la sédition Nika, célèbre insurrection contre l’empereur Justinien. Ce dernier décida alors d’élever sur les fondations un sanctuaire digne de la Nouvelle Rome, capable de surpasser le temple biblique de Salomon. Pour ce faire il fit venir les matériaux les plus précieux, pillant les cités antiques de Dephes, Athènes et Ephèses, et fit appel à deux plus grands architectes de l’Empire byzantin, Anthémios de Tralles et Isidore de Milet.
Moins de six ans après le début du chantier – qui mobilisa au moins 10 000 ouvriers – l’inauguration eu lieu le 26 décembre 537. Cependant le dôme, trop large, s’écroula dès 558 lors d’un violent séisme. On réduisit son diamètre, mais on rehaussa la coupole de 6 m.
Après la prise de Constantinople, par les Ottomans, le 29 mai 1453, le sultan Mehmet II fit transformer la basilique en mosquée.
A l’intérieur, on peut admirer de superbes mosaïques byzantines.
Bazar égyptien
La construction du Bazar égyptien a été commencée en 1597 sur ordre du sultan Safiye. Il a été créé pour les marchandises venues d’Egypte.
Aussi appelé marché aux épices, il doit son nom à la multitude d’aromates et d’épices vendues dans les échoppes.
Très touristique, les visiteurs seront enchantés par les couleurs bariolées d’une foule de poudres, d’herbes et de graines. Même les plus avertis pourront découvrir des épices inconnues.
Mosquée Bleue (Sultanahmed Camii)
La Mosquée Bleue à Istanbul impressionne. Ses coupoles s’amoncèlent sur trois niveaux et aucun autre bâtiment religieux ne peut se targuer de posséder six minarets. Pour expier ce péché de grandeur, un minaret supplémentaire fut construit à la Mecque.
La mosquée Sultanahmet fut érigée sur le site de l’ancien Grand Palais byzantin, par un disciple de l’architecte Mimar Sinan au début du XVIIe siècle.
Elle doit son nom à son fondateur le sultan Ahmet Ier, et son surnom à ses 20 000 carreaux de faïence bleue d’Iznik.
Le parvis de la mosquée, construite en face de la basilique Sainte-Sophie, étonne par sa grandeur. Il est cerné de murs sur trois côtés formant des arcades. Trois portails donnent accès à la cour pavée de marbre, aussi vaste que l’intérieur de la mosquée. Au centre de la cour se trouve une fontaine de purification de forme hexagonale, entourée de six colonnes en marbre.
L’intérieur est dominé par le bleu des innombrables carreaux faïence bleu-vert, le rouge profond des tapis et la douce lumière diffusée par les immenses lustres qui descendent de la coupole.
Cette mosquée est un chef-d’oeuvre de l’architecture ottomane.
Mosquée neuve ou Mosquée de la Sultane-mère
La Mosquée neuve ou mosquée de la Sultane-Mère s’élève face au pont de Galata et des embarcadères d’Eminönü.
Commencée en 1597 par la valide Safiye, mère de Mehmet III, elle fut achevée sous Mehmet IV en 1663.
Le résultat est un harmonieux étagement de dômes et de coupoles, limités par deux minarets, encerclés chacun par trois balcons sculptés. La mosquée est posée sur un socle, et on accède à la belle cour à portiques qui la précède par un large escalier.
Au centre de la cour se dresse une admirable fontaine aux ablutions de forme octogonale.
Aujourd’hui sa fonction est uniquement décorative. En effet, comme dans la plupart des mosquées, des robinets d’eau courante ont été installés le long d’un des murs.
A l’intérieur, la salle des prières est décorée de faïences du XVIIe siècle.
Obélisque de Théodose
L’obélisque de Théodose est égyptien. Il fut élevé par le pharaon Thoutmosis III à Karnak au XVe siècle av. J.-C. avant d’émigrer à Constantinople en 390.
Endommagé lors de son transport, l’ouvrage a perdu sa base : la partie visible est le tiers supérieur, haut de 20 mètres, posé sur quatre gros cubes de bronze.
Sur le socle en marbre des bas-reliefs byzantins représentent l’empereur Théodose Ier et sa famille, assistant notamment à une course de chars et à l’érection de l’obélisque.
Palais de Dolmabahçe
Au nord de la rive européenne, tourné vers le Bosphore, le Palais de Dolmabahçe à Istanbul fut au XIXe siècle le principal centre administratif de l’Empire ottoman; six Sultans y résidèrent avant qu’il ne devienne la propriété de la jeune République turque.
Gigantesque il présente un style néoclassique mâtiné d’éléments baroques et rococo : pour replonger dans l’ambiance fastueuse et un brin « fin de siècle » des dernières décennies d’un monde dont la chute allait recomposer le monde.
D’une surface de 15 000 m2, le palais abrite 285 pièces et se répartit en trois sections : gouvernement, réception et harem.
La décoration opulente et pour le moins chargée est l’oeuvre du Français Sechan, à qui l’on doit celle de l’Opéra Garnier.
Le mobilier et les éléments décoratifs, d’une richesse inouïe, comptent des lustres en cristal de Bohême, de Baccarat et de Murano, des tapis de soie d’Hereke, des porcelaines et des horloges du monde entier.
Palais de Topkapi
A l’extrémité ouest de Sultanahmet, dominant la Corne d’Or, le Bosphore et la mer de Marmara, l’ancien sérail impérial occupe un site de rêve, à l’emplacement d’une ancienne acropole antique. Converti en musée en 1924 et classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985, il dévoile désormais au monde ses trésors, ses cours ainsi que son harem, un lieu autrefois inaccessible.
Pendant plus de quatre siècles, le Palais de Topkapi fut le centre du pouvoir ottoman. Le chef spirituel et politique des Musulmans, vivait ici entouré de sa famille et de son harem. C’est aussi le lieu où l’on réglait les affaires juridiques de l’empire, où les hauts dignitaires étaient formés et l’élite militaire des janissaires logés.
Son nom signifie « la Porte du canon ». Sa construction a débuté en 1462 et s’est achevée en 1478.
Il fut la résidence du sultan ottoman jusqu’en 1855, époque à laquelle Abdul Meçit préféra résider dans le nouveau et somptueux Palais de Dolmabahçe. Seules les femmes des sultans déchus ou défunts restèrent dans l’ancien sérail.
On pénètre dans ce palais par la porte centrale dite aussi « Porte du Salut ».
Construite en 1524 sous Soliman le Magnifique, cette porte est flanquée de deux autres portes de plan octogonal où l’on gardait les prisonniers condamnés à mort. Seul le sultan pouvait traverser cette porte à cheval; tous les autres devaient passer à pied.
Les cours
On débouche ensuite sur la première cour, la « cour des Janissaires » où s’alignent, sur la droite un poste de garde, les appartements des domestiques, l’hôpital du palais et les vestiges d’un four à pain.
On pénètre dans la deuxième cour, la « cour des Cérémonies » par la porte du Salut. Avec ses longues allées ombragées de cyprès, la cour évoque plutôt un jardin. Centre de la vie publique du palais, elle a gardé son aspect original, avec d’élégantes façades blanches parées de colonnades en marbre. C’est là que le sultan passait en revue ses janissaires, son meilleur corps d’armée, devant des milliers de personnes dans un silence absolu. Les vizirs se rendant au conseil passaient devant la pierre aux décapitations, dite « pierre de l’avertissement ».
Les cuisines impériales, dix vastes pièces reconstruites par Sinan après l’incendie de 1574, occupent l’aile droite de la cour où 1 200 cuisiniers travaillaient à l’époque. Désormais, il est exposé une remarquable collection de porcelaines de Chine, la troisième au monde après celles de Pékin et de Dresde. Grands amateurs de porcelaines, les sultans rassemblèrent également d’exquises pièces de France (Limoges, Sèvres), de Russie et de Saxe (Meissen).
L’accès à la troisième cour se fait par la porte de la Félicité qui s’ouvre sur le pavillon des Audiences du sultan, décoré de faïences. La structure date de Selim Ier, mais seuls le magnifique dais du trône et la cheminée dorée ont survécu à l’incendie de 1856. Au centre de la cour trône l’élégante bibliothèque d’Ahmet III, tandis que près de la sortie du harem, se dresse la mosquée des Ağalar, décorée de faïences d’Iznik. Elle abrite une remarquable collection de manuscrits turcs, arabes et persans.
Dans l’aile droite, vous pourrez admirer le trésor de Topkapi, dont les salles, parmi les plus belles du palais, sont inhabitées depuis le XVIIe siècle. Elles rassemblent aujourd’hui les splendides cadeaux offerts aux sultans par les princes et empereurs de Chine, de Russie et des cours européennes; admirez notamment les quatre trônes incrustées de pierres précieuses – celui de Murat III, en or massif, pensant 250 kg – une énorme émeraude de 3,26 kg, un assortiment de 50 diamants, dont le célèbre Pigot aux 58 facettes et de nombreux objets précieux : poignards ciselés, berceau en ord du XVIIIe siècle, vases en cristal de roche, chandeliers en or de 48 kg incrustés de 6 666 diamants, et reliques de saint Jean-Baptiste.
Au nord-ouest de la cour, la salle des Reliques abrite les épées des quatre premiers califes ainsi que les reliques du Prophète Mahomet. Le pavillon s’ouvre au nord par un portique donnant sur une ravissante terrasse en marbre, agrémentée d’un bassin et d’une fontaine, d’où la vue est superbe. A chaque extrémité se dresse un élégant pavillon : le kiosque de la circoncision et le Revan Köşkü, bâti en 1636 par Murat IV pour commémorer la prise d’Erevan sur les Perses.
La quatrième cour est un véritable jardin d’agrément, elle s’étend sur plusieurs niveaux et est ponctuée de plusieurs kiosques.
A l’angle nord-ouest du jardin des tulipes, le luxueux kiosque de Bagdad élevé par Murat IV pour célébrer la prise de Bagdad en 1638, ses portes et ses fenêtres sont garnies de bois précieux incrustés de nacre.
Sa terrasse offre une magnifique vue sur le Bosphore et la Corne d’Or.
Le kiosque de Mustapha Pacha, un bel exemple du rococo turc renferme un brasero offert par Louis XV à Mahmut Ier.
Enfin le kiosque d’Abdülmacit, bâti par un architecte français en 1840 et dernière adjonction au palais abrite un agréable restaurant en terrasse dominant le Bosphore.
Le harem
Hormis les épouses et concubines du sultan, seules les esclaves chrétiennes, vierges et de grande beauté avaient l’honneur d’être recluses au harem, quartier secret, interdit aux hommes et surveillé par des eunuques noirs d’Egypte.
Bâti sous Murat III à la fin du XVIe siècle, et presque entièrement reconstruit après l’incendie de 1665, le harem est postérieur au palais primitif. Près de 500 personnes y vivaient dans des pièces sombres, souvent très petites et sans fenêtre. L’ensemble s’organise autour de deux patios : celui des eunuques et celui des femmes, où se situaient le salon et la chambre du sultan.
Dès 300 pièces que recèlent ce labyrinthe, seule une trentaine restent ouvertes au public, sans l’ameublement d’origine. Vous aurez néanmoins un aperçu du harem.
L’entrée s’ouvre sur un corridor pavé de galets. La petite cour des Kadin précède la cour de la Valide, centre névralgique du harem, sur laquelle s’ouvre le vaste salon du Sultan lieu de divertissement du souverain.
Plus loin, le souverain accueillait ses favorites dans la salle de la Fontaine.
Le salon de Murat III, certainement l’un des plus beaux, présente des faïences d’Iznik et une cheminée en bronze.
Les deux chambres des Princes, aux superbes carrelages, devaient servir à l’étude des jeunes sultans.
La visite s’achève par la cour des Favorites, dont les appartements à l’étage furent habités jusqu’en 1909.
Ce palais souligne cette délicatesse orientale, prolonge les rêves d’antan et nous plonge dans ce passé fantasmé.
Parc de Gülhane
D’une superficie de plus de 16 hectares, il formait initialement le quatrième jardin du palais de Topkapi.
Il s’agit du plus ancien parc de la ville ottomane, déserté par les sultans lorsqu’ils quittèrent Topkapi, mais réhabilité à présent et ouvert au public depuis 1980.
On peut se promener dans de belles allées.
Büyükada
Büyükada est une île hors du temps, interdite aux voitures. Elle est la plus grande des neuf îles constituant les îles des Princes, dans la mer de Marmara, à proximité d’İstanbul.
Ecrin de verdures et de somptueuses villas.
Ces maisons ont toutes été construites au milieu du XIXe siècle en bois travaillé comme de la dentelle.
Se sont les minorités du pays (Grecs, Arméniennes, Juives) et de riches commerçants qui ont transformés l’île avec une surenchère à la belle maison.
Aujourd’hui, l’île est toujours habité par différentes communautés.
Sur la place du village, des cochers en embuscade proposent un tour de l’île.
Il y a aussi des loueurs de VTT autour de la place de l’Horloge ou vous pouvez préférer plus simplement découvrir l’île à pied.
En toute saison, cette île est pleine de charme.