Une fille atypique est un manga en 12 tomes paru dans Comic Days (seinen) créé par Sôhachi Hagimoto et Renji Morita entre 2018 et 2020. Il aura fallu un peu de temps pour qu’un éditeur, en l’occurrence Pika, tente de l’éditer en France. Le trouble du spectre autistique (TSA) est un souvent représenté, mais de façon assez fantasque. Chacun se fera une idée, mais c’est souvent caricaturé pour en faire une série ou un film prenant à regarder. Pourtant la réalité est beaucoup plus terre à terre loin de l’imaginaire et des fantasmes. Depuis quelques années, beaucoup de jeunes enfants sont diagnostiqués et on se penche enfin sur les diag des femmes. Longtemps, on a cru que seul les garçons pouvaient être autistes. La réponse est non bien entendu.
C’est quoi l’histoire ?
Seijin Gesui est un jeune mangaka amateur. Il partage son temps entre l’écriture et le dessin de ses œuvres, et son petit boulot de livreur de journaux. De nature introvertie, ses journées se suivent et se ressemblent jusqu’à la visite d’une fan du nom de Megumi Saitô. Subjuguée par l’un de ses mangas disponibles sur internet, elle tenait à faire sa rencontre. L’histoire serait simple s’il ne s’agissait que d’une simple groupie, mais Seijin découvre rapidement que vivre est un combat de tous les jours pour Megumi…
Trouble du spectre de l’autisme
Megumi Saitô débarque chez son mangaka préféré pour squatter son appartement. Littéralement. Bon, lui ça n’a pas l’air de lui poser de problème. Elle s’assoit et le regarde dessiner. Perso, j’aurais appelé les flics, mais on le rappelle c’est une fiction, ceci est pour le bien le l’histoire. Alors qu’elle vit chez lui sans autre raison que d’aimer son travail, il va apprendre à la connaître et surtout à connaître son TSA. Il va l’aider dans son combat de tous les jours et s’attacher à elle. Lui-même présente des troubles, mais moins lourds. Il est incapable de regarder quelqu’un dans les yeux et ils auront une discussion à ce sujet.
C’est une fiction qui tente, parfois maladroitement, une représentation moins fantasmée et plus réaliste de l’autisme. Et c’est en ça que je lui tire mon chapeau. Parce que pour faire une fiction intéressante, il faut grossir le trait et donc déformer la réalité. Mais la réalité est souvent bien terre à terre et peu propice à des histoires extraordinaires. On peut critiquer la façon dont est représentée Megumi, personnellement j’y vois plus des troubles masculins que féminins. L’auteur est lui-même autiste et ça se sent, mais c’est dommage pour le coup d’avoir utiliser une héroïne. Mais ce qui est décrit est vrai. Un grand merci à l’éditeur d’avoir inclus des explications sur divers symptômes : Intérêts spécifiques ou les crises autistiques.
TSA
J’avais eu des échos sur une certaine scène avec le chien, il est vrai que les autistes surtout féminines sont plus souvent à l’aise avec les animaux et que sa réaction a pu choquer. Mais elle a des antécédents qui peuvent expliquer son geste ce n’est pas gratuit. La scène où elle se scarifie est peut-être un poil mal amenée. Le manga n’est pas sans défauts, surtout sachant que le sujet est sensible.
On peut tout critiquer que ça nous ressemble ou pas, personnellement, j’en suis loin, mais c’est déjà plus réaliste que des séries comme Profilage ou HPI. Non, tous les autistes ne sont pas HPI. Non, tous les enfants turbulents ne sont pas TDHA. Nous on n’est pas forcément « timide » parce qu’on est une fille, il y a parfois plus à gratter sous la surface.
Autisme et fiction
L’autisme est un trouble mainte fois abordé dans la fiction, mais de façon controversée car souvent caricaturale et clichée voire totalement irréaliste (Rain man, The good doctor, HPI etc.). Pendant des décennies les familles d’enfants autistes se sont heurtées à l’incompréhension et à l’abandon des médecins. Ce n’est que depuis quelques années qu’on a compris que c’était un spectre avec des points communs, mais qui touchent différemment chaque personne.
Longtemps on a aussi cru que les femmes n’étaient que très peu concernées, ce qui est évidemment totalement faux. L’avancée des recherches va vite, on a abandonné le terme Asperger car il n’englobe pas tous les types d’autisme. Car oui, on est pas tous pareil. Des différences entre les hommes et les femmes, TDHA, HPI, beaucoup de termes qui s’entrechoquent. On peut être autiste et renfermé, autiste et hyperactif. Ça peut se voir ou au contraire ne pas se voir du tout. L’essentiel étant de se dire qu’on est pas fou, on est pas con, et que je le problème c’est pas nous mais ce qu’on nous demande d’être dans la société. Si vous avez besoin de l’aide d’un psychologue faites vous diagnostiquer. Mais ce n’est que la 1re étape et ça ne veut pas dire que tout va se terminer comme par miracle.
Une fille atypique présente des personnages plus proches de la réalité. Megumi Saitô est diagnostiquée, mais elle n’a pas la vie facile et cumule beaucoup de symptômes ainsi que des TSPT (troubles du stress post-traumatique). Le ton est sérieux, voir un peu trop du coup on a cette impression que l’autisme n’est vu que par un prisme négatif. Il faut espérer que ce n’est que pour le début et que petit à petit à y verra les côtés positifs.
Je ne suis pas forcément des dessins, cependant le scénario prend vite le dessus. Je suis très intriguée par la suite d’Une fille atypique et ainsi lire l’évolution que son auteur va donner à Megumi.
Public : pour public averti comportant des scènes pouvant heurter la sensibilité. TW : automutilation, tendances suicidaires.
Service presse
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