Le jardin médiéval du château de Mayenne (53)
Par A Bride Abattue
@abrideabattue
J’ai beaucoup apprécié le jardin médiéval du château de Mayenne dont il embellit la haute cour. Il est présenté comme étant médiéval mais il dégage une forte modernité.Certes, les
plantations sont organisés en carrés et les bordures sont tressées comme on le faisait au Moyen-âge. On y trouve un grand nombre de plantes médicinales comme la camomille romaine, symbole d’immortalité, ou bien encore l’armoise, qui apportait de la chance aux jeux et éloignait la maladie.Mais aussi des plantes aromatiques comme le thym, la menthe poivrée, la lavande ou le laurier qui sont encore les grands classiques de toujours en cuisine.Le jardin est d’inspiration médiévale, car il a été imaginé de nos jours à partir de documents historiques sur les plantes et jardins du Moyen Âge. Les plantes sont voyageuses, Gilles Clément l’explique dans ses livres. Je n’ai donc pas été étonnée que certaines s’étaient échappé de leur bac et fleurissaient loin de la pancarte d’identification comme les gauras.Une pancarte annonce le réséda (dont je ne sens pas l’odeur fade comme l’écrivait le poète et pour cause, je ne reconnais pas les grappes blanches de la plante). Il ne suffit pas d’arroser et de désherber pour entretenir un jardin. Il faut aussi régulièrement vérifier que sont les plantes devenues …Les grandes touffes de
fenouil bronze (ci-dessus) embaument. Je reconnais des plantes médicinales qui ont de toute évidence une forte légitimité à avoir été plantées là comme
le souci, le bleuet, la verveine, le romarin, la menthe piperita (poivrée), la sauge, la lavande, le laurier, l’anémone pulsative (et sa jolie graine chevelue, ci-dessous),
la rhubarbe.
Ou encore la valériane officinale (ci-dessous) aux vertus apaisantes, mais non recommandée aux femmes enceintes.C’est Philippe Madec qui l’a imaginé de manière à valoriser l’espace qui recouvre le site des fouilles archéologiques. Il permet aussi de créer un lien entre le parc, la haute cour et le musée. Le jardin a été conçu par l’agence paysagiste Mutabilis (principe, organisation, essences…) et il est géré par le service des Espaces verts de la ville de Mayenne. Les plantes sont organisées en espaces cultivés sur 5 allées et un parterre attenant à la muraille.J’ai admiré la beauté des rudbeckias. Le seul ennui est que ce ne sont absolument pas des plantes qu’on aurait pu voir en France au Moyen-âge puisqu’elles n’ont été connues que grâce au botaniste anglais John Tradescant qui en reçut un pied d’un colon canadien-français au début du XVII°. Mais il est vrai qu’elles sont extrêmement décoratives. On comprend que le paysagiste les ai retenues en version jaune et rose (ci-dessous) aussi dont le nom latin est Echinecea comme le mentionne leur pancarte.Par contre, aussi belle qu’utile, quoique très envahissante, voici l’égopode podagraire, appelée aussi herbe aux goutteux (ci-dessous), petite angélique ou herbe de Saint Gérard qui est une plante herbacée vivace, glabre, de la famille des Apiaceae. Elle apprécie les lieux frais et ombragés. Ses feuilles froissées ont une odeur qui évoque celles du céleri, de la carotte ou du persil. Elle est comestible mais il n’est pas prouvé qu’elle soit un remède efficace contre les rhumatismes. Et de plus elle est photosensibilisante chez certaines personnes.A cote, les fines fleurs roses vif de la verveine officinale contrastent devant le massif d’iris. Par contre il faut se méfier de la beauté des petites ombelles de la Verveine de Buenos Aires qui, elle, n’est pas du tout comestible. Elle est très souvent associée aux fleurs blanches ou rosées des gauras qui sont originaires du Texas et du sud de la Louisiane, qu’on ne connaissait pas au Moyen-Age en France, Et c’est ce qu’on constate dans ce massif qui présente aussi l’avantage d’être composé de plantes qui résistent très bien à la sécheresse.On voit aussi, en mauvais état peut-être en raison des dernières fortes chaleurs, l’Acanthus mollis (ci-dessous) devant un espalier de pommiers. C’est la forme dentelée de ses feuilles qui inspira régulièrement les architectes, en particulier les grecs pour orner les chapiteaux corinthiens, et plus tard les cathédrales romanes. Ses hautes tiges fleuries sont très décoratives.L’exercice imposant de respecter rigoureusement le choix de plantes existant à l’époque médiévale est difficile et restreint les possibilités car on cultivait surtout des légumes (qui sont rarement retenus dans les jardins d’ornement, peut-être par crainte que le visiteur ne se serve) et les aromatiques. On plantait « utile » et on appréciait par exemple l’ortie pour en faire de la soupe. Mais certaines peuvent combiner les avantages, comme la sauge dont le feuillage est vert céladon, les lys souvent somptueux et les pivoines, ou la rose de Damas, si odorante, qui fut ramenée de Syrie par les Croisés vers 1254 pour être d’abord installée à Provins.Enfin je signale aux amateurs d’horticulture qu’il existe au moins un autre jardin médiéval en Mayenne, celui de Lassay-les-Chateaux, au nord-est du département, et un autre à Château-Gontier, tout au sud.