Coupe du monde. Démotivé et malade, Magnus reste Magnus

Publié le 27 août 2023 par Tarswelder

 Ce mois d'août s'est tenue la Coupe du monde d'échecs à Bakou en Azerbaïdjan. L'occasion de se qualifier pour le tournoi des candidats -qui aura lieu en avril prochain à Toronto- pour 3 joueurs et pour 3 joueuses -il y avait aussi l'édition féminine-. Et pour Magnus Carlsen de remporter le seul titre qui manque à son palmarès.

Le format.


C'est un système coupe à élimination directe. Chaque tour se joue sur deux parties longues. En cas d'égalité, on dispute des départages en cadence rapide.

Chez les hommes on note la présence de deux "touristes" : Magnus Carlsen, le numéro un mondial, mais qui renoncera à une qualification au tournoi des candidats quoi qu'il arrive et Ian Nepomniachtchi ; ce dernier est déjà qualifié pour le prochain tournoi des candidats en tant que vice-champion du monde.

Chez les femmes, on notera la présence de la championne du monde Ju Wenjun, qui vient de défendre son titre quelques semaines plus tôt ainsi que d'Aleksandra Goryachkina , Katerina Lagno (Russie toutes deux) déjà qualifiées pour le tournoi des candidates toutes les deux.

Si on compte les absences, chez les hommes Alireza Firouzja n'a pas participé pour la France. D'ailleurs, on peut observer l'absence des joueurs arméniens (merci Europe Echecs de l'avoir mentionné) car on n'y avait pas fait attention. Et ça ne dérange pas la FIDE.

Chez les femmes.


On commence par la Coupe du monde féminine. Elle a vu disparaître assez vite une des candidates au titre mondiale, la Russe/Suissesse Alexandra Kosteniuk. Par contre les demi-finales ont qualifié Goryachkina, ce qui assure la qualification au tournoi des candidates pour les trois autres. A savoir Anna Muzychuk (Ukraine)-qui a dû éliminer sa soeur Marya ancienne championne du monde-, la Chinoise Tan Zhongyi -ancienne vice-championne du monde-. Elles faisaient partie des principales favorites au ticket ontarien. Mais la sensation est venue de la jeune Bulgare Nurgyul Salimova (classée 29ème du tournoi). Cette année, elle avait terminé deuxième du championnat de Bulgarie mixte. Elle confirme sa progression en atteignant la finale, qu'elle perd contre Goryackhina en prolongation. Petite déception avec la sortie de la championne du monde Ju Wenjun, par l'expérimentée allemande Elisabeth Paetz en 1/8ème de finale.

Chez les hommes (car même si c'est mixte -enfin presque- aucune femme n'a participé au tournoi).

On attendait un Magnus Carlsen à la recherche du seul tournoi majeur qui manque à son palmarès. Et le numéro un mondial a répondu présent. Mais il a eu de la chance : contre le jeune allemand Vincent Keymer, il gaffe dans la première partie et perd. Dans la seconde, il met la pression et fait craquer l'Allemand. En prolongation, il rate même le gain mais finit par passer. En demi-finale contre l'Azérbaïdjanais Abasov, il administre une vraie leçon puis laisse échapper la partie et manque de perdre.

Voici mon analyse d'une partie gagnée en 1/8ème de finale contre Berkes.


Carlsen n'aime plus les parties aussi longues et il semble s'ennuyer. En plus, une intoxication alimentaire a plombé la fin du tournoi. Mais pourtant, il gagne. Il bat en finale le jeune prodige indien Praggaanandhaa (oui oui) en prolongation. Et comme Carlsen a renoncé à sa place qualificative, les deux demi-finalistes malheureux seront aussi des candidats. D'abord le surprenant Abasov et ensuite l'Américain Fabiano Caruana, qui atteint rapidement son objectif. Par contre, dans les déceptions on citera les sorties de route rapides d'Anish Giri, de Maxime Vachier-Lagrave, de Wesley So (miraculé deux fois, la troisième n'est pas passée), l'élimination d'Hikaru Nakamura par "Pragg" ou bien la sortie peu convaincante de Ian Nepomniachtchi, qui a du mal à retrouver la motivation pour le moment. Les Indiens avaient envoyé 4 joueurs en quarts de finale : un seul s'en est sorti (Pragg qui a sorti son compatriote Erigaisi). Les deux autres avaient impressionné avant de tomber contre Carlsen (pour Gukesh le nouveau numéro un indien devant Anand) et Abasov (pour Vidit le tombeur de Nepo).

Quant aux Français dans les deux tournois, on ne peut pas parler de sensation. Les Françaises ont disparu au deuxième tour et MVL a été sorti sur gaffe par l'Ouzbek Sindarov au troisième tour. Seul Etienne Bacrot a atteint les 1/16ème de finale, battu par Vidit.

Et si on parlait des championnats de France ?


A vrai dire, ça ne m'intéresse pas vraiment. Certes, on a eu un paquet de surprises mais on a eu surtout ce que je n'aime pas dans les Nationaux, quelle que soit la formule : des nulles rapides. Les joueurs auront beau se défendre avec des arguments parfaitement tenables : planning trop court (le départage se joue juste après la deuxième partie longue, joueurs qui se connaissent bien, etc). On peut la jouer stratégique mais même la Coupe du monde, qui a le même format, nous a réservée des surprises en terme de jeu. La FFE l'a essayé deux fois et ça n'a pas marché. Reste à voir la suite.

Le National n'a aucun intérêt en terme de jeu malgré le fait que la finale se joue entre Romain Edouard et Yannick Gozzoli, qui n'étaient pas les favoris loin de là. D'ailleurs, c'est le Marseillais -le second- qui l'a emporté, après avoir échoué de peu à plusieurs reprises. En parties longues, il totalise 2 victoires et 6 nulles (souvent rapides). Gozzoli a annoncé qu'il disputait son dernier championnat de France. Et dire que je l'ai connu jeune (avec 20 ans de moins) quand il était en région parisienne. On était dans le même club.

Chez les femmes, nous avons droit à une finale plus disputée, et un tournoi bien plus disputé. La finale oppose Deymante Cornette à Mitra Hejazipour. La particularité des deux joueuses ? C'est leur premier national féminin : d'origine lituanienne et iranienne respectivement, elles ont obtenu la nationalité française et le droit de participer au championnat de France.

Les tournois masculins FIDE sont mixtes et pas les féminins ?

Derrière ce titre bizarre, il y a la décision de la FIDE d'interdire les joueuses transgenre de participer aux tournois féminins. Comme si, le mentionne Jean-Baptiste Mullon le vice-président de la FFE, on changeait de sexe pour gagner de l'argent dans les tournois féminins. Notons que le National féminin accueillait une joueuse transgenre : Yosha Iglesias, bien connue des internautes échéphiles français.

Bon, la FIDE a fait un peu marche arrière : elle décide de soumettre à autorisation la participation des joueuses transgenres aux tournois. Notons qu'il n'y a pas d'interdiction ou d'autorisation nécessaire pour les joueurs transgenres.

Finalement, la FIDE ne validerait-elle pas la thèse que la supériorité des hommes sur les femmes aux échecs est liée au genre et pas à la moindre pratique des femmes ou aux difficultés sociales à être une joueuse de haut niveau ?