Même le petit déjeuner est décalé comme vous le constaterez au milieu de l’article, photos à l’appui. Mais tout est frais, bon et on aurait envie d’avoir son rond de serviette, prêt quelque part pour s’en munir au moment de passer à table.
J’ai appris beaucoup de choses en discutant avec lui. Il m’a fait remarquer que la Mayenne est le département le plus septentrional de la région des Pays de la Loire où il fait un peu bande à part même s’il est acquis que la Mayenne se jette dans le grand fleuve ligérien.
Oublié par la région (sic) il est donc prédisposé à l’autarcie et tout le monde se serre les coudes : Je vais au marché après avoir demandé à la voisine ce dont elle peut avoir besoin. Ce fut longtemps surtout une terre de passage comme on me l’avait déjà fait remarquer au cours d’une promenade dans le centre historique de Laval. C’est encore vrai aujourd'hui en terme de tourisme. On ne reste que 2-3 jours alors qu’il y a tant à voir et à faire (comme j’en fait la démonstration au fil des articles regroupés sous le libellé Mayenne).
Une chose est sûre, il est profondément mayennais. Ses parents étaient lavallois et il connait la ville comme sa poche. Ses grands-parents paternels habitaient deux rues plus loin. Le grand-père était boucher-charcutier et son arrière grand-mère maternelle tenait un restaurant. Ils lui ont transmis le goût des bonnes choses. Son grand-père maternel était cordonnier, à une époque où on entretenait ce que l’on avait pour le conserver le plus longtemps possible. Il lui a sans doute transmis indirectement le respect des objets anciens.
Il a une passion pour l’hôtellerie et sitôt âgé de 18 ans, il commence dans le métier. Nous sommes en 1988 et il travaillera en saison ou à l’année, sous toutes les latitudes et à tous les postes, "du zéro aux quatre étoiles". Il y eut un long passage à Orléans où il sera réceptionniste de nuit au Mercure. Il y restera de 1998 à 2004 à l’époque où Olivier Py était directeur du CDN (avant de rejoindre l’Odéon puis le festival d’Avignon et aujourd’hui le Châtelet).
En 2004 le besoin de se rapprocher de ses racines l’amène à reprendre le plus vieil hôtel de Laval, en lisière du quartier médiéval, et dont l’origine remonte à 1607, ce qui n’est pas rien pour quelqu’un comme lui passionné par l’histoire. L'établissement a été connu sous le nom d'Hôtel du Grand Dauphin ou, plus récemment, de l’hôtel du Zeff.
Fort de ses 15 d’expérience en hôtellerie, il parvient à y concilier plusieurs de ses centres d’intérêts. Les chambres sont désespérément purement désuètes, avec un tissu imprimé cachemire pour les têtes de lit, assorties aux rideaux. C’est peut-être une chance parce que ce fut le déclic pour changer de nom et de décor en y restant. Le résultat est à la hauteur de ses envies : Ça me plait plus que nulle part ailleurs.
Il s’est fait aider pour les chambres par une amie décoratrice qui a relevé le pari de composer 12 atmosphères différentes, chacune marquée par un thème et sans rien racheter, en puisant dans un stock d’objets jamais utilisés et qu’il avait accumulé en plus de vingt ans.
Chaque objet a sa place et on peut considérer qu’il n’y a plus guère de place pour de nouveaux objets. Alors, si le coeur vous en dit, faites à Nicolas des propositions d’achat. Notamment pour ce qui est dans la grande salle du bas. Ou encore pour une (ou plusieurs) de ces caricatures accrochées dans le couloir du 1er étage.
Il se pourrait donc que lors de votre séjour dans cet hôtel elle se soit métamorphosée en temple des sports masculins sous l’influence des JO.
S’il a bénéficié d’un coup de main pour la rénovation des chambres, il a organisé par contre le rez-de-chaussée à son image. Que ce soit l’accueil, en face de l’entrée, le bar qui fait office de cabinet de curiosités sur la gauche, ou la grande salle du petit déjeuner sur la droite.
Accordez-vous un moment pour vous poser dans le canapé. Il est probable que Nicolas vous tienne compagnie un moment. Interrogez-le à propos de tous les objets dont il s'entoure et qui racontent l’histoire de nos vies.
On peut discuter avec lui de de cinéma, de musique et de littérature. Nous avons ensemble feuilleté Les aventures du Baron de Munchausen, illustré par Gustave Doré, traduit par Théophile Gautier et un exemplaire des Fables de La Fontaine, admirablement accompagnées par les caricatures du nancéien Jean-Jacques Grandville (1803-1847) que j'apprécie énormément parce que mon grand-père m'a légué ce livre juste avant de mourir.
Fan de pataphysique, admirateur de Boris Vian et du lavallois Alfred Jarry, ce directeur est également philosophe. Sa devise : N’oubliez jamais votre passé, vous le retrouverez face à vous.
Il y a aussi des jus de fruits, des mini-viennoiseries, du pain frais, des confitures … et puis un gâteau maison qui est systématiquement posé sur le buffet. Vous le trouverez étrangement modeste, ce qui est dû au fait que le patron (qui cuisine lui-même) a pour règle de ne jamais utiliser de levure, ce qui permet de les conserver plus longtemps, dans le pur esprit des "gâteaux de voyage" qu'on faisait en Angleterre. L'idée est à retenir.
Le site de l’hôtel est très explicatif. Et Nicolas Cribier jauge le degré d’humour de ses clients avant de leur attribuer une chambre. Mais voulez-vous que je vous oriente un peu ? Sachez tout de même qu’à l’instar des Etats-Unis, il n’y a pas de chambre 13 (ni de 6 car c’est la lingerie).
Je me suis trouvée bien dans la 1970, entourée d’objets au design typique, avec des lignes arrondies et de couleur dominante orange ou blanche installant une ambiance seventy qui n’est pas trop chargée.
L manquant est un autre clin d’œil, à l’hôtellerie cette fois puisque cette lettre perdue était celle de l’enseigne d’un hôtel qui nous ramène un peu plus loin dans le temps, dans les années 50. Elle aussi est inspirée par l’atmosphère des films de Jacques Tati. Cette vaste chambre peut accueillir 3 personnes, voire plus car le lit principal est un King-Size Standard.
Que dire de plus ? Ecoutez donc la chronique radiophonique dans l'onglet "On parle de nous" du site si un doute subsiste. Vous serez définitivement convaincu, je l'espère, que cet hôtel atypique peut vous correspondre.
Auberge des Remparts2 - 4 Carrefour aux Toiles - 53000 Laval02 43 66 86 80