Si l’augmentation du risque de problèmes et de complications cardiovasculaire associée au COVID n’est plus à démontrer, cette étude d’une équipe de l’Albert Einstein College of Medicine (Bronx, New York) révèle que l’infection par le SARS-CoV-2 peut aussi déclencher, notamment en cas de précédent, une « nouvelle » hypertension artérielle (HTA). Ces nouvelles données, publiées dans Hypertension, la revue de l’American Heart Association (AHA), appellent à la surveillance en cas de diagnostic positif, à la surveillance cardiovasculaire de ces patients déjà à risque.
L’auteur principal, Tim Q. Duong, professeur de radiologie à l’Albert Einstein College of Medicine souligne que, « alors que le COVID-19 est généralement plus grave chez les patients souffrant d’hypertension artérielle préexistante, avec des taux d’hospitalisation et de mortalité plus élevés par rapport aux personnes ayant une pression artérielle normale, on ignorait jusque-là si le virus SARS-CoV-2 pouvait déclencher le développement d’une HTA ou aggraver une HTA préexistante ».
Dépister l’HTA chez les patients ayant eu le COVID
L’étude observationnelle rétrospective est la première à examiner le développement et les facteurs de risque associés à une HTA persistante chez les personnes infectées par le COVID-19 par rapport à la grippe, un virus respiratoire proche. Dans cette étude, et conformément aux recommandations, l’hypertension est classée comme ayant des nombres supérieurs et inférieurs supérieurs ou égaux à 130/80 mm Hg. L’équipe a analysé les données des dossiers de santé électroniques de 45.398 personnes diagnostiquées avec le COVID-19, hospitalisées entre mars 2020 et février 2022 et de 13.864 personnes atteintes de la grippe sans COVID-19, hospitalisées entre janvier 2018 et février 2022. L’analyse révèle :
- une association significative entre l’infection par le virus et le développement d’une hypertension artérielle persistante chez les personnes avec antécédents d’HTA ;
- mais aussi chez les personnes plus âgées ou appartenant à des minorités plus défavorisées, sans antécédents connus ;
- ces personnes infectées par le COVID-19 et sans antécédent connu d’HTA sont significativement plus susceptibles de développer une HTA persistante que des personnes atteintes du virus de la grippe.
Précisément,
- 21 % des participants hospitalisés pour COVID-19 et 11 % des participants non hospitalisés pour un COVID-19 ont développé une hypertension artérielle, vs 16 % des personnes hospitalisées pour la grippe et 4 % des participants hospitalisés pour d’autres causes ;
- les participants hospitalisés pour COVID-19 sont ainsi plus de 2 fois plus susceptibles et de développer une HTA persistante vs participants hospitalisés et non hospitalisés pour la grippe ;
- les participants infectés par le SRAS-CoV-2 âgées de plus de 40 ans, ou appartenant à des minorités plus démunies, ou souffrant de maladies préexistantes, telles que la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPCO), la maladie coronarienne ou la maladie rénale chronique, présentent un risque élevé de développer une HTA ;
- l’HTA persistante est plus fréquente chez les participants infectés par le SRAS-CoV-2, traités avec des vasopresseurs (ou anti-hypotenseurs) et des corticoïdes.
« Etant donné le nombre considérable de personnes touchées par le COVID vs la grippe sur cette période récente, ces données doivent inciter à tirer le signal d’alarme et suggèrent que de nombreux autres patients vont développer une hypertension artérielle, ce qui pourrait représenter un fardeau majeur pour la santé publique ».
Les médecins sont ainsi invités à dépister l’hypertension chez leurs patients ayant développé un COVID afin de mettre en œuvre un traitement plus précoce des complications liées à l’hypertension, telles que les maladies cardiovasculaires et rénales.
Source : Hypertension 21 Aug, 2023 DOI :10.1161/HYPERTENSIONAHA.123.21174 Incidence of New-Onset Hypertension Post–COVID-19: Comparison With Influenza
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