Japon, zone industrielle de la région du Tôkai. Takaomi et Ao sont amis depuis le collège. Tout leur entourage imagine qu’ils vont finir par se mettre en couple. Mais la vie en décide autrement : quand le père d’Ao, patron d’une usine locale, viole la mère de Tokiwa, tout leur monde s’effondre. Comment rester amis quand les actes des adultes ont des conséquences si lourdes ?
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Mon avis :
Ce manga est une petite pépite. Rie Aruga, la mangaka à qui l’on doit Perfect World nous revient avec un récit percutant et qui touche à l’âme et au cœur. Dans ce one shot très bien amené, nous découvrons l’histoire de deux jeunes gens qui auraient pu devenir bien plus si un drame ne les avait pas secoués tous les deux de manière irrévocable.
Le viol de la mère de Tokiwa par le père d’Ao va sonner le coup de grâce de leur relation naissante. Impossible pour eux de faire l’impasse sur une telle tragédie. Leur famille, à chacun, est impactée. Celle de Tokiwa dont la mère est la victime et celle d’Ao dont le père est un violeur. Rien ne pourra plus être comme avant. Nous voyageons entre le passé, au moment du drame, et le présent, quelques années plus tard avec la reconstruction de chacun.
Alors qu’Ao a disparu du jour au lendemain, Tokiwa la retrouve en tant qu’intérimaire dans l’entreprise où il est salarié. Ao espère secrètement pouvoir faire sa vie sans que son passé vienne lui faire de l’ombre. Toutefois, elle ne pensait pas revoir ce garçon qu’elle avait aimé puis perdu à cause de l’horreur commise par son géniteur.
On parle toujours des victimes directes, mais il est vrai que nous avons tendance à oublier la famille du violeur qui souffre également des répercussions : les victimes collatérales. Ao et sa famille encaissent les insultes et autres horreurs que les gens leur font subir. Parce qu’ils sont de la famille du violeur. De fait, entretenir un lien avec le fils de la femme qui a été violée est tout simplement impensable. Adolescents, ils ont essayé, mais le poids était trop lourd à porter pour des enfants.
C’est une lecture emplie d’amertume, de regret et d’espoir avorté. J’ai eu le cœur serré tout du long, mais je n’en voulais qu’au père d’Ao qui a détruit consciemment cette femme et sa famille ainsi que la sienne. J’ai souffert avec Tokiwa, mais encore plus avec Ao qui se bat pour survivre et réussir à sortir la tête hors de l’eau. Malgré sa combattivité, elle s’en veut infiniment pour l’acte sordide commis par son père. Elle n’y est pour rien, mais ne peut s’empêcher de s’excuser tout le temps.
Les sentiments, les émotions, l’espoir, le désespoir et l’incompréhension sont très bien retranscrits par la mangaka. J’ai souffert avec ces deux personnages qui aimeraient pouvoir construire un avenir ensemble, mais qui sont bloqués dans le passé. Tous deux savent qu’avec cette blessure rien ne sera possible entre eux. Malgré tout, j’ai envie de croire à un dénouement heureux pour eux. Ils le méritent tellement.
Quand la nuit tombe m’a bouleversé du début à la fin. J’ai dévoré ce manga la boule au ventre, les larmes au bord des yeux. J’ai aussi eu des moments de pure haine pour cet homme qui gâche la vie de tant de monde.
Un très beau titre, fort, sombre, et incroyablement réaliste.