Dernière (?) survivante d'une époque révolue, la structure installée par Orange dans la Silicon Valley afin de surveiller l'innovation technologique au plus près de son lieu de naissance a fermé ses portes au début du mois d'août. Une décision brutale qui fait débat… et qui, pourtant, aurait probablement dû être prise depuis plusieurs années.
C'était à l'aube de ce siècle, la bulle internet gonflait, gonflait, gonflait… sans que personne ne s'en inquiète. Au contraire, tout le monde lançait sa startup (c'est à ce moment-là que le mot s'est répandu) rêvait de devenir millionaire du jour au lendemain grâce à une idée révolutionnaire. Les autres, en particulier les dirigeants des grands groupes historiques, se voyait dénicher la prochaine pépite et déployait des équipes, parfois pléthoriques, là d'où tout venait, aux alentours de San Francisco.
Comme Orange, des dizaines de firmes d'horizons divers (sectoriels et géographiques), dont les principales banques de l'hexagone, ont alors créé qui une filiale, qui un bureau, avec toujours les mêmes missions : flairer les nouveautés émergentes de manière à donner un temps d'avance à leurs bases arrières, accompagner et stimuler l'innovation dans l'ensemble de l'organisation, repérer et, si nécessaire, soutenir les jeunes pousses prometteuses dans lesquelles il fallait investir ou avec lesquelles il fallait collaborer…
Malheureusement, ces initiatives n'ont jamais produit les résultats attendus, car trop lointaines et déconnectées des centres de décision de leur parente pour parvenir à créer un vrai élan d'innovation, trop « étrangères » pour s'intégrer à la culture locale, trop marquées par leur origine pour séduire des entrepreneurs méfiants et courtisés par le capital risque indépendant (en dépit de quelques succès dans des participations exclusivement financières avec des spécialistes de ce genre d'investissement)…
Au fil des ans et, souvent, après avoir retardé l'échéance plus que de raison au vu de la valeur dégagée, la plupart de ces entités ont été démantelées… jusqu'à celle d'Orange, donc. C'est que, en près d'un quart de siècle, la situation et l'environnement ont aussi profondément changé : la Silicon Valley n'est plus le centre de l'univers pour la création disruptive, l'aide au développement des startups s'est professionnalisée, les communications à distance ont largement remplacé le besoin de présence physique…