Un article de Henry Bonner
Les dirigeants et les politiciens passent leur temps à inventer des prétextes pour la déformation des prix dans l’économie. En général, ils induisent ainsi plus d’agitation dans l’économie, c’est-à-dire plus de transactions, d’investissements, et de consommation qu’ils croient être de l’activité économique. Selon les modèles et croyances de ces dirigeants, leurs interventions produisent ainsi plus de richesse. En général, ils mettent en avant un résultat – la création de logements, par exemple.
Or, la production de biens ou services – dans tout secteur de l’économie – a un coût. Elle utilise des ressources et des capitaux, et sans le signal de prix que ces dirigeants s’emploient à tordre dans tous les sens, l’activité des entreprises peut parfois réduire la quantité de richesse dans un pays !
Lorsque ces dirigeants modifient les prix, cela peut entraîner un excès de consommation de denrées ou services, ou alors un manque de production par rapport aux besoins réels des citoyens.
La majorité du temps depuis le début du siècle, les banques centrales apportent des soutiens à l’immobilier. Elles créent par exemple une illusion de demande, avec l’assouplissement des conditions de l’octroi de crédits (la baisse de taux d’intérêt). La pierre grimpe alors en prix. Les promoteurs lancent plus de projets. Les banques accordent plus de financements. Ainsi, la déformation des prix – via l’incitation à l’endettement dans cet exemple – crée des revenus et de la prospérité pour une partie des gens. Parfois, beaucoup de gens semblent profiter de l’intervention dans les marchés.
Sans surprise, ces programmes des gouvernements attirent, en conséquence, beaucoup de soutiens – dans la presse et de la part des entreprises.
Cependant, avec le resserrement de l’accès à la dette, le marché revient vers un équilibre entre l’offre et la demande. L’activité entre en récession.
Selon les Notaires de France, le nombre de transactions a atteint un pic en août 2021, à 1,2 millions de ventes de logements. En mai 2023, ils chutent à un peu plus de 1 million. Mais le marché a encore des baisses devant lui : à mai de cette année, les volumes restent aussi élevés qu’en 2019.
Le nombre de nouveaux prêts aux particuliers pour l’achat d’un logement baisse de moitié par rapport au rythme de 2020. Le déclin touche le neuf et l’ancien dans le même genre de proportions. Et bien évidemment, devant ces baisses, les promoteurs et constructeurs désirent le retour de soutiens – via l’assouplissement de normes, ou la création d’incitations pour les acheteurs.
Immobilier, hydrogène, startups : les profiteurs d’illusions
Les incitations à l’investissement dans l’immobilier produisent une source de revenus, de carrières, et d’influence pour beaucoup de personnes, entreprises, ou associations. De même, on retrouve le même principe avec les interventions des élus dans les énergies ou l’écologie qui peuvent momentanément fournir une manne à des entreprises, des entrepreneurs, ou des spéculateurs.
Pour cette raison, peu de gens dans les milieux de la finance, de la presse, ou de l’entreprise font des critiques des projets. Ils préfèrent faire partie des gagnants des programmes, surtout lorsqu’ils touchent une partie des sommes en jeu.
Par exemple, la société Deloitte publie, en avril, un rapport sur le secteur de l’hydrogène : elle montre les besoins en capitaux au cours des 30 prochaines années et se garde bien de faire des critiques sur les projets des dirigeants. Deloitte prévoit même la création d’une industrie mondiale de l’hydrogène vert (à base de l’énergie des renouvelables), d’ici à 2050.
En accord avec les vœux des dirigeants, le secteur a besoin de 1.400 milliards d’euros d’investissements en Europe, et de 9.000 milliards de dollars d’investissements à travers le monde. Ce secteur requiert des milliards d’euros d’investissements dans les renouvelables, en plus de l’infrastructure pour la production et le transport de l’hydrogène produit.
Deloitte, comme tout groupe de conseil à l’entreprise, a un intérêt évident à apporter son soutien au programme. Il court peu de risques : la plupart des entreprises croient aux renouvelables et à l’élimination des énergies fossiles. De plus, Deloitte peut ainsi engranger une partie des milliers de milliards de dépenses en rapport au secteur – de la part des gouvernements ou entreprises.
Les startups aussi, la French Tech, bénéficient de déformations des gouvernements.
Selon les Echos,
“Emmanuel Macron tient toutefois à maintenir le cap de 100 licornes à horizon 2030. C’est élevé mais pas impossible compte tenu du chemin parcouru en peu de temps par la French Tech.
…Cet écosystème doit beaucoup à Bpifrance. Il a pu se développer grâce aux centaines de millions d’euros que la banque publique d’investissement a injectés directement dans des start-up mais aussi dans les fonds de capital-risque.”
Personne – dans la presse financière – ne demande pour quelles raisons la France aurait ainsi besoin d’une centaine de licornes, ou pourquoi dans ces domaines spécifiques. Aucun ne voit de problème à la déformation du marché.
Les startups de la French Tech, tout comme l’immobilier, consomment des capitaux et des ressources et l’intervention des dirigeants fausse l’équation : elle met les coûts sur le dos du contribuable, et fournit des revenus aux entrepreneurs (qui peuvent toucher des prêts et contrats de la BPI), même (et surtout) en l’absence d’utilité des projets pour un client.
En somme, la création d’une centaine de licornes, sous l’effet de ces programmes, peut clairement aboutir à réduire la richesse du pays !
Les interventions dans l’économie par les politiciens génèrent des fortunes… pour certains. Et elles attirent donc beaucoup de soutiens – de la part de la presse et des entreprises.
La plupart des acteurs dans l’économie évitent les critiques des programmes gouvernementaux : ils préfèrent se taire et recevoir une part de la manne.
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