Les bustes, les portraits dessinés, peints, les femmes debout, toutes ces oeuvres toujours répétées, toujours différentes doivent toutes à Annette. Je n'y pensais pas particulièrement auparavant. Cette exposition le signifie nettement (je suis tenté d'écrire Annettement). Cette femme, arrivée dans la vie d'Alberto quand il avait 42 ans et elle 20 ans, l'artiste lui doit beaucoup et c'est ce que révèlent les pièces que j'avais sans doute déjà vues mais qui m'invitent ici dans une plus grande intimité. C'est le regard d'Annette, les heures de pose d'Annette, la manière déterminée avec laquelle elle a entrepris l'organisation des oeuvres et des collections, la création de la Fondation. Le premier document que je vois en entrant est une lettre adressée à André Malraux, alors Ministre de la Culture, pour refuser qu'il organise une rétrospective en 1968, reprochant au gouvernement la façon dont il traite les mouvements ouvriers et étudiants. Et deux traits en disent long sur le caractère d'Annette : son sourire (elle sourit toujours) et le fait qu'elle soit toujours vue de face. On le savait déjà, sans doute, mais cette exposition le manifeste encore plus clairement : Giacometti, ce n'est pas seulement l'homme qui marche, c'est bien plus ces portraits et ces sculptures de femme, "ni tout à fait la même / ni tout-à-fait une autre", pour reprendre les mots de Verlaine.
L'exposition est visible à l'Institut Giacometti jusqu'au 27 septembre 2023.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble