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Lectures à Saint-Malo

Publié le 18 août 2023 par Adtraviata

Quelques lectures d’été et de vacances… du côté de Saint-Malo.

Lectures à Saint-Malo

Quatrième de couverture :

Le commissaire Dupin a quitté sa base de Concarneau et participe avec ennui à un séminaire des forces de police bretonnes à Saint-Malo. À la faveur d’une pause, il est le quasi-témoin du meurtre en plein marché d’une cheffe étoilée par sa soeur cadette, elle-même cheffe montante. Dupin prend aussitôt l’affaire en main, épaulé par deux commissaires présents au séminaire.
Coup de folie ? Arrêtée, la coupable reste mutique. Mais les soeurs rivales se vouaient une jalousie et une haine féroces. Bientôt, le mari et l’ami antiquaire de la victime sont retrouvés l’un après l’autre, assassinés… et le mystère s’épaissit.

J’ai vu deux ou trois adaptations télévisées mais c’est la première fois que je lis une enquête du commissaire Dupin dont l’auteur, sous un pseudo bien français, est en réalité un écrivain allemand installé dans le Finistère-Sud.

Au grand dam de son équipe de Concarneau, le commissaire Dupin est monté à Saint-Malo pour un séminaire inter-départemental breton. (Saint-Malo semble jouir d’une réputation peu flatteuse dans le reste de la région.) Chaque département et représenté par un commissaire et son préfet. Ce qui s’annonce – à part les repas gastronomiques prévus en soirée – d’un ennui profond pour Dupin, habitué à travailler en solitaire, est bousculé par le meurtre en plein marché d’une cheffe étoilée. La coupable n’est autre que la soeur de la victime, étoile montante de la gastronomie bretonne. Les deux soeurs se vouaient une concurrence et une haine… mortelles. Devant la difficulté de l’enquête, les préfets obligent les commissaires à collaborer. Heureusement, la commissaire Huppert, de Saint-Malo, organise le travail de façon à préserver l’indépendance de chacun.

L’enquête m’a semblé un peu poussive, il ne se passe pas grand-chose pendant de nombreuses pages (cela s’explique aussi par le mutisme de la meurtrière et par les autres meurtres de témoins primordiaux) jusqu’à une intuition fulgurante de Dupin qui fait enfin avancer l’affaire. L’intérêt (ou la faiblesse, c’est selon) de ce polar, c’est sa partie touristique et gastronomique : ce fut un plaisir de vérifier dans l’Intra-muros la présence bien réelle de La Maison au beurre et du Bistro au beurre de Jean-Luc Bordier, de la boutique du sarrasin de Bertrand Larcher – ainsi que ses Breizh Cafés dans la cité corsaire et à Cancale, de l’hôtel-restaurant Otonali en dehors des remparts ; un plaisir non moins dissimulé de se balader à la Pointe du Grouin, de déguster des huîtres à Cancale et d’admirer les magnifiques villas de Dinard. C’était une lecture de circonstances et de vacances, je ne lirai sans doute pas d’autres enquêtes de Dupin mais je n’ai pas boudé ces plaisirs très bien documentés.

« Tous ceux qui partagent nos idées et nos valeurs peuvent devenir des Dinardais. On ne peut pas devenir malouin ; on naît malouin. »

« En Bretagne, de telles entreprises ont une mission à la fois sociale et culturelle ; il n’est pas are que les chefs soient des visionnaires. Et tout cela sert une entreprise plus grande encore : la bretonnisation du monde. »

Jean-Luc BANNALEC, Meurtre gourmet à Saint-Malo, traduit de l’allemand par Pierre Malherbet, Pocket, 2023 (Presses de la Cité, 2022)

Lectures à Saint-Malo

Quatrième de couverture :

Qui de plus compétent que René pour vous faire visiter la Bretagne en s’écartant des sentiers battus ? Vous allez voir, dans ce remarquable ouvrage, que la route de Saint-Malo à Cancale n’est pas si droite qu’elle en a l’air.Un fils d’ostréiculteur disparaît dans des conditions mystérieuses. Et pourtant, on le voit partout. Nous ne serons pas trop de quatre – Vaness’, Momo, moi et René, qui s’impose comme un intrus – pour aider le commissaire Buan, pur Malouin depuis plusieurs générations, et son adjoint le commandant Blafard, à démêler les fils – de pêche – de cette intrigue particulièrement retorse.Vous vous doutez bien que si on vient en Bretagne, c’est plus pour se prendre les pieds dans le filet que se gaver d’huîtres et de galettes. Un retour sur les terres maternelles pour René qui ne se fera pas sans vagues ni émotions fortes. Heureusement que la Bretagne offre ses terres de rêves, son littoral exceptionnel et la puissance de la cité corsaire pour cadre à cette enquête, parce que pas sûr que notre équipée marque durablement les mémoires locales. Pas besoin de remonter nos bas de pantalons car, même au sec, nous pataugeons allègrement. Cap à l’ouest !

J’ai abandonné au bout de 80 pages ce livre repéré avant les vacances et acheté sur place. J’aurais dû me méfier : l’auteur, Claude Picq, est présenté comme « disciple » de Dard, Céline, Malet et autres. Je n’ai testé qu’un San Antonio, il y a longtemps, et sans grande conviction. Ici, l’enquête sur la disparition d’un jeune ostréiculteur et de son compagnon est sans doute intéressante (j’ai lu des avis à cinq étoiles sur Babelio) mais pour moi, elle est polluée et ralentie par la lourdeur des jeux de mots et la vulgarité du personnage de René (n’est pas Chateaubriand qui veut), sans compter la quasi-copie de San Antonio dans le personnage du commissaire… Saint-Antoine ! Bref, l’ennui m’a fait tomber le livre des mains…

Claude PICQ, Bons baisers de Saint-Malo, Editions du Palémon, 2022

Lectures à Saint-Malo

Quatrième de couverture :

L’alliance délicieuse de trois générations de femmes aux caractères bien trempés, résolues à élucider le mystère d’un meurtre au cœur de Saint-Malo.

Bienvenue au Manoir des Corrigan, maison d’hôte chaleureuse entretenue par trois générations de femmes hautes en couleur : Maggie Corrigan, facétieuse quasi-septuagénaire, Louise Corrigan, sa fille, institutrice de métier et mère de la jeune Énora Corrigan, aux allures d’ « elfe rebelle » à en croire sa grand-mère. C’est ensemble qu’elles vont ressusciter la Breizh Brigade, une équipe d’enquêtrices hors du commun, autrefois formée pour résoudre un mystère familial…
Dans la maison d’hôte des ennemis de toujours, le Repaire des Corsaires, une jeune fille découvre avec effroi le corps sans vie de Paul Le Tohic, joueur de cornemuse virtuose du Briac Breizh Bagad. Les circonstances de sa mort écartent la possibilité d’un suicide. Qui a pu assassiner cet homme ? La police enquête, mais la Breizh Brigade est, elle aussi, sur le coup.

Un cosy mystery à la française ou plutôt à la bretonne avec ce trio familial pittoresque constitué des trois femmes Corrigan : la grand-mère Maggie, haute en couleurs, qui porte haut et fort sa canne, ses amours et ses origines irlandaises, sa fille Louise, effacée mais efficace quand il le faut et sa petite-fille Enora, jeune apprentie vétérinaire amoureuse des moutons et de Fanny, qui semble avoir hérité de la pétillance de sa grand-mère.

Les chapitres courts donnent du rythme à cette enquête de la BB (la Breizh Brigade) sur le meurtre d’un sonneur de cornemuse du BBB (le Briac Breizh Bagad). Le « folklore » breton des bagads est un peu malmené par ce personnage de la victime, infâme coureur de jupons à l’ambition sans limite (et accessoirement ancien amant de Maggie). On appréciera ces trois personnages féminins libres et audacieuses et on aura ici aussi plaisir à reconnaître les lieux parcourus par notre trio d’enquêtrices (Saint-Briac, l’Intra-Muros de Saint-Malo, le Grand Bé, la plage du Sillon…) avant de découvrir le final trempé d’embruns. Il faut dire que Mo Malo connaît son sujet puisqu’il est lui-même d’origine malouine. Je lirai avec plaisir la suite des aventures des Corrigan mais je suis aussi curieuse de découvrir sa série d’enquêtes au Groenland.

« Soufflant tonnerre dans du roseau, disait un chanteur populaire à propos des bagadou bretons. Maggie partageait cette impression. Ou plutôt, cette sensation physique d’étre battue par le vent et les embruns. D’abord le roulement métronomique de la section de tambours. Puis le bourdon lancinant des bombardes. Avant qu’enfin ne s’élève le grand souffle aigu des cornemuses, emportant tout sur son passage. Ce n’était plus de la musique, c’était une tempête de notes et d’harmonies qui la battait par vagues. Il lui semblait que les ondes sonores colonisaient chacun de ses muscles ou de ses os, avant de repartir au loin. »

« « Faire le Pilo ». C’est ainsi que, dans le jargon malouin, on surnommait la promenade ordinaire à l’intérieur de la ville fortifiée, depuis la porte Saint-Vincent jusqu’à la porte de Dinan, en passant par la petite place du Pilori. Autrefois le théâtre des châtiments publics, celle-ci était devenue à l’ère moderne l’épicentre du tourisme de masse dans la « Cité corsaire ». Une plaie chassant l’autre. Les grappes de vacanciers, sac de plage à la main, y baguenaudaient devant les musiciens de rue ou faisaient la queue chez le glacier Sanchez. »

Mo MALO, La Breizh Brigade – Bienvenue chez les Corrigan !, Les Escales Suites, 2023


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