Épique Musique

Les chansons sont nées autour de la période du poète Homère (8è siècle avant l'invention de l'histoire de Jésus). Ses poèmes, il les chantait. Les Grecs chantaient leurs poèmes. Et toujours, ceux-ci racontaient de longues épopées aventureuses et héroïques. Inspirées.

Le mot d'origine Grecque epic a longtemps voulu dire chanson en langue grecque et est parfois utilisé de la sorte.

Dans l'univers pop/rock, on a emprunté l'idée de la chanson dite "épique" en en faisant un long morceau musical ponctué de plusieurs changements de tons, qui, un peu comme dans la musique classique en général, ou dans un film, nous fait passer part toutes sortes de choses. 

Il y a 10 ans, je bossais dans un entrepôt de whisky du Vieux-Port géré par la Mafia. La nuit. On entrait par une porte et il fallait traverser l'entièreté de l'entrepôt pour se rendre au vestiaire et aux cartes de punch. Ce trajet dans la nuit avait parfois une trame sonore. La radio était toujours ouverte 24 heures sur 24 et diffusait partout dans l'entrepôt. Et c'est connu, la nuit, personne ne compte les quotas et les DJ se pemettent les chansons qu'ils/elles veulent. Souvent sans aucune espèce d'intervention et toujours sans publicités. Job de rêve. Parfait morceau épique aussi qui nous accueillait dès minuit ou 3h00 du matin. 

Trois moments épiques m'ont marqué. Deux morceaux que je ne connaissais alors pas et un autre que je connaissais trop mais qui m'est entré dans les veines comme un jet de cocaïne de 1973 se rappellent à mon souvenir

Elton John-Funeral For A Friend/Love Lies Bleeding

Je ne connaissais pas du tout ce morceau. D'Elton John je ne connaissais que ce que tout le monde connait. Il intéressait et touchait davantage mes soeurs et les copines que j'avais eu. J'aimais beaucoup de ses morceaux mais comme mes parents avaient beaucoup aimé Nikita, en 1986, qu'une de mes anciennes copines aimait TROP Elton et le jouait tout le temps (4x Elton Greatest Hits différents) je m'étais un peu mentalement empêché de l'explorer plus sérieusement. L'album Goodbye Yellow Brick Road ouvre avec ce morceau d'abord instrumental pendant 5 minutes 30. Je ne savais donc pas que j'écoutais Elton John, mais son morceau me transportait. Il l'a composé comme musique "Qu'il souhairerait entendre à sa mort". Inspiré de ses propres morceaux The Ballad of Danny Bailey, I've Seen That Movie Too et Candle in The Wind. 

Bien qu'en un long morceau de plus de 11 minutes, il s'agit bien de deux chansons distinctes, une instrumentale et l'autre chantée et mise en mots par son lyriste de toujours Bernie Taupin. Mais comme la première se termine sur un La, et que Love Lies Bleeding débute sur un La, la transition est donc invisible. Mais les deux chansons ont des droits d'auteurs distincts. Vers 1:15 de la fin, la chute est excellente. Et me plait beaucoup. Ce moment m'avait ouvert les oreilles sur un excellent album de 1973. 

Derek & The Dominos- Layla

Ce bijou musical est celui que je connaissais.

Chanson poison, le riff d'ouverture est tout simplement magique si on a les sens disposés à l'entendre entre le trop récent éveil et l'envie du tarvail à naître. Quand Cream se sépare en 1968, Eric Clapton est avec Steve Winwood pour Blind Faith et le tandem mari/femme Delaney & Bonnie. Au printemps 1970, il entend que le bassiste Carl Radle, le batteur Jim Gordon, le claviériste Bobby Whitlock veulent quitter Delaney & Bonnie. Clapton quitte donc le tandem et part Derek & The Dominos avec les 3 autres. Il jouera sur le triple album solo de son ami George Harrisson avant de faire la rencontre de Duane Allman. Très vite, les deux se comprennent tout de suite et s'entendent à merveille. Leur chimie est presque télépathique. L'un joue quelque chose, l'autre lui répond spontanément. Ils sont comme 4 mains dans un même gant. La ballade qu'a travaillé Clapton, inspirée du morceau de piano de Jim Gordon qu'il a entendu et intégré à la pièce, devient une chanson rock quand Allman créé le fameux riff d'ouverture. 

Qui m'accueillait royalement par une nuit d'hiver 2013. Où j'ai ralenti le pas de ma marche vers le punch afin de savourer tout le 7:04 et la guitare-chat de la fin. 

Allman se tue en moto, à 24 ans, 7 mois après la sortie de la chanson.

B.Springsteen & The E Street Band- Jungleland

Il s'agit de la chanson qui cloture son album de 1975, Born To Run. Elle est d'une durée de 9:33. Le morceau contient une signature au saxophone de l'excellent Clarence Clemons. Suki Lahav joue aussi les délicates 23 notes de violon accompagnée de Roy Bittan au piano en ouverture. Bien que j'avais reconnu la voix du Boss, je ne connaissais pas le morceau et fût resté surpris de constater qu'elle ne finissait plus.Vers 6:40 on est dans un film mental. Avec de vagabonds des villes errants dans le désert des matins qui n'étaient que derrière les murs de l'endroit où je travaillais. J'en connaissais la lumière. 

À 57 secondes de la fin, le frisson.

"Mine? Tks Jones"

Ce que chaque chanson épique devrait vous fournir. Ce que l'art doit produire.

Ma chanson épique personnelle est de 11:52. Je la connais par coeur. Adore la chanter au volant. Où je dois facilement paraître guignol. (Regardez la route devant vous!) J'ai un film pour chaque ligne. `

Je vous l'ai d'ailleurs entièrement chantée en vous écrivant. 

(Mention d'honneur à Flotation Toy Warning)