Depuis mon précédent billet à propos de Zirtue et de sa solution de prêts entre proches, son approche a sensiblement évolué. Son ajout récent d'une assurance contre l'invalidité et la perte d'emploi me procure l'occasion de découvrir comment elle parvient progressivement à développer un produit à vocation sociale attractif et (peut-être) viable.
Le premier changement que je remarque est la disparition de toute référence au prélèvement d'une commission (à hauteur de 5% des opérations conclues) qui me gênait lors de ma première revue. Il semblerait malheureusement que la possibilité de fixer un taux d'intérêt volontaire sur les remboursements, que j'estimais astucieuse, ait également été emportée dans cette révision. Désormais, la simplicité prime et les prêts réalisés par l'intermédiaire de la plate-forme sont totalement exemptés de frais : 100 dollars empruntés correspondent à 100 dollars à restituer au fil des échéances convenues.
Naturellement, l'abandon d'une source de revenus directe implique qu'une autre option économique soit mise en place. Sans grande surprise, tellement il s'agit aujourd'hui de la voie quasi universelle dans la FinTech, c'est un modèle « B2B » qui est apparemment retenu… et celui-ci s'avère original. Zirtue propose ainsi son service aux facturiers (opérateurs de télécommunication, fournisseurs d'énergie…), sous la forme d'une modalité de règlement supplémentaire à mettre à la disposition de leurs clients.
En cas de difficulté passagère, la personne qui risque une interruption de son contrat peut alors choisir de faire appel à un parent ou un ami pour acquitter son dû, selon le régime habituel de la jeune pousse, avec calendrier de remboursement prédéterminé et versement automatique des mensualités depuis le compte bancaire enregistré à l'inscription, notamment. Pour plus de sécurité (du point de vue de l'entreprise partenaire), les fonds avancés sont automatiquement affectés au paiement de la facture.
Dans un autre registre, Zirtue introduit donc maintenant une garantie exclusive, gratuite, concoctée avec TruStage, une mutuelle d'assurance qui tire ses origines du mouvement des « credit unions » américaines. Parce qu'il serait regrettable que les emprunteurs se fâchent avec leurs proches ou leur causent des difficultés financières en raison d'un accident de la vie, elle prend en charge, en toute transparence, leurs engagements sur la plate-forme (sous réserve d'éligibilité) en cas d'invalidité ou de perte d'emploi.
D'un côté, la promesse de valeur renforcée pour les utilisateurs, particulièrement bienvenue dans une période difficile pour le portefeuille des consommateurs (bien que le chômage ne soit pas un enjeu majeur à l'heure actuelle), constitue un nouveau facteur d'adoption, susceptible de faire pencher la balance par rapport aux petites transactions informelles que Zirtue veut remplacer. De l'autre côté, l'offre aux entreprises qui désirent à la fois résorber une partie de leurs impayés (et leurs coûts de traitement) et éviter à leurs clients de devoir recourir à des crédits prédateurs revêt les atours d'un effort de responsabilité sociale qui s'inscrit dans l'air du temps. La recette est séduisante.