Yeruldelgger, de Ian Manook (éd. Albin Michel)

Ian Manook explique dans la préface comment il est arrivé à ce polar. D’avoir écrit tout le temps depuis qu’il sait écrire, d’avoir donc accumulé des feuilles et des feuilles, des histoires et des histoires qui parfois ne finissaient pas. Et d’avoir accepté le défi de les finir et d’en faire des livres. Et ainsi il annonce des publications nombreuses à venir. Yeruldelgger est la première, publiée par Albin Michel en 2013. Depuis cette date, une dizaine de titres se sont succédés, et l’auteur a d’autres pseudonymes…

Je me suis embarqué dans le premier livre. Un peu plus de 600 pages et la Mongolie comme toile de fond. Une fillette trouvée par des nomades enterrée avec son tricycle, un autre crime à Oulan-Bator d’une grande violence mêlant sexe et racisme révélé quasi simultanément, et voici le flic Yeruldelgger avec deux affaires sur les bras. À quoi vont s’ajouter rapidement des souvenirs personnels douloureux.
Moi, ça m’a embarqué, même si quelquefois j’ai trouvé les ficelles un peu grosses, j’avais envie de voir comment les choses allaient se passer dans ce pays de steppes dont les descriptions m’ont souvent estomaqué. Mais, outre ces descriptions, le livre place la Mongolie au carrefour de l’ex-URSS, de la Chine et du chamanisme, les deux premières ne cachant pas leurs ambitions conquérantes, le troisième portant des valeurs assez proches, au fond, de la psychanalyse : le rêve n’y est pas prémonitoire ni porteur de symboles mais seulement l’expression de ce qu’on a en soi. Ainsi Yeruldelgger va chercher à comprendre ce que son rêve lui avait indiqué et cette résolution même donne son intérêt au récit que je n’ai pas lâché, dont les titres des chapitres sont faits des derniers mots de ces chapitres, comme si l’auteur, par ce procédé, remontait régulièrement le mécanisme de ma lecture.