Renzo Nervi et Arthur Forestier sont comme les deux doigts de la main : ces deux là ne se quittent jamais mais s'ils peuvent parfois être en désaccord.
L’un est un artiste-peintre à la limite de l’anarchie et en pleine crise existentielle, l’autre est propriétaire d’une galerie d’art à Paris qui se focalise presque exclusivement sur l’œuvre d’un seul artiste : Renzo Nervi. Arthur y consacre sa vie, son énergie, il tricote autour de son artiste un univers fait de commandes, de tentatives, d’expositions tandis que l’artiste lui-même détricote, casse, saccage parfois même.
Car Renzo, dévasté par la disparition d’une femme qu’il a profondément aimée, ne sait pas bien où il va : pourquoi vivre, pourquoi peindre, pour qui ?
Dans « Un coup de maître », Rémi Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie, Un heureux événement, Zafara, Le mystère Henri Pick…),adapte un film argentin, réalisé par Gastón Duprat*
Il signe un long-métrage à la fois loufoque, drôle, tendre qui questionne les comportements humains avec un supplément d’âme.
Il offre par la même occasion au spectateur estival une savoureuse fable comique qui stigmatise l’imposture dans la sphère de l’art animée par la marchandisation et la spéculation.
Son coup de maitre flingue avec justesse mais sans méchanceté le monde de l’art moderne, son mercantilisme et ses modes atterrantes de bêtise.
Car cette dramédie récréative et poétique dénonce l’incompatibilité entre l’art et le capitalisme, la façon dont les artistes doivent cohabiter avec ce nouveau système et la manière dont l’oligarchie s’approprie les trésors culturels pour afficher leur réussite financière.
C'est un beau roman d'amitié
Mais le film parle aussi d’une belle histoire d’amitié, farfelue mais attendrissante.
Le duo Vincent Macaigne/Bouli Lanners fonctionne à la perfection, ce qui rend l’histoire en même temps encore plus folle et mieux maitrisée qu’elle ne l'était dans la version originale.
Si on se pose souvent la question « jusqu’où irions-nous par amour ? », ce film questionne le fait de savoir jusqu’où serions-nous capables d’aller par amitié , et y répond de manière assez poussée, voire radicale. Retrouver une œuvre perdue chez une petite amie ou revendre l’intégralité des œuvres de Nervi au prix fort par des méthodes illégales, autant de séquences que Rémi Bezançon façonne avec une gourmandise contagieuse.
Le spectateur jubile de les voir se débattre comme des diables pour survivre, à tenter de renaître l’un et l’autre au milieu de cette farce qu’est devenu le monde.
Bouli Lanners fidèle à son habitude, crève l’écran en peintre génial mais acerbe, lui qui a étudié aux beaux arts en Belgique est excessif, joueur, têtu, bourru, certes, mais avec précision et justesse.
Un coup de maître séduit par la force de son duo mais aussi par la tendresse et la drôlerie notamment lors d’un dernier acte assez délirant.
Jusqu’à sa conclusion, où la morale transcende la comédie.
Une des vraies bonnes surprises de l'été!
Un coup de maître, long-métrage de Rémi Bezançon produit par Isabelle Grellat,
Avec Bouli Lanners, Vincent Macaigne, Aure Atika, Bastien Ughetto…
AU CINÉMA LE 09 AOÛT 2023
* les réalisateurs français semblent bien apprécier ce réalisateur puisque l'an passé Citoyen d'honneur était déjà un remake d'un autre film qu'il avait réalisé
Un coup de maitre, un long-métrage loufoque, drôle, tendre qui questionne les comportements humains avec un supplément d’âme.
— Baz'art (@blog_bazart) August 5, 2023
Le duo Vincent Macaigne/Bouli Lanners fonctionne à la perfection, ce qui rend l’histoire encore plus folle que dans la version originale. pic.twitter.com/WK3fN6X2qY