L'Eurodistrict Strasbourg-Orteanu en débat sur Relatio-Europe

Publié le 18 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Lundi, 18 Août 2008 19:54


L'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau aurait pu (du) devenir ces dernières années un modèle du genre, une entité transfrontalière-pilote. Il ne l'a pas été...pour une série de raisons qui mériteraient de longs développements. Mais ce qui compte c'est l'avenir. Qui s'écrit au présent. Et qui peut s'inscrire d'une manière très positive dans le paysage rhénan, si l'élan nouveau que cherche à lui insuffler Roland Ries n'est ni brisé ni limé.

Relatio-Europe relance le débat sur l'Euro-district.
Toutes celles et tous ceux qui ont des idées à faire valoir, des suggestions à soumettre au débat ou des réticences à faire valoir peuvent évidemment nous adresser des textes à publier ou non. Sur ce dossier comme sur d'autres Relatio-Europe est un forum ouvert. Ecrivez- nous : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ">Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. "> &Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. &   Ou utiliser la case « commentaire »
Aujourd'hui, René ECKHARDT, qui raisonne et agit depuis longtemps en passe-frontière, soulève une question-clef rarement abordée : la dimension de cet Euro-district. Le terme même de « district » lui semble peu adapté au dessein qu'impose l'impérative nécessité de penser et de vivre cet espace d'un "vivre ensemble" digne de l'idéal européen.
Pourquoi une Euro-Régio (n) plutôt qu'un Eurodistrict ...


Par René ECKHARDT

Reprenons la définition des mots « District » : Etendue d'une juridiction (cf. LAROUSSE) et « Région » : Grande étendue (cf. LAROUSSE).Une Communauté de Communes telles que la Communauté urbaine de Strasbourg, le Grand Lyon, Lille etc., sont des étendues d'une juridiction dont les objectifs principaux consistent à mutualiser des moyens humains et matériels ; autour d'une agglomération leader qui fait profiter les communes proches des moyens dont elle dispose.
A l'inverse, une Région telle que la Région Alsace et toutes les autres, a une fonction opérationnelle et se doit de développer le futur en initiant des projets et en les mettant en œuvre dans les domaines pour lesquels l'Etat n'a pas les compétences nécessaires soit par son éloignement soit par sa méconnaissance des problèmes régionaux.
La définition du « régionalisme », toujours d'après le LAROUSSE : Doctrine qui favorise les groupements régionaux. Cette doctrine est évidemment encore plus crédible dans un état fédéral tel que la République fédérale d'Allemagne, mais elle est également au cœur des préoccupations françaises par la décentralisation des gestions des budgets pour être plus proches des citoyens comme la formation, la gestion des Lycées les transports, la santé etc.


Administrativement, la France dispose d'une structure intermédiaire que sont les départements dont l'existence est remise en cause depuis des décennies, principalement dans les régions de tailles réduites comme l'Alsace et la Corse par exemple.
Que devrions-nous dire dans ce cas d'une structure Européenne, dans laquelle la France fait office d'une «Région », subdivisée elle-même en Régions, Départements, Communautés de communes, Communes et arrondissements.
Près de ¾ des décisions importantes sont actuellement déjà du ressort de l'Europe alors que le citoyen Français est à 5 instances du pouvoir décisionnaire ! L'explication du désintéressement du citoyen à la politique qui se manifeste à chaque consultation électorale y trouvera certainement ses raisons.
Face à cela nous avons créé des grandes Régions telle que celle du Rhin Supérieur qui intègre l'Alsace, le Pays de Bade et les 2 Bâle en Suisse (Bâle ville et Bâle campagne) et nous avons créé des instances intermédiaires comme PAMINA qui regroupe les régions du Palatinat, du Nord du Pays de Bade et la région Nord du Bas Rhin appelée « outre Forêt » !

Ces instances, à l'instar de leur « grande sœur » d'Aix la Chapelle et de Venlo, ont initié un certain nombre de projets dans les domaines divers notamment du transport mais également dans l'amélioration de la qualité de vie de leurs habitants.
Au-delà de leur rôle d'initiateurs de projets, elles participent à des instances régionales plus larges en qualité de conseillers, proches des préoccupations de leurs habitants.
L'Euros Régio Club (Association créé en 1991 et dont l'objectif est la création de relation entre les personnes morales et physiques à l'échelle Franco-allemande) avait invité en 1992 le Directeur de l'Euro-Régio d'Aix la Chapelle afin de nous présenter le fonctionnement de son institution. Il y a 16 ans il nous confiait qu'aucun projet d'envergure ne se réalisait tant du côté Allemand que Néerlandais ou Belge sans que son institution n'ait été consultée.
La réussite de PAMINA est très semblable à celle d'Aix la Chapelle et les villes de Karlsruhe/Ettlingen, Speyer et Wissembourg/Lauterbourg échangent leurs idées et leurs expériences, pour initier de nouveaux projets.
De même l'exemple de la Région Tri-Rhéna au sud de l'Alsace qui comporte les villes de Mulhouse et Colmar en France, Fribourg en Allemagne et Bâle en Suisse ont réalisé un certain nombre de projet comme le développement des pôles de compétitivité, les projets de raccordement des voies ferroviaires à l'aéroport de Bâle/Mulhouse etc.
Devant tous ces exemples de réussites, il se pose la question de l'échec de Strasbourg dans la création de « l'Eurodistrict ».
-1er constat : le choix des limites de cet Eurodistrict. Les critères pris en compte par les exemples que nous avons cités, sont des critères liés à des aspects culturels et non économiques tels que le nombre d'habitants, le PIB ou tout autre élément. Il ne sera pas possible d'obliger des gents à collaborer et construire un avenir commun s'ils n'en ont pas envies !
Je me souviens d'une réunion de préparation à une manifestation au cours de laquelle nous avons proposé d'inviter les responsables des 2 centres commerciaux en cours de construction à env. 1 kilomètre de distance mais l'un à Kehl en Allemagne et l'autre à Strasbourg, à débattre en public sur leurs stratégies qui, je l'espère, ont leur spécificités, et où un institutionnel Strasbourgeois m'a menacé de retirer sa participation si le patron de « ce Centre Commercial de Kehl » participait officiellement à la manifestation !
Je ne suis pas certain qu'une telle réaction aurait été imaginable dans l'enceinte de PAMINA ou TRI-RHENA.
-2e constat : Le ressentit des villes (de leurs habitants) est d'avantage celle des communes de la CUS qui ont l'impression de participer au développement de Strasbourg plutôt qu'à « leur » développement. La profession immobilière pourra confirmer qu'il y a d'avantage de demandes pour l'acquisition de terrains hors CUS que dans la CUS. Le développement de communes comme ACHENHEIM, FURDENHEIM etc. en sont les preuves. Je pense que la dominance voulue ou non, de Strasbourg face à des communes très dynamique comme ACHERN, OFFENBURG KEHL etc.est un frein non pas pour les élus mais pour les citoyens...et tout ne se fera qu'avec les citoyens ou ne se fera pas !
-3e constat : Les moyens économiques mis à disposition par Paris pour réaliser un Eurodistrict n'ont pas été fournis comme on aurait pu l'espérer à l'annonce de la création d'un Eurodistrict modèle ! Quelles auraient été les motivations de PARIS ou de STUTTGART, capitale du Land Bade-Wurtemberg pour attribuer un budget dans le but de renforcer le « pouvoir » de Strasbourg et de l'Ortenauer-Kreis ...si ce n'est de répondre à la volonté d'un Président et d'un Chancelier dont on connaissait leurs chances réduites d'une réélection.
En ce qui concerne le Chancelier Gerhardt SCHRÖDER, il n'a jamais caché sa volonté, par nécessité ou non, de promouvoir le développement vers les pays de l'Est au détriment bien évidemment des accords Franco-allemands. Cette politique plaçait l'Allemagne dans une position stratégiquement incontournable en Europe.

L'EURODISTRICT est il condamné ? Certainement pas et il faut ce réjouir que le Gouvernement SARKOSY ait pris la sage décision de confier un budget pour son développement à l'Entente Franco-allemande présidée par l'ancien Ministre André BORD et qui pourra désormais mettre ses compétences et son expérience au service d'un projet d'avenir...en espérant que ce budget soit à la hauteur des ambitions.
Ensuite il me semble indispensable de revoir les limites géographiques de cet espace. Côté français les limites actuelles (CUS) ne permettraient que très difficilement d'accueillir un investisseur industriel de grande envergure, faute de réserves foncière alors que des villes actuellement « exclues » de l'espace « Eurodistrict » comme MOLSHEIM, ERSTEIN, HAGUENAU, SAVERNE etc., bénéficient de réserves importantes et d'une infrastructure conséquente.
Côté Allemand et sans remettre en cause la structure administrative existante des « Kreis » (mais s'il faut créer pourquoi ne pas créer une nouvelle structure ?) des villes comme ACHERN et BADEN-BADEN apporteraient une contribution notamment dans le développement touristique avec un aéroport dont nous aurions certainement d'avantage à gagner en cherchant sa complémentarité avec l'aéroport de Strasbourg-Entzheim (tout comme avec LAHR du reste).
Ces villes côté français ou allemand ne font partie d'aucun espace comme PAMINA ou TRI-RHENA.

Ensuite je pense qu'il est indispensable que la volonté de créer cet espace vienne des citoyens !
Rappelons nous que les citoyens du pays de Bade avait soutenu le projet de l'apprentissage de la langue du voisin et qu'une minorité d'entre eux en a obtenu l'annulation au Tribunal Administratif de MANHEIM !
Les organisations associatives comme le Forum Citoyen, le Forum Carolus, l'Euro Régio Club etc. sont des structures qui permettent de relayer dans les deux sens les flux d'informations.
La consultation par voie de référendum me semble une excellente idée mais un peu prématurée. Après le sentiment d'échec du lancement de l'Eurodistrict, l'avis de la population risque d'être négatif et il me semble préférable de redonner confiance, ne serait-ce qu'en communiquant sur les réalisations déjà acquises avant de poser cette question...d'autant moins que le principe du référendum local n'est pas prévu dans la constitution allemande.
Toutes les erreurs sont permises mais pas leur répétition ! Ne refaisons pas la même erreur que pour la constitution européenne.
Si nous voulons financer ce développement avec une manne qui viendrait de Stuttgart, Berlin, Paris ou...Bruxelles, nous n'y parviendront que par des projets concrets qui représenteraient un intérêt pour la collectivité.
Et nous revoilà au départ de mon propos : est-il plus facile de démontrer l'intérêt d'une collectivité régionale ou d'une collectivité local type CUS ?
J'ai pour, ma part, la faiblesse de penser que l'Etat ou l'Europe participeront plus volontiers à des projets d'une EURO REGIO plutôt que d'un EURODISTRICT.

René ECKHARDT
Président de l'Euro Régio Club
Vice Président du Cercle RELATIO-EUROPE
Président d'Honneur de Confédération Européenne des Associations de P.M.E
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