Elles sont deux dans le cercle, Mathilde Roy et Cécile Fradet. Pas de musique. Seulement elles, leurs pas sur le sol, leurs souffles, leurs cris. Le titre est au singulier : la colère n’est pas une addition, elle est un geste, parfois désordonnée (« le désordre, disait Léo Ferré, c’est l’ordre moins le pouvoir »), elle agite, tend, présente ses idées noires, qui me font penser à celles de Frankin, noires ou rouges qu’on extirpe de soi autant de fois qu’il faut. Et elle peut prendre toutes les formes, se recroqueviller pour mieux bondir, séparer ou réunir.
Derrière les danseuses, de l’autre côté de la rue, je vois une banderole et sa colère qui ne veut pas se taire. Parfois la colère de la rue voudrait « fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres / D’être parmi l'écume inconnue et les cieux » (Mallarmé). Mais une main retient, mais un regard appelle, une douleur doit être dite à quelqu’un. Une révolte. Une solidarité.
Un autre spectacle de Muchmuche Company a été présenté, dans ce blog, ici.