Sages-Femmes de Studio

Publié le 01 août 2023 par Hunterjones
Bob Johnston est né dans une famille musicale, dans les années 30. Sa grand-mère écrivait de la musique, et sa propre mère, Diane Johnston faisait de même, signant des morceaux pour Gene Autry ou Asleep at The Wheel. Après un passage dans la Navy, dans les années 50, Bob et sa mère ont collaboré ensemble à écrire pour Mac Curtis. Dans le style rockabilly. Il a même enregistré sous le nom de Don Johnston. 

À 32 ans, il travaille pour la maison de disque Kapp Records comme arrangeur musical et à la production. Il épouse aussi Joy Byers, qui écrit de la musique avec lui. Ensemble, ils écrivent beaucoup. Ils écriront près de 20 chansons pour Elvis et quelques autres artistes. Donc Bill Haley & His Comets. 

Il passe à la production pour Patti Paige, puis, obtient le contrat pour produire Bob Dylan, au moment où il passe électrique. Entre Bob, ils s'entendront à merveille. Ils travailleront ensemble 6 albums. Entre 1965 et 1970. Au début de la chanson To Be Alone With You, Dylan se demande si Johnston enregistre bien et lui pose la question "Is it rolling, Bob ?" avant de passer à la chanson. Extrait qu'il a gardé sur l'album Nashville Skyline

Johnston a travaillé avec Simon & Garfunkel. Il est aussi l'homme derrière le fameux Live at Folsom Prison de Johnny Cash. Qui demandait une production particulière en milieu carcéral. Il travaillera 7 fois avec Cash. 3 fois avec Leonard Cohen aussi. 2 fois avec Pete Seeger. Une fois avec Loudon Wainwright III et à ma grande stupéfaction, il est aussi le producteur d'un de mes albums préférés: Fisherman's Blues, des Waterboys. 15 chansons du coffret de 1988.

On le disait sophistiqué et mettant tout le monde à l'aise, laissant l'artiste créer à sa guise et favorisant continuellement les idées nouvelles. Un de ses collègues à bien suivi les manières.

Tom Wilson

Tom est né au Texas dans les années 30. Jeune humain à la peau noire, il a donc composé très tôt avec le compromis social. Intelligent et scolarisé, il est universitaire orienté vers le jazz dans la radio étudiante de l'Université Harvard. Il empruntera de l'argent afin de fonder sa propre maison de disque produisant les premiers efforts de Sun Ra et Cecil Taylor. Il produit du jazz jusqu'au début des années 1960.  

Bob Dylan lui confie un texte d'une quinzaine de pages. qu'il finira par abréger et condenser dans un morceau de musique qui deviendra épique, de plus de 6 minutes. Ce qui reste encore un empêchement d'être un jour diffusé à la radio. Mais ce n'est pas Wilson qui le dira à Dylan. Il aime le risque. Il est lui aussi, très en faveur de l'innovation. La chanson dure 6 minutes. Ce sera la radio qui pliera, la jouant régulièrement malgré sa durée. Mais avant 1965, Wilson avait enregistré les trois albums précédents de Dylan qui avaient fait des malheurs dans l'univers folk, partout dans le monde. Il avait aussi produit les 4 derniers morceaux de The Freewheelin' Bob Dylan. Il produit aussi le premier album de Simon & Garfunkel, cet album comprenant la version acoustique de The Sound of Silence. Ce qui l'a aussi mené à travailler Mr Tambourine Man avec The Byrds. Wilson et Johnston travaillaient tous les deux pour des filières de Columbia Records. Face à un grand maigre moustachu et son band il n'entend qu'une seule chanson blues qu'il amène en studio, il reste surpris qu'ils soient finalement nettement autre chose aussi. Et donne son aval à tout ce que ces freaks proposent. Avec flair. Il a travaillé avec The Animals. Même si c'est Andy Warhol qui est le nom du producteur sur l'album The Velvet Underground & Nico (parce qu'il paie tout), Warhol, techniquement, ne produit rien. Tom Wilson fait le travail. Mais s'efface devant le plus grand nom commercial. 

Quand Dylan enregistre Like a Rolling Stone, un jeune ami à lui passe en studio dans l'espoir d'être recruté pour y place de sa guitare. L'ouverture ne se présente pas pour ce jeune homme. Mieux encore. 

Al Kooper

Koop à gauche

Al sait jouer de plusieurs instruments, dont le piano. Al Kooper a 20 ans. Dylan vient de demander à Frank Owens de passer de l'orgue au piano quand Kooper demande à Wilson, entre deux prises de son, si il peut aller à l'orgue. Il a une idée d'arrangement pour l'orgue Hammond sur le morceau. Wilson lui répond qu'il n'est pas joueur d'orgue. Ce qui n'est pas lui dire non. Kooper s'installe donc à l'orgue et oublie de couper son micro. Quand Dylan et son band font le morceau pour la xème fois, il entend ce que Kooper a improvisé. Wilson lui dit qu'il effacera, qu'il n'y a rien à craindre. Non seulement Dylan lui dit qu'au contraire, monte le son là-dessus, je veux tout ça, mais fait de Kooper un membre de son band par la suite Kooper aura la chance de rencontrer et de travailler avec Mike Bloomfield, dont il admire le talent. Il jouera du piano et de la guitare sur  le chef d'oeuvre Blonde On Blonde

Kooper sera claviériste pour The Blues Project et The Who et formera Blood, Sweat & Tears. Il sera pianiste d'un album de Jimi Hendrix Experience. Pour Let It Bleed des Rolling Stones, il est au piano et joue du cor français sur le mémorable dernier morceau. 

Les sages femmes sont indispensable et admirables dans la naissance d'un bébé.

Inspirantes aussi, de vraies super-héros.

Ces trois-là ont aidé à faire accoucher de petits bijoux musicaux.