Dans ce livre, malheureusement épuisé, mais qui pourrait se trouver en chinant chez les bouquinistes des quais de Paris, s'ils ne disparaissent pas du fait du Prince, Louis Millet traite du mal, du Mystère du mal, la question essentielle, la plus grave de toutes.
Avec Aristote et Saint Thomas d'Aquin, Millet définit le mal comme étant une privation, la privation de ce qui est bien ou bon. Le mal est-il pour autant une nécessité naturelle? Non. D'ailleurs ses formes les plus graves sont causées par des actions humaines.
Les actions humaines résultent de choix. Les hommes sont en puissance d'agir bien ou mal. Cette possibilité est une condition nécessaire mais insuffisante pour être libre. On ne l'est pas vraiment quand on se laisse entraîner par l'opinion, la passion, l'émotion:
La vraie liberté consiste à choisir le vrai bien.
LES ASPECTS DU MAL
Les souffrances et douleurs:
- Les douleurs du corps sur lesquels peuvent agir les calmants, influer le psychisme, la manière de vivre, la connaissance du fonctionnement du corps, l'abandon spirituel de certains.
- Les douleurs morales, les tortures passives, qui peuvent conduire d'aucuns à des extrémités par désespoir ou être surmontées par d'autres dans la vie d'union à Dieu, d'abandon à Dieu.
Les fautes et péchés:
- Les fautes sont des violations de règles morales.
- Les péchés des offenses faites à Dieu.
Le mal vivre et le bien vivre:
- Le mal vivre, c'est vivre contre la nature de l'homme qui est un être en relation: c'est l'individualisme fermé.
- Le bien vivre, c'est vivre avec les autres, pour autrui, le contraire du pour soi sartrien: c'est l'ouverture à la réalité (du monde et des personnes).
LA RACINE SPIRITUELLE DE NOS MAUX
Ce qui est à l'origine des maux, ce sont:
- L'orgueil, c'est-à-dire la certitude de son excellence, ne pas voir ce qui est mauvais en soi-même.
- La superbe, c'est-à-dire se croire au-dessus des autres, se faire Dieu, se fermer aux avis et aux conseils.
La vertu d'humilité, qui est soumission de l'homme à Dieu, permet au contraire de connaître sa limite.
L'Agneau de Dieu, doux et humble de coeur, est absolument autre que l'orgueilleux:
L'acceptation libre de la Passion et de la Crucifixion est essentiellement un acte d'Amour parfait de Jésus, pour son Père et pour nous.
Cette humilité ne peut se comprendre par la raison: la Croix est une sublime folie. Y sont unis justice et miséricorde:
- Le Christ a satisfait pour le péché du genre humain.
- Les hommes ne pouvaient pas par eux-mêmes satisfaire pour cette masse de péchés de l'humanité.
LE PÉCHÉ ORIGINEL
Le péché originel est un mystère. Mais, comme le dit Pascal:
L'homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n'est inconcevable à l'homme.
Le péché originant, le péché personnel d'Adam et Ève, est la transmission à la nature humaine d'un état déchu. Le péché originé est contracté, non commis: c'est l'état de l'humanité en chacun de nous, non un acte personnel.
Le mystère du mal continue: Satan est vaincu par le Christ, mais il n'est pas anéanti.
Suivre le Christ, obéir à Dieu, consiste non pas à décider du bien et du mal, mais à distinguer le mal du bien, à savoir que ce qui est mal est mal, et, pour ce faire, ne pas se laisser séduire, fuir les occasions du péché.
CONCLUSIONS
Dieu tout-puissant et miséricordieux permet que des actions mauvaises soient faites, parce que leurs auteurs sont libres; il donne son Fils unique, incarné, pour que nous soyons sauvés de tout cet océan de péchés, y compris le péché originel qui est l'opposition première, gravissime, à l'amour divin.
[...]
"Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est même pas venu l'expliquer, il est venu la remplir de sa présence."
Paul Claudel
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C'est l'Église qui nous sauve et non l'inverse.
Francis Richard
Le mystère du mal, Louis Millet, 134 pages, Sicre Éditions Paris (2000)
Livre de Louis Millet précédemment chroniqué:
La métaphysique en toute simplicité, 190 pages, Pierre Téqui