"Engagez-vous,
qu'ils disaient : président de la République, c'est pas difficile. Il suffit de passer dans Match, d'avoir une femme qui défend les ours bruns des
Pyrénées, des jolies lunettes et un peu de bagou. Rien qu'avec ça, tu feras une sacrée rupture d'avec
Chirac...Tu parles...On m'avait dit : tu verras, l'opposition n'existe pas, les syndicats sont impuissants et si tu te débrouilles, en étant un peu persuasif, tu auras la presse à
tes pieds.
Pour la diplomatie, on m'avait dit :
"Fais le jeu des Américains, c'est eux les plus forts, t'auras pas de problème..." Pour
l'Europe, c'était un peu pareil, on me disait que ça allait rouler, que je pourrais prendre des vacances tranquilles, même tout au début de la présidence...Tu parles...
Mais putain, c'est la guerre. Qu'est-ce que je fais, moi, là ? Je débute, j'y connais rien. Ah, je comprends mieux le refus de
Chirac de s'engager en
Irak. C'est plus peinard de pas s'engager. Mais là, c'est trop tard, j'y suis en
Géorgie, jusqu'au cou, ridicule. A côté de ça, mon allégeance envers la Chine, c'est presque marrant, tiens.
Oui, c'est vrai, quand on boit des coups avec
Poutine, quand on fait
copain-copain avec Bush, comment être crédible, après, quand on se retrouve entre la pierre et l'enclume...? Hein ? Comment on fait ?
Ben on fait pareil, on se dit que c'est les Américains les plus forts et on leur laisse finir le boulot...Je suis en vacances, là, mais je crois que mon sérieux en a pris un coup...Il paraît qu'on m'appelle le stagiaire qui
débute, en haut lieu...La honte !"
CC