“Eleanor Rigby”, œuvre majeure des Beatles, est un chef-d’œuvre lyrique qui explore la solitude et les souvenirs éphémères. Son écriture, attribuée principalement à Paul McCartney, s’est détournée des thèmes amoureux conventionnels pour explorer des sujets plus sombres et introspectifs. Au cœur de sa création, le personnage d’Eleanor Rigby est inspiré d’une vraie dame solitaire que McCartney connaissait et la mélancolie de la chanson est accentuée par ses arrangements uniques et ses harmonies vocales.
Eleanor Rigby” est un exemple éclatant de l’art des Beatles, suscitant sans effort un kaléidoscope d’interprétations grâce à ses nuances lyriques finement élaborées.
Son essence poétique transcende les frontières et, pour certains, il s’agit d’une réflexion poignante sur la solitude, tandis que d’autres y voient une complainte sur la nature insaisissable des souvenirs, à jamais hors de portée. La beauté d'”Eleanor Rigby” réside dans sa capacité à rester intemporelle, devenant une toile pour une myriade d’émotions et de réflexions.
La chanson a été écrite principalement par Paul McCartney, avec quelques contributions de son complice John Lennon. L’inspiration de McCartney pour cette chanson est venue du désir de s’éloigner des paroles typiques sur le thème de l’amour qui prévalaient dans nombre de leurs œuvres précédentes. Il voulait explorer un sujet plus sombre et introspectif.
Eleanor Rigby” raconte l’histoire de deux personnes solitaires : Eleanor Rigby, une femme âgée qui ramasse le riz après les mariages, et le père McKenzie, un prêtre solitaire qui écrit des sermons que personne n’entend. Lors de l’écriture de la chanson, McCartney a toutefois procédé à quelques révisions avant d’aboutir au morceau que nous entendons aujourd’hui.
“J’étais assis au piano quand j’y ai pensé”, a-t-il déclaré. “Les premières mesures me sont venues à l’esprit, et j’ai eu ce nom en tête… Daisy Hawkins ramasse le riz dans l’église. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas trouvé grand-chose d’autre, alors j’ai mis la chanson de côté pendant une journée. C’est alors que le nom de Père McCartney m’est venu à l’esprit, ainsi que celui de toutes les personnes seules”.
Il poursuit : “Mais j’ai pensé que les gens penseraient qu’il s’agissait de mon père assis en train de tricoter ses chaussettes. Papa est un garçon heureux. J’ai donc consulté l’annuaire téléphonique et j’ai trouvé le nom McKenzie. J’étais à Bristol quand j’ai décidé que Daisy Hawkins n’était pas un bon nom. Je me suis promené dans les magasins et j’ai vu le nom Rigby. J’ai ensuite emmené la chanson chez John, à Weybridge. On s’est assis, on a ri, on s’est défoncé et on l’a terminée”.
Lire La chanson de Paul McCartney qu'il dit être comme "Eleanor Rigby" et "Rear Window".Le personnage lui-même est inspiré d’une personne bien réelle, une vieille dame que McCartney connaissait et avec laquelle il s’entendait bien. “Je ne sais même pas comment j’ai rencontré Eleanor Rigby”, dit-il, “mais j’allais chez elle, et pas seulement une ou deux fois. J’ai découvert qu’elle vivait seule, alors j’allais chez elle et je discutais, ce qui est un peu fou quand on pense que je suis un jeune homme de Liverpool. Plus tard, je lui proposais d’aller faire ses courses. Elle me donnait une liste, je la ramenais et nous nous asseyions dans sa cuisine”.
C’est l’insoutenable solitude de cette femme qui a frappé McCartney, et c’est pourquoi, dix ans plus tard, il a écrit la chanson. “Je me souviens encore très bien de la cuisine, parce qu’elle avait un petit poste de radio à cristaux”, a-t-il déclaré. “Ce n’est pas une marque, il y avait un cristal à l’intérieur. Les radios à cristaux étaient très populaires dans les années vingt et trente. Je lui rendais donc visite, et le simple fait d’entendre ses histoires enrichissait mon âme et influençait les chansons que j’écrirais plus tard”.
La composition unique au cœur d'”Eleanor Rigby” ajoute à cette allure mélancolique, créant un fantôme à l’intérieur même de ses sillons, rehaussé par ses cordes et ses harmonies vocales. Sa signification est souvent négligée, mais on comprend sa beauté lorsqu’on voit dans son reflet une parabole de la vie moderne et de la profonde déconnexion qui existe même au milieu d’une société en pleine effervescence.