Magazine Société

Groseilles narquoises

Publié le 29 juillet 2023 par Réverbères

 Groseilles narquoises
FMG©2023

Depuis que notre superbe jardin a perdu sa jardinière préférée, il se laisse aller un peu à l’abandon. On peut le comprendre : « Un jardin sans jardinier, c'est comme les souris quand le chat n'est pas là ! C'est le bazar ! », écrit un certain Barnabé. Il n’y a pas de chats à la maison, c’est peut-être pour cela qu’il y a les souris. Allez savoir. En tout cas, le jardin sans jardinière, c’est le bazar, je confirme.
 
Les dernières victimes sont les nombreux buis qui le peuplaient. La jardinière passait beaucoup de temps à essayer de les sauver des ravages de la pyrale des buis et autres champignons agressifs. Découragée, elle me disait chaque année : « C’est la dernière fois que je m’escrime, le combat est inégal ». À propos de combat inégal, la jardinière y connaissait quelque chose. Les buis lui ont survécu et j’ai essayé de reprendre la lutte. Ça fonctionnait vaille que vaille, mais là, ça y est : en deux ou trois jours, ils sont tous foutus.
 
Bref, tout pousse de manière un peu sauvage : la glycine, les rhododendrons (pas fameux cette année), le magnolia, les azalées, les jacinthes sauvages, les weigelias, le chèvrefeuille, les pivoines, les iris, les clématites, les roses, les geraniums, les cornouillers, les lysimaques, les seringats, les muscaris, les callicarpes, les hydrangeas, les spirées, les alchemilles, les bignones, les hibiscus, les anémones, les pieris, les ellébores, les primevères, les myosotis, et toutes d’autres plantes dont je ne connais pas les noms. Dans tous les cas, j’ignore complètement ce qu’il faut faire pour les entretenir.
 
Parmi toute cette végétation, il y a quelques plants qui sont censés donner des fruits. Mon œil ! Quand la jardinière était là, il y avait bien quelques fraises sauvages qui montaient le bout de leur nez pour aussitôt se faire dévorer. Elle avait planté aussi quelques petits fruitiers, style framboisier, cassissier et groseiller. Des cassis, on n’en a jamais eus. Des framboises, ce fruit merveilleux, je les ai comptés cette année sur les doigts d’une main. Et puis, il y a ces groseilles qui me narguent. Je n’ai jamais trop aimé ce fruit. Quand j’étais jeune, ma maman en faisait de la confiture ou de la gelée que je mangeais pour lui faire plaisir, sans plus. Depuis que j’ai quitté le nid maternel, je ne mange plus de confiture. Mais voilà, il y a ces groseilles. Elles ne sont pas très nombreuses, mais elles sont là, protégées des oiseaux par un filet que la jardinière avait placé avec les meilleures intentions du monde. Donc, ces groseilles sont là semblant me dire : « Tu vois, même sans la jardinière, la vie continue avec ses petits plaisirs » ! Je vous le dis, elles me narguent. Et je me laisse prendre : chaque fois que je passe devant elles, j’en récolte quelques-unes et je les mange là, directement de la plante à ma bouche, comme un baiser adorable, malgré son acidité.
 
Ah oui, un détail dans cette histoire : quand j’étais louveteau, il y a plus de soixante ans, j’ai été totemisé. Je vous le donne en mille : Groseille narquoise !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Réverbères 3169 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine