La ruse ? C’est le noyautage des uns par les autres, les rafles et les massacres destinés à terroriser les populations. La France est toujours présente avec ses services secrets – la DGSE, la DST, ses émissaires plus ou moins mandatés pour négocier les libérations d’otages, les indics à plusieurs casquettes.
Et un héros à cheval sur les deux univers : le lieutenant Tedj Benlazar, rescapé jadis de l'attentat du Drakkar à Beyrouth, détaché auprès du terrible service de renseignement militaire algérien DRS. Mais il y joue le rôle de Cassandre comme dans la tragédie d’Eschyle : il a les intuitions et sait recueillir les signaux faibles mais sa hiérarchie ne le croit pas … sauf son supérieur Bellevue, qui est bien malade.
En réalité, la France joue un jeu dangereux : elle soutient la dictature militaire contre l’instauration d’une théocratie religieuse qui conduirait à l’extension du conflit à la France et produirait inévitablement un afflux de réfugiés en métropole.
Cette mécanique mortifère de coups tordus se développe dans ce premier tome de la trilogie qui se clôt sur l’attentat à la bombe à la station de RER Saint-Michel perpétré par Kahled Khekal en 1995.
Le style est foisonnant, les personnages complexes, on comprend les motivations des uns et des autres … Un roman qui n’a rien perdu, hélas, de son actualité.
La guerre est une ruse, polar historico-politique de Frédéric Paulin (2018), édité chez Gallimard – collection Folio policier, 446 p., 9,20€