Critique d’Iphigénie à Splott, de Gary Owen, vu le 16 juillet 2022 au 11 Avignon
Avec Gwendoline Gauthier accompagnée de Pierre Constant et Julien Lemonnier, mis en scène par Georges Lini
C’est pour ce titre intriguant que j’ai d’abord choisi Iphigénie à Splott. Je ne savais rien du spectacle, mais j’ai plutôt confiance dans la programmation du 11. Et puis Avignon a commencé et j’ai entendu de plus en plus de rumeurs sur ce spectacle. Que c’était LE truc à voir cette année. La pépite. Le coup de coeur. Je me méfie des bruits qui courent un peu trop dans le OFF – je me suis déjà fait avoir – alors je n’ai rien lu et je suis arrivée comme ça, comme quand j’ai choisi ce spectacle, juste curieuse. Et j’ai pris une petite claque.
La comédienne entre en scène. Elle balance une phrase au public. Et ça commence. Et ça ne s’arrêtera pas. Ce personnage a la rage. Elle a quelque chose dans le ventre qui va sortir dans un long monologue dans lequel elle racontera son histoire. Celle d’Effie, une jeune fille de ces quartiers pauvres de Cardiff, où tout n’est que misère. Celle d’une vie où le désespoir semble avoir tout contaminé. Et où soudain, une lumière a pointé le bout de son nez.
On aurait envie de dire que c’est un ring, mais ce n’est pas tout à fait ça. C’est un combat perdu d’avance, un combat injuste, un combat trop lourd à mener. Effie a un genou à terre mais elle continue à donner des coups. Elle donne l’impression que rien ni personne ne l’arrêtera.
On aurait envie de dire que c’est mené tambour battant, mais ce n’est pas tout à fait ça. C’est mené voix battante. Voix guitare basse violon synthé battants. C’est ce rythme effréné qui donne cette impression de flot inarrêtable. Ce déferlement de détresse, on se le prend dans la gueule. Littéralement.
Je dois reconnaître qu’au bout d’un moment, j’ai cherché un endroit où m’échapper. C’est tellement de rage, tellement de violence, tellement de malheur. Elle ne se laisse aucun répit, donc elle ne nous laisse aucun répit. Si elle prend, on prend. On est en apnée devant sa performance. Elle est constamment à la limite du supportable. Elle pose des petits orteils dessus mais ne la franchit jamais. Elle sait tenir son public en haleine, portée par les musiciens et les lumières. Elle sait manier les changements de rythme. Elle fait faire naître l’espoir. Elle sait utiliser cette lumière. Elle sait. Bravo.
Le bouche-à-oreille était donc mérité. C’est coup de poing.