Quand je la découvre, je suis moi-même assez punk. C'est 1987. J'ai la mèche qui me tombe sur un oeil.
Ma blonde a un rat mort comme pendentif (pour vrai). Elle l'a enduit de colle qui le solidifie et l'empêche de pourrir (pense-t-elle) et l'a peint en vert. On ne durera pas. On a 15 ans. Sinéad nous prends par les oreilles avec Mandika. Dans 3 ans, quand on aura notre premier système de CD, elle lance alors son second album et j'achètes ses 2 premiers parmi mes premiers CD. Les ai toujours. Instable, très vite on a compris qu'elle était brisée. Elle est peut-être la source de mon attirance pour les Femmes avec des fêlures perceptibles. Une compréhension de son côté irlandais puisque je le suis aussi ? peut-être. Je ne sais pas. Mais Prince s'est intéressé à elle, je m'intéresse à Prince, je m'intéresse à Sinéad. La chanson de Prince sera votée, dans les radios du 418, chanson de l'année. mais ce succès sera son dernier coup de gueule dans le monde populaire. Mais pas son dernier coup de gueule.Très vite, ce qu'on retiendra, c'est son agressivité. Quand elle choisit de déchirer la photo du pape à la caméra en disant qu'il faille combattre le vrai ennemi, suggérant la religion, elle ne se trompe pas. Mais ça ne passe pas. Nulle part. Elle ne s'en relèvera jamais dans l'opinion publique. On la dit troublée, on la voit troublée. Quand mes amis Maitre Kluzak et Docteur Brett (alors ni maitre, ni docteur) et moi se rendront en Californie, en passant par l'Ouest Canadien et en revenant par le Nevada, Chicago et New York, c'est son second album qu'on écoute toujours. Pas surprenant qu'à Fresno on eût voulu s'en prendre à nous. Elle attirait le trouble. Nous avions quoi ? 19 ans ? Surement pas 21, on faisait acheter notre alcool par des adultes choisis dans le stationnement. Dont certains voyaient la photo skinhead de Sinéad sur la pochette de son premier album trainer sur le banc du passager de la voiture sur laquelle on était accoté et c'était juste assez pour ne pas avoir envie de nous jaser. Son celtic funk du deuxième album nous plaisait tant, ses yeux aussi. Même si on voyait bien que le chien noir y logeait.
En appartement autour de 1993 ou 1994, une de mes co-locs a son dernier album. Plus big band. Jazz même. Ça ne mord pas, en ce qui me concerne. Elle n'aura jamais plus le succès de 1990. Sa voix est si unique qu'on l'invitera souvent sur des albums hommages. On veut sa trace vocale. Elle sera d'un hommage à Dylan, sacrifiée à la sortie de l'album et du montage vidéo parce que dans la foulée de l'hypocrisie religieuse qu'elle avait chatouillée. Elle sera du The Wall In Berlin et d'un hommage à Elton John/Bernie Taupin. De la trame sonore du film irlandais au sujet nettement irlandais In The Name of the Father.
Elle a travaillé avec Peter Gabriel que j'ai toujours aimé. Elle était fragile de partout.
Je l'avais sur un autre disque aussi, hommage brésilien. Quand elle a refusé de chanter si l'hymne national des États-Unis jouait avant un de ses concerts, l'ignoble Frank Sinatra a promis de lui botter le cul. Le crétin décède 8 ans plus tard. Il lui aurait touché, c'est moi qui serait allé lui botter le cul. On lui prête une première tentative de suicide en 1993. Fait partie d'un double hommage à Pete Townshend et Roger Daltrey. Elle sera la vierge Marie pour Neil Jordan. Chante aussi sur la trame sonore.Je ne veux pas réécrire ce que j'ai écrit sur elle, en 2015. J'ai de la peine. Elle n'avait que 56 ans. 3 ans de plus que mon amoureuse.
Elle avait un fils de 17 ans. Aussi victime de sa propre tête, qui a choisit de s'enlever la vie l'an dernier. Maman était devenue Islamique. Lui, a voulu comme dernier souhait faire une sortie Hindoue. Ce qui voulait dire uniquement son père et sa mère à son enterrement. Son souhait a été exaucé. Mais il s'est enlevé la vie. Ça l'a tué sa mère aussi.Elle a fait pareil hier.
Fallait pas, Magda Davitt.
Shuhada Sadaqat.
Elle a aussi été les deux. Elle était rarement elle-même. Mais toujours totale. Depuis 2021, sa vie, de son point de vue, de sa main était un succès de librairie.Sur son baptistaire elle est née Sinéad Marie Bernadette O'Connor.
Dans nos coeur, elle pouvait être pardonnable dans ses excès.
La mort n'est rien, tu n'as que glissé dans la pièce d'à côté, je suis moi et tu es toi, peu importe ce que nous étions l'un pour l'autre, nous le sommes encore. La vie aura voulu dire tout ce qu'elle t'aura dit. Elle restera la même qu'elle aura toujours été. Il n'y rien de brisé dans la continuité. Tu as ton fils à tes côtés.
Tu restes dans nos coeurs et nos têtes. Chanceusement mieux équilibrées.
suaimhneas síoraí