Depuis hier, Twitter – ou plutôt X, puisque c’est ainsi qu’il faut maintenant appeler la plateforme détenue par Elon Musk – permet à ses utilisateurs payants de télécharger les vidéos qui sont postées sur le réseau. Une nouvelle fonctionnalité qui vient renforcer le grand plan d’Elon Musk pour transformer l’oiseau bleu en un marché global regroupant l’audio, la vidéo, la messagerie et les paiements. Une vision d’avenir ? Je ne sais pas ce qu’il en est pour le reste, mais en ce qui concerne la vidéo, il me semble qu’il faut rester prudent.
Toute personne qui paie ses dix euros mensuels pourrait donc dès aujourd’hui télécharger n’importe quelle vidéo sur Twitter ? C’est un peu plus compliqué que ça. D’après le centre d’aide de Twitter, les utilisateurs vérifiés peuvent à présent « télécharger des vidéos à partir de certains Tweets pour les visionner hors ligne, ou faire preuve de créativité et remixer ces vidéos pour créer un nouveau contenu ». Il y a deux informations dans ce descriptif.
D’abord, si toutes les nouvelles vidéos devraient pouvoir être téléchargées, ce sera toujours à l’auteur de décider s’il met sa vidéo à disposition des autres utilisateurs ou s’il préfère désactiver la fonction. Il y a également une limite d’âge un peu étrange, qui désactive le téléchargement pour les utilisateurs de moins de 18 ans. Je suppose que sur un réseau qui s’appelle « X », c’est une question de prudence (ou il s’agit d’une blague, ce qui serait à peine étonnant venant d’Elon Musk). Enfin, si un compte est privé, seuls les abonnés à ce compte pourront télécharger les vidéos.
L’autre information, c’est la possibilité de remixer les vidéos pour en faire un nouveau contenu, un principe déjà présent sur YouTube ou sur TikTok. C’est surtout ceci qui est intéressant, puisque ce faisant, X révèle une de ses ambitions : pouvoir compétitionner avec les ténors de la vidéo. Twitter permettait déjà depuis quelques mois à ses abonnés payants de mettre en ligne des vidéos d’une durée totale de deux heures. Si on ajoute à cela le fait qu’Elon Musk a annoncé vouloir rémunérer les créateurs de contenus (s’ils sont abonnés payants), on obtient un écosystème dans lequel il est possible de mettre en ligne des vidéos de courte ou longue durée, de les partager avec les autres utilisateurs pour que ceux-ci se les réapproprient, et d’être payé pour ça. Effectivement, ça se rapproche de YouTube, TikTok ou Instagram.
La différence, c’est qu’il va falloir attirer suffisamment les utilisateurs pour que ce modèle rencontre le succès. Les jeunes sont déjà en masse sur TikTok, je ne vois pas vraiment ce qui les ferait venir sur X. Les autres sont sur YouTube et Instagram, deux plateformes gratuites, ce qui est un avantage de taille lorsqu’il s’agit d’atteindre une masse d’utilisateurs critiques pour qu’une fonctionnalité décolle. Qu’est-ce qui les ferait revenir sur X/Twitter ? Les futures fonctionnalités de paiement ou d’intelligence artificielle ? Je reste sceptique. Pendant ce temps, TikTok fait le pari inverse et permet maintenant de publier du texte en plus de la vidéo. J’interprète ça comme un tirage de langue à destination de X.
En attendant, Elon Musk va devoir porter sa croix, comme tout le monde : en permettant à ses utilisateurs payants de mettre en ligne des vidéos de 2 heures et de les télécharger, il risque de se retrouver face à un gros problème de modération, comme lorsque le film Super Mario Bros a été mis en ligne en intégralité sur Twitter. X va-t-il devenir l’endroit parfait pour les pirates ?
Ce qui est sûr, c’est que je ne m’attendais pas à parler autant de vidéo et de X en 2023 et que beaucoup de gens vont tomber sur mon blog alors qu’ils cherchaient complètement autre chose. De mon côté, je ne compte pas m’abonner à X pour disposer de ces fonctionnalités payantes. J’espère juste que les autres acteurs du marché ne vont pas prendre X en exemple comme Reddit l’a fait récemment) pour passer à un modèle payant. Vous imaginez un YouTube Premium qui permet de mettre en ligne des vidéos plus longues ou de télécharger n’importe quel contenu ? C’est peut-être le début de la fin pour la vidéo en ligne telle que nous la connaissions.
En attendant, vous pouvez me retrouver sur Mastodon, où je suis désormais plus actif que sur Twitter.
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