J'ai lu pendant ma semaine de retraite (où j'ai pu être plus conscient de la conscience) le livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort (sortie Novembre 2022). Voici une série d'extraits qui sera ma série de l'été...
...Tel est le déroulé complet d’une EMI. Toutes les personnes ne vivent pas cette expérience dans sa totalité. Comme le souligne le Dr Chris Roe, professeur de psychologie à l’université de Northampton (Royaume-Uni), « chaque NDE est unique et peut inclure n’importe quelle combinaison de phases. Les phases peuvent se produire dans n’importe quel ordre. Aucune caractéristique n’est commune à toutes les EMI ». Certaines personnes, par exemple, ne passent que par le stade de sortie du corps, quand d’autres ne perçoivent que des proches décédés et réintègrent leur corps, sans traverser les autres étapes. Il semblerait que plus l’expérience est complète, plus les changements ultérieurs chez la personne sont profonds. Ainsi, l’impact sera moindre sur celle qui n’a connu qu’une sortie du corps - elle sera sujette à moins de transformations intérieures sur le long cours - que sur celle qui a vécu la totalité du processus.
Revenons en détail sur chaque élément caractéristique de l’EMI.
La sortie du corps — out-of-body expérience (OBE)
Elle survient le plus souvent dans une situation où la personne est en danger : un accident entraînant une défaillance cardiaque, un infarctus, un incident au cours d’une intervention chirurgicale... La personne prend soudain conscience qu’elle n’est plus dans son corps physique, alors qu’elle le perçoit sur le sol ou sur la table d’opération. Elle est parfaitement consciente de la situation. Ses sens sont extrêmement vifs, aiguisés, sans aucune confusion. Elle voit son corps apparemment sans vie et n’en éprouve pas de frayeur particulière. Durant une telle expérience, certaines personnes affirment même avoir éprouvé un certain détachement, un certain désintérêt à son égard.
« La première chose dont je me souviens, c’était que j’étais sorti de mon corps. Comme si je flottais au-dessus de lui. Il y avait beaucoup de monde autour qui essayait de le réanimer mais je me sentais très détaché par rapport à lui. C’était comme si je regardais un vieux vêtement que j’avais mis autrefois mais dont je n’avais plus l’utilité. Je me sentais plus vivant que jamais. Sans douleur, sans besoin d’aucune sorte. J’étais juste “là”, présent dans cette paix qui m’enveloppait. C’est là que j’ai compris que nous ne sommes pas notre corps ! »
«Je me suis soudain retrouvée à environ deux mètres au-dessus de mon corps. Je ne l'ai pas immédiatement reconnu. L’équipe médicale s’agitait sur lui. Et puis d’un seul coup, j’ai su que c’était moi... ou plutôt que c’était mon corps parce que “moi”, je n’étais plus dans ce corps ! »
La personne se rend progressivement compte que les gens qui se trouvent autour d’elle ne l’entendent pas, ne la voient pas, alors même qu’elle essaie de communiquer avec eux. Elle capte parfois leurs pensées. Si elle se trouve dans un environnement hospitalier, elle voit les tentatives de réanimation des médecins pour faire repartir son cœur. En tant que témoin direct de cette scène, elle sera par la suite en mesure de décrire avec une grande précision ces procédures, même si elle était inconsciente à ce moment-là, en arrêt cardiaque, les paupières souvent closes - voire fermées avec des compresses et du sparadrap - et sans activité cérébrale lui permettant d’enregistrer la moindre information sensorielle.
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