Critique Ciné : Limbo (2023)

Limbo // De Ivan Sen. Avec Simon Baker, Rob Collins et Natasha Wanganeen.

Ivan Sen (Mystery Road, Sous les nuages) continue de prouver sa valeur cinématographique. Visuellement, Limbo est magnifique. A la fois pour les décors de l'arrière-pays australien que l'on ne voit pas tous les jours et pour ce magnifique noir et blanc. Limbo c'est l'enquête d'un détective sur le meurtre d'une jeune femme aborigène il y a vingt ans de ça. Une grande partie de l'historie se repose sur le talent de Simon Baker (The Mentalist), presque à contre-emploi mais qui transcende son rôle. Ivan Sen, aborigène lui-même, s'intéresse une fois de plus à son peuple en revenant sur ces crimes qui ont eu lieu il y a de ça des dizaines d'années. Ivan Sen maîtrise son noir et blanc avec brio, permettant de se concentrer sur ce qui a de l'importance et pas sur de l'esbroufe. L'injustice est ici la thématique du récit et Ivan Sen, qui a également écrit le script, parvient à délivrer des émotions pures tout en nous ramenant à ce que l'Australie préférerait probablement oublier de sa propre histoire.

Le détective, Travis Hurley, arrive dans une petite ville de l'arrière-pays australien pour enquêter sur l'homicide non résolu d'une femme aborigène, vieux de vingt ans.

Le noir et blanc permet ici de créer une atmosphère pesante qui met en avant l'isolement tout en soulignant les traits de caractère des personnages. Notamment ceux de Travis Hurley, détective accro à l'héroïne. Là aussi Limbo cherche à raconter quelque chose sur le désespoir d'un homme. En faisant la part belle aux images plongés dans peu de dialogues, on prend rapidement mesure de l'expérience des personnages et de la douleur qui les anime. J'avais adoré les décors de l'arrière-pays aborigène australien dans la série Firebite (qui est à voir elle aussi) mais ils sont ici utilisés différemment. Ivan Sen a clairement voulu que son film lui ressemble au maximum. Il endosse alors toutes les casquettes (réalisateur, directeur de la photographie, scénariste, éditeur et compositeur). Si cela peut parfois jouer contre le film, Limbo n'en reste pas moins étonnant. Simon Baker (The Mentalist) démontre une fois de plus toute l'étendue de son talent alors méconnaissable dans ce rôle de détective.

Au fond Limbo reste un film simple mais teinté de tout un tas de nuances qui passe dans l'interprétation et l'utilisation du noir et blanc. Ivan Sen parvient à faire quelque chose de différent de ses pairs car Limbo n'est pas là pour raconter une histoire teintée d'action ou d'intrigues à proprement parler mais créer une atmosphère dramatique dans ces grandes plaines et ces grands espaces vides laissant le héros naviguer seul au milieu de tous. C'est audacieux et parfois moins bon (notamment lorsque le scénario arrive au milieu du film) mais Limbo tient ses promesses et pourrait rendre n'importe qui encore plus curieux de découvrir le reste de la filmographie du réalisateur.

Note : 7.5/10. En bref, une belle surprise venue de l'arrière-pays australien. Simon Baker transcende son rôle dans ce splendide noir et blanc.

Prochainement en France