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Des mains en or, film d'Isabelle Mergault

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Des mains en or, film d'Isabelle MergaultIsabelle Mergault nous avait secoués et séduits avec son premier film Je vous trouve très beau, en 2005, César du Premier Film.
Elle nous offre aujourd'hui une nouvelle histoire d'amour peu conventionnelle qui s'achève en évitant la happy end à laquelle on s'attendrait. Avec Des mains en or, nous sommes encore dans le décalage et le combat contre les idées reçues.
Ce n'est pourtant pas tant l'opposition entre médecine traditionnelle et traitements alternatifs que nous retiendrons mais celle qui se fissure entre deux mondes socialement différents qui n'ont pas les mêmes codes de comportement et qui, a priori n'ont pas les mêmes valeurs.
Philippe (Lambert Wilson) est un écrivain reconnu, dont la vie se déroulait sans accrocs : une épouse chirurgienne (Sylvie Testud), un cercle d'amis de haut rang, un manoir parisien... Et surtout, une entrée imminente à l'Académie Française. Sauf que Philippe souffre de terribles maux de dos qui lui empoisonnent l’existence. Lorsqu'il rencontre l'incroyable Martha (Josiane Balasko), qui le récupère après un accident de voiture sur les routes normandes, sa vision du monde change.Avec sa douce folie et ses mains guérisseuses, cette femme qui parait si libre s'attache surtout à soigner les autres quitte à s'oublier elle-même. Entre ces deux personnages que tout oppose se tisse une amitié étonnante, avec l'occasion pour eux d'enfin saisir le meilleur que la vie peut leur offrir.
On assiste à tous les poncifs de la situation, aussi bien en paroles, qu'en attitudes, et jusqu'au choix des escarpins de la chirurgienne (des Louboutins bien évidemment). Alors que Philippe a la carrure d'un académicien Martha ignore ce qu'est un alexandrin. Pourtant elle est championne en communication sans même posséder de téléphone. Elle se dispense d'avoir un permis de conduire. Je m'permets toute seule fanfaronne-t-elle.Il affronte la solitude de l'écrivain. Elle gère l'affluence de ses "patitents" parmi lesquels j'ai eu le plaisir d'apercevoir Caroline Loeb. Le soir il dine avec sa femme, chacun à un bout de table alors qu'elle commence un tour de chant dans un café normand. Leurs mondes n'ont rien en commun. La rencontre est un choc. Isabelle Mergault réussit la prouesse d'en faire un feu d'artifices en combinant légèreté et profondeur. On pensera qu'elle a tout inventé parce que franchement un "loto bouse" ça semble sorti de nulle part et c'est pourtant bien réel. Son génie est d'avoir juxtaposé des situations dont elle a été le témoin et de les faire jouer par une bande d'acteurs qui sont totalement à l'aise dans leur rôle.
On partage avec eux une sorte de jouissance enfantine à danser devant les vagues au son de l'accordéon. Il fallait oser filmer Josiane Balasko tapant dans un ballon. Elle est époustouflante dans une séquence évoquant Marilyn. Son sourire est lumineux.
Le choix des chansons est tout à fait pertinent. Quelle bonne idée d'avoir repris des airs anciens que nous avons gardés en mémoire et qui dégagent immédiatement des ondes positives. Que ce soit Enmenez-moi de Charles Aznavour, ou Le p'tit bonheur de Félix Leclerc (qui nous oriente sur une fin plausible) et surtout le Tchin tchin tchin d'Hugues Aufray, superbe ode à l'amitié.
Le film a principalement été tourné en Normandie, la région chère au coeur d'Isabelle, en particulier à Tracy-sur-Eure. Mais les parisiens auront reconnu une des salles de l'Institut dans la scène de l'investiture de l'académicien (même si ce n'est pas là que se déroule d'habitude la cérémonie, je le sais pour y avoir assisté) et puis un plan du parc départemental de Sceaux dont je connais si bien les arbres que leur silhouette m'est familière.
Ne manquez pas ces Mains en or. On passe un joli moment dont on ressort en respirant plus légèrement.
Des mains en or
, film réalisé par Isabelle MergaultScénaristes : Isabelle Mergault, Jean-Pierre Hasson
Avec Josiane Balasko, Lambert Wilson, Sylvie Testud, Béatrice Facquer, Jean-Louis Barcelona, Nicolas Briançon, Teresa Ovidio, Marie Petiot, Laurence Yayel, Yann Papin, Philippe Vieux … et Caroline LoebEn salles le 7 juin 2023

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