Jusque-là on avait toujours associé à la ménopause très précoce des causes génétiques. Cependant, après cette étude menée à l’Université d'Exeter, ces explications devront être reconsidérées. Les conclusions, publiées dans la revue Nature Medicine révèlent en effet qu’un grand nombre de femmes qui portent les variations incriminées ont eu en fait leur ménopause à un âge plus avancé.
L’un des auteurs principaux, le Dr Julia Prague, endocrinologue et chercheur à l'Université d'Exeter, et auteur principal rappelle que connaître une ménopause très précoce est souvent extrêmement pénible car cela signifie perdre sa fertilité et devoir suivre un traitement hormonal substitutif. Les cliniciens doivent donc comprendre les raisons pour lesquelles la ménopause prématurée survient, identifier ses véritables causes sous-jacentes et pouvoir conseiller les patientes de manière appropriée. « Les causes génétiques jusque-là invoquées pour expliquer la ménopause très précoce, soit les variantes de l'un des plus de 100 gènes impliqués dans une insuffisance ovarienne prématurée ne permettent pas semble-t-il d’expliquer le développement très précoce de la ménopause. Il semble plus probable que la ménopause prématurée soit causée par une combinaison de plusieurs variantes de nombreux gènes, ainsi que par des facteurs non génétiques ».
L'insuffisance ovarienne précoce (IPO), entraîne une ménopause avant l'âge de 40 ans et affecte environ 1 % des femmes, cela en fait l'une des principales causes d'infertilité. Selon les directives actuelles, une variation de l'un de ces gènes amène les cliniciens à envisager un diagnostic génétique d’IPO.
L’étude, menée à l'Université d'Exeter avec également des chercheurs de l'Université de Cambridge analyse les données génétiques de plus de 104.733 femmes recensées dans UK Biobank, dont 2.231 ont connu une ménopause avant l'âge de 40 ans. L’analyse révèle, contre toute attente, que :
- 98% des femmes porteuses de variations dans les gènes jusque-là considérés comme en cause dans la ménopause précoce ont en réalité développé la ménopause après l’âge de 40 ans, ce qui exclue le diagnostic d’IPO.
Le Dr Anna Murray, autre auteur principal et professeur de génétique à l'Université d'Exeter, commente ces données :
« Nous devons repenser les causes de la ménopause très précoce.
La présence de variantes génétiques spécifiques chez de nombreuses femmes ayant eu une ménopause prématurée nous a laissés penser que ces mutations étaient à l'origine de la condition, cependant ces variations génétiques sont également retrouvées chez les femmes ayant une ménopause à un âge normal. Ces mutations génétiques pourraient être juste une coïncidence. A l’issue de notre analyse, la ménopause prématurée apparaît plutôt causée par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux ».
À mesure que la médecine génomique évolue, il sera également possible d'appliquer ce type d'analyse à d'autres conditions, afin de pouvoir également optimiser leur diagnostic, leur traitement et la récupération.
Alors des facteurs génétiques ? Cette analyse a permis cependant d’identifier d’autres facteurs génétiques -mais pas ceux qui étaient jusque-là suspectés- qui auraient un impact beaucoup plus subtil sur la longévité reproductive. Par exemple :
- les femmes porteuses de variations génétiques dans les gènes TWNK et SOHLH2 semblent connaître la ménopause jusqu'à 3 ans plus tôt que les femmes, en population générale.
L’équipe poursuit donc ses travaux sur la biologie sous-jacente du vieillissement reproductif chez les femmes, sur ses principaux moteurs génétiques avec l’objectif de parvenir à de nouveaux traitements pour les troubles de la reproduction.
Source: Nature Medicine 22 June 2023 DOI : 10.1038/s41591-023-02405-5 Penetrance of pathogenic genetic variants associated with premature ovarian insufficiency
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Équipe de rédaction SantélogJuil 22, 2023Rédaction Santé log