La Syndicaliste // De Jean-Paul Salomé. Avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois et Yvan Attal.
Il y a quelque chose que j'aime beaucoup chez Jean-Paul Salomé et c'est cette façon de mettre en scène des histoires avec un goût du mystère. La Syndicaliste se rapproche alors beaucoup plus de ce qu'il a fait par le passé que son dernier film (La Daronne, 2020). Il retrouve sa muse Isabelle Huppert dans un rôle sur mesure pour elle où l'on ne sait pas vraiment si elle ment ou si elle dit la vérité. La Syndicaliste joue beaucoup sur les zones d'ombre de ce scandale d'Etat qui est inspiré de faits réels. L'actrice joue alors avec les nuances de son personnage, entre vérité et manipulation. Si une grande partie de La Syndicaliste se repose sur le talent de l'actrice, Jean-Paul Salomé met cela en scène comme un bon vieux thriller psychologique. La première partie du film présentant le personnage se veut plus proche du film social engagé (un peu comme ce qu'il avait déjà expérimenté dans La Daronne avec la même héroïne) alors que la suite se transforme en thriller où démêler le vrai du faux n'est pas simple.
Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs... Est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?
La Syndicaliste peut aussi se féliciter avec un casting impressionnant même si je trouve dommage de voir certains grands acteurs se retrouver avec des si petits rôles. Je pense à Marina Foïs dans le rôle de l'ancienne PDG d'Areva, Yvan Attal son remplaçant ou encore François Xavier-Demaison en syndicaliste du groupe nucléaire français. Si La Syndicaliste dénonce, le film ne cherche pas à en faire toute son histoire non plus. On retrouve des thématiques chères à Salomé autour de la place de la femme dans une société patriarcale (depuis Les Braqueuses on sent qu'il aime les femmes et qu'il a envie de les mettre en avant comme des combattantes). La Syndicaliste a ses zones d'ombre mais dénonce à la fois les manoeuvres politiques et policières quand une affaire implique des grands patrons du CAC40. Je me souviens vaguement de l'affaire Maureen Kearney mais La Syndicaliste met la lumière sur une femme qui s'est battue toute sa vie contre la société qui l'employait afin de sauver des emplois et qui a perdu pied à cause de la pression qui a été mise sur sa tête.
Le film est soigné jusqu'au bout et pendant deux heures on est alors happés par ce qu'il nous conte. Rien n'est vraiment laissé au hasard si ce n'est le dénouement réel de cette affaire. On ne sait pas si au fond Maureen a menti ou non mais qu'importe. Même si l'héroïne a menti, le film fait en sorte que l'on s'attache à elle et à ce qu'elle a vécu afin de voir à quel point le monde qui l'a entouré était un monde pourri. Ce pamphlet du monde politico-industriel français vient défendre à la fois notre pays, un fleuron de notre industrie tout en montrant à quel point la politique est la pire chose qui puisse arriver dans ce genre d'entreprises.
Note : 7/10. En bref, un thriller réussi où Isabelle Huppert brille par la nuance qu'elle apporte à son personnage.
Sorti le 1er mars 2023 au cinéma - Disponible en VOD et DVD