Le premier chapitre nous remet en mémoire les déboires de Patrice de Mac Mahon, resté célèbre par des petites phrases mal venues, mal comprises et par son bras de fer perdant avec la chambre des députés … et qui dût se soumettre puis se démettre. Encore un président maltraité par l’histoire.
Des constantes aussi : la nécessaire réforme de l’Etat, toujours repoussée. Des institutions chancelantes avant la poigne de fer de Charles de Gaulle qui instaure un pouvoir exécutif fort et met fin à l’instabilité ministérielle dramatique dans les moments les plus difficiles.
On souligne le rôle éminent de René Coty dans la mise en place de la Constitution actuelle : lui aussi souhaite un exécutif fort et, en désignant successivement Bourgès-Maunoury, Félix Gaillard puis Pflimlin, il sait que de Gaulle est le seul et ultime recours.
Les fins de mandats dramatiques de Georges Pompidou et François Mitterrand font couler les larmes … Celui que Pompidou tient pour « un danger national » pense au contraire qu’« aucun n’aura fait aussi bien que moi ! ».
Une réflexion passionnante sur la réalité du pouvoir et la difficulté d’une réélection (mais le livre s’arrête à 2017) : aucun président sortant n’avait encore été réélu hormis période de cohabitation. Le pouvoir est une machine à broyer, même les plus intelligents.
Avec un recul, une analyse riche de sens – quoi que largement biaisée par la couleur plutôt droitière des auteurs – qui permet de se remettre en mémoire les événements politiques des soixante-cinq dernières années (celles dont je me souviens), en attendant la suite … Un livre que je conseillerai à mes petits-enfants qui commencent à s'intéresser à la politique.
Le deuil du pouvoir, ouvrage collectif sous la direction d’Alexis Brézet et Solenn de Royer (2017) ; Maxime Tandonnet (Mac-Mahon) ; Jean-Christophe Buisson (Lebrun) ; Georges Ayache (Coty) ; Arnaud Teyssier (De Gaulle) ; Marie-Amélie Lombard-Latune (Pompidou) ; Guillaume Tabard (Giscard) ; Solenn de Royer (Mitterrand, Hollande) ; Philippe Goulliaud (Chirac) ; Charles Jaigu (Sarkozy). Edité par Le Figaro et Perrin, 319 p.