FONCTION RÉNALE : Petit dysfonctionnement et gros problèmes de santé

Même une réduction modeste de la fonction rénale augmente considérablement les risques pour la santé, y compris chez les jeunes adultes, conclut cette équipe de cliniciens de l’Hôpital d'Ottawa (Ontario). Cette large étude, publiée dans le British Medical Journal (BMJ) appelle à de meilleures approches de prévention des maladies rénales chroniques et des affections connexes.

L’auteur principal, le Dr Manish Sood, néphrologue et chercheur en prévention des maladies rénales à l’Hôpital d'Ottawa explique qu’on se préoccupe, en général, peu de sa santé rénale : « L’idée reçue est que les jeunes adultes en bonne santé n'ont pas à s'inquiéter de leur fonction rénale à moins qu'elle régresse à environ 50 % du niveau normal, cependant notre étude suggère que même une petite baisse de 20 à 30 % peut avoir des conséquences graves ».

Mieux surveiller la santé rénale

L’étude qui porte sur les données de plus de 8 millions d'adultes en Ontario suggère en effet que la prévention et la surveillance de la santé des reins devraient être renforcées. L'équipe a examiné les données du dossier de santé de l’ensemble des adultes âgés de 18 à 65 ans ayant subi au moins un test sanguin pour la fonction rénale, mais n’ayant aucun antécédent de maladie rénale. L’analyse constate que :

• 18 % des participants âgés de 18 à 39 ans présentent une fonction rénale légèrement inférieure à la normale, mais pas suffisamment faible pour être diagnostiquée comme une maladie rénale chronique ;
• ces participants sont ainsi confrontés à un risque légèrement accru d'insuffisance rénale, de décès et d'événements cardiovasculaires dont la crise cardiaque, mais sans suivre cependant aucune mesure de prévention ;
• chez les jeunes participants âgés de 18 à 39 ans, une perte de 20 à 30 % de la fonction rénale était associée à un risque multiplié par 1,4 de décès, par 1,3 d’événements cardiaques et par 6 d'insuffisance rénale ;
• ce risque reste cependant encore faible en valeur absolue, à moins de 2 pour 1.000.

« « Par chance », le risque en valeur absolue associé à cette perte modérée de fonction rénale est faible, mais cependant, à l’échelle de la population générale et en Santé publique, l'impact pourrait être assez important », précise le Dr Greg Knoll, co-auteur et néphrologue à l'Hôpital d'Ottawa.

Un calculateur de risque de maladie rénale : si le test de la fonction rénale (créatine sanguine) est relativement peu coûteux et facilement disponible, les auteurs ne suggèrent pas qu’il soit effectué de manière généralisée en routine clinique. Cependant, si un patient passe un test rénal qui montre une légère réduction de la fonction, cela devrait être l’objet d’une discussion avec le médecin traitant et peut-être d’une consultation chez le néphrologue. Les chercheurs proposent également un nouveau calculateur de maladie rénale chronique pour aider les patients à calculer leur risque ou à suivre l'impact rénal de leurs changements de mode de vie.

Car le mode de vie compte aussi : chacun pourrait réduire son risque de maladie rénale en adoptant une alimentation saine, en réduisant ses apports en sel, en pratiquant l'exercice régulièrement et en limitant sa consommation d'alcool.

Des recherches vont être menées pour valider et affiner ces résultats et justement mieux identifier les effets de changement de mode de vie sur la récupération de la fonction rénale.

Source: The BMJ 23 June, 2023 DOI: 10.1136/bmj‑2023‑075062 Associations between modest reductions in kidney function and adverse outcomes in young adults: retrospective, population based cohort study

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Équipe de rédaction SantélogJuil 21, 2023Rédaction Santé log