Critique de Pauline & Carton, d’après les textes de Pauline Carton adaptés par Virginie Berling, Christine Murillo et Charles Tordjman, vu le 12 juillet 2023 à la Scala Provence
Avec Christine Murillo, mise en scène par Charles Tordjman
Je ne sais rien de Pauline Carton. Je n’avais même jamais entendu ce nom avant de découvrir ce spectacle. Par contre, je sais que j’adore Christine Murillo. Et que ça me suffit pour savoir que je vais adorer Pauline & Carton.
Il n’y a rien, ou presque rien. Une table, une chaise, un carton qui aura été déposé au début du spectacle, et une comédienne qui lit et dit les souvenirs de Pauline Carton. Ce sont des anecdotes, des extraits de vie avec ces artistes qu’elle a croisés, Sacha Guityy en tête mais également Jean Marais ou encore Michel Simon. Rien de très substanciel. Rien d’essentiel. Et pourtant.
Christine Murillo est géniale. On aurait envie de s’arrêter là. Je ne sais pas à quel point sa composition est fidèle au personnage, je sais juste qu’elle propose une vraie incarnation. Dans un sens, ça change des seuls en scène où le comédien cherche la performance en dessinant tous les personnages de son récit, parfois jusqu’à la caricature. On est venu là pour rencontrer Pauline Carton, et pas à un moment elle n’abandonnera ce rôle. Même les personnages qu’elle convoque, elle les joue à travers Pauline Carton. Elle joue Pauline Carton interprétant ces différentes figures. Sans appui. Sans effet. Ce spectacle semble n’avoir d’autre objectif qu’un partage presque banal avec le public, sans désir particulier de plaire, de faire le show, de s’illustrer.
Je pense que les deux comédiennes partagent un talent comique indéniable, presque inné. Christine Murillo sait faire rire, avec ce visage pâte à modeler qui se modèle et se remodèle en permanence, de grimaces en imitations. Et quand elle-même se met à rire, c’est contagieux. Je ne connais pas Pauline Carton. Je n’ai pas les références. Mais comme toute la salle, je ris. Je passe peut-être à côté de certaines blagues mais l’essentiel n’est pas là. Tout est dans le rapport avec le public. C’est un moment à la fois léger et très humain. Elle raconte, sans jamais appuyer, sans relever une anecdote plus haute qu’une autre. C’est une vie à la fois riche et tellement simple. Ce spectacle lui ressemble. Modeste et tellement généreux.
Les anecdotes seront peut-être vite oubliées. Mais l’atmosphère, l’humain, l’âme, elle, restera.