C’est en regardant la Grande Librairie que j’ai eu envie de lire cet ouvrage dans lequel l’auteur replonge dans son passé. Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, il parvient à s’extraire de son milieu et à complètement lui tourner le dos. Un rejet de ses origines qui a également contribué au rejet de sa propre famille. Devant d’une part affirmer son homosexualité et ainsi devenir pleinement celui qu’il était, il a d’autre part dû violemment refuser celui qu’il était censé devenir en s’extrayant d’une classe sociale que notre société cherche à cloisonner le plus solidement possible.
Je m’attendais donc à un récit autobiographique poignant basé sur ce questionnement identitaire social et sexuel, un récit familial et intime narré avec le cœur… Sauf que Didier Eribon s’avère être philosophe et sociologue et que c’est principalement son esprit qui prend ici la parole, utilisant des phrases bien réfléchies pour livrer une analyse plus froide que prévue de son propre parcours. L’autobiographie devient en effet très vite un prétexte pour nous livrer une étude sociologique certes intéressante, mais dépourvue de l’empathie que l’auteur avait suscité chez moi lors de l’émission animée par Augustin Trapenard.
Si j’ai accroché aux quelques passages où il s’autorise un témoignage plus intime et que son analyse de la classe ouvrière des années d’après-guerre s’avère intéressante, j’ai regretté l’approche trop théorique, presque distante et parfois prétentieuse de son propre parcours, ainsi que ses digressions politiques visant à expliquer le glissement progressif du vote ouvrier communiste vers l’extrême droite… n’étant pas fan de politique et encore moins de celle de mes voisins français.
Retour à Reims, Didier Eribon, Fayard, 252 p., 18,30€