Certains médicaments anticancéreux démontrent un potentiel prometteur dans la lutte contre le paludisme, selon cette étude soutenue par les National Institutes of Health et menée par une équipe de l'University of Central Florida (UCF), de l'Université de Stanford et de l'Université de Californie à San Diego. L’équipe qui a testé des médicaments anticancéreux pour leurs propriétés antipaludiques, conclut dans la revue ACS Infectious Diseases, identifie un inhibiteur « anticancéreux », aux propriétés antipaludiques et apporte un nouvel exemple du potentiel du repositionnement de médicaments existants.
Le paludisme devenant de plus en plus résistant aux médicaments, cette équipe de chercheurs a eu l’idée de tester des médicaments anticancéreux comme nouvelles thérapies de la maladie. Causé par des parasites majoritairement de l'espèce Plasmodium et transmis par la piqûre de moustiques infectés, le paludisme est l'une des maladies infectieuses les plus courantes au monde, responsable chaque année, de plus de 600.000 décès, principalement en Afrique subsaharienne. 80 % de ces décès concernent des enfants âgés de moins de 5 ans.
Repositionnement vs résistance
Le parasite devient de plus en plus résistant aux traitements au fil du temps, en raison ou à l’aide de mutations génétiques. Il existe ainsi un immense besoin de nouveaux médicaments plus efficaces contre le paludisme. Cependant, la découverte de nouveaux médicaments peut prendre des années, voire des décennies et l’un des moyens de l’accélérer consiste à réutiliser des médicaments existants déjà approuvés par la Food and Drug Administration, mais pour de nouvelles indications. L’idée ici était donc de tester des médicaments déjà sur le marché et d’évaluer leurs propriétés antipaludiques.
Les inhibiteurs de la protéine kinase étaient au départ de bons candidats au repositionnement contre le paludisme, car ces médicaments, initialement développés pour le traitement du cancer pouvaient en effet être également de bons antipaludiques : ils ciblent les protéines kinases qui sont des enzymes qui régulent les protéines dans le corps et sont fortement ciblées pour le traitement du cancer, mais également très importantes pour le cycle de vie du parasite du paludisme.
Les inhibiteurs de la kinase humaine de type Polo, un type de protéine kinase qui joue un rôle important dans la division cellulaire chez l'Homme se révèle un groupe très prometteur d'inhibiteurs, en particulier le BI-2536, un inhibiteur connu de la kinase 1 humaine de type Polo, qui présente de fortes propriétés antipaludiques. Si le parasite plasmodium n'a pas de kinases de type Polo, les inhibiteurs de protéines kinases ciblent aussi d'autres voies de réponse au stress qui permettent de tuer le parasite.
Ces promesses thérapeutiques des inhibiteurs de la protéine kinase pour le traitement du paludisme appellent à de prochains essais cliniques, et ouvrent déjà un nouvel espoir dans la lutte mondiale contre la maladie.
Source: ACS Infectious Diseases Avril, 2023 DOI : 10.1021/acsinfecdis.3c00025 Human Polo-like Kinase Inhibitors as Antiplasmodials
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Équipe de rédaction SantélogJuil 17, 2023Rédaction Santé log