Jazz à Vienne 2023 : Mavis Staples , le combat et le blues chevillés au corps

Par Filou49 @blog_bazart
vendredi 14 juillet

  

À l’instar d’une Aretha Franklin, la chanteuse Mavis Staples; qui nous a offert, mardi soir dernier à Jazz à Vienne en première partie de Norah Jones, une prestation assez exceptionnelle, restera à jamais dans l’histoire de la musique afro-américaine comme l’une des artistes qui contribua à réunifier, dans un même geste libérateur, l’héritage spirituel de la tradition du gospel avec les formes modernistes et profanes du rhythm’n’blues et de la soul.

 Une légende plus que jamais dans l’air du temps. 

Monument de la soul et du gospel depuis les sixties, Mavis a commencé sa carrière au sein des Staple Singers.

Avec son père et ses sœurs, elle aligne les hits comme «This May Be The Last Time», repris plus tard par les Rolling Stones, et lutte aux côtés de Martin Luther King en enregistrant plusieurs freedom songs

 En 1963, la famille Staples a rencontré Martin Luther King et l’a ensuite suivi avec ferveur. 

Son assassinat, en 1968, n’a fait que renforcer l’activisme de Pops et ses filles, qui signent d’autres titres éloquents, tels Why Am I Treated So Bad ? ou We the People : « You may have the black blood / Or you may have the white blood / But we all are living on blood, so / Don't let nobody slip into the mud » 

Et avec Respect Yourself, sortie en 1971, les Staple Singers signent un hymne qui comptera dans la lutte anti-raciste. Mais ce n’est pas la première fois que le groupe partage ses convictions.

Aujourd’hui encore, le monde de la musique s’arrache la voix phénoménale de Mavis Staples.

Ces cinq dernières années, Ben Harper, Aloe Blacc, Buddy Guy, Sheryl Crow, Nick Cave, Arcade Fire, Gorillaz ou encore Jon Batiste ont tous travaillé avec elle. Et puis, il y a Norah Jones.

Au gré de collaborations en studio ou sur scène, les deux femmes ont développé une belle histoire d’amitié qui s'est  poursuivi cet été à  Vienne.  Encore aujourd’hui, Mavis sait que « la lutte pour les droits des Noirs américaines est loin d’être terminée ». Et ne se prive pas de le dire, ni de le chanter. 

Dans un concert à la teinte largement Gospel et entouré de deux choristes et de solides musiciens, Mavis Staples, à 84 ans, a montré mardi soir dernier, qu'elle avait encore ancrée férocement en elle, une énergie et une voix des plus incroyables.

Elle a réussi en tres peu de titres à s'attirer avec sa voix grave éraillée et sa gouaille non feinte, toute la sympathie du public viennois. 

Quel plaisir c'était pour les 7000 festivaliers présents- et ravi de constater que les menaces d'orages de Météo France n'ont pas été réalisées- de voir le soleil se  coucher dans une ambiance chaleureuse avant l'arrivée, dans une toute autre ambiance,  de la star Norah Jones.

Jazz à Vienne

Concert du 11 juillet 2023

Photos : Fabrice SCHIFF