Il y avait tout pour faire une maison : un bol bleu, une cuisine, une chambre « avec un lit dedans ». Mais « chaque jour nous le rappelle » : l’annonce des mauvaises nouvelles « nous en avons vu d’autres ». Tout le début de ce livre évoque sans le dire totalement, sauf peut-être dans la dédicace « à mes adelphes », une fratrie (on dit aussi parfois une maison) et ce que ça fait à des adelphes la mort d’un père.
« c’était comment ton nom ?
on l’a eu on l’a encore
sur le bout de la langue
(…)
et d’un coup
il a fallu se taire »
La maison, ce qui faisait maison, n’est plus ; elle est en elle, mais elle n’est faite, sur un « terrain instable », que de murs qui empêchent de voir. Alors ce sont des yeux qu’il faut ouvrir :
« j’avais
des lèvres pour dire ton nom
aujourd’hui j’ai
des yeux pour chercher l’amour
dans les rayons des bibliothèques
des yeux pour dresser et détruire le décor
un corps pour écrire des poèmes »
Être soi-même, se construire avec l’absence.