Un courrier reçu de l'ami du blog A.D.
Cri du cœur pour Garaudy
« Nous ne voulons blesser aucune conscience, mais nous voulons allumer tous les flambeaux ; tant pis pour qui se plaît à la nuit et au sommeil ! Le temps des dogmes et des infaillibilités est passé ; il n’y a plus aujourd’hui que des faits scientifiques et des opinions. (…) L’unité des esprits doit naître désormais d’un libre, universel et incessant examen, et (…) toutes les ténèbres hypocritement accumulées tomberont. » (Pierre Larousse, Préface au Grand dictionnaire universel du XIX e siècle, 1865 ; ce texte est disponible gratuitement sur Internet).
Garaudy a été condamné et déconsidéré pour avoir simplement préconisé un « libre, universel et incessant examen » car c’est justement de cela que pourrait naître une véritable unité des esprits : « Il vient toujours une heure dans l’histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort » (Albert Camus, La Peste, 1947). Nous avons beaucoup à apprendre de ce grand philosophe - il l’est incontestablement - pour construire ensemble l’humanisme spirituel de demain.
Garaudy aurait pu mettre en exergue à son livre incriminé par les "bien-pensants" cette citation de l’illustre auteur d’un mémorable acte d’accusation : « L’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. » (Émile Zola, "J’Accuse", 1898).
Garaudy avait écrit dans son testament philosophique, à propos de ce qui devrait être le rôle de la philosophie : « La philosophie, c’est cette bataille pour mettre debout les dormeurs. » Vous qui faites profession de servir l’intelligence et prétendez être des libres penseurs, il est temps de se réveiller, vous ne réalisez pas que la lâcheté intellectuelle est devenue votre marque de fabrique ?
Alors que notre pauvre humanité court à toute allure vers l’abîme, hélas ce n’est que verbiage chez vous, jusqu’à quand cette étrange et meurtrière démission de la pensée ? Car vous n’êtes pas à la hauteur de ce qui est censé être votre fonction : « Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison, et que j’appelle les clercs, ont trahi cette fonction au profit d’intérêts pratiques (…). On est tenté de leur demander quelle est alors leur raison d’être » (Julien Benda, "La Trahison des clercs", 1946).
Aujourd’hui la trahison des clercs est pire que jamais ! Vous qui persistez à ignorer totalement un éminent philosophe qui était la parfaite sincérité faite homme (*) , un être qui avait pour devise : « Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas, comment les ténèbres deviendront-elles clarté ? » (Nazim Hikmet), vous sauverez votre crédibilité en reconnaissant enfin son mérite et les services qu’il a rendus à l’homme.
A. D.
( * ) Une vertu qui certes ne préserve point de l’aveuglement ou l’erreur, et cet être n’a jamais hésité, quand il estimait s’être trompé, à faire amende honorable et reconnaître humblement son erreur.
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