C' est peut-être pour cela que j'ai toujours aimé le cinéma de Nanni Moretti : il ne se contente jamais d'être intelligent (et dieu sait s'il peut l'être), ce serait trop simple. Il est d'abord bouleversant de fantaisie, de nostalgie et de liberté. On rit, on chante, on danse, mais toujours avec profondeur, et parfois même une certaine gravité.
Moretti sait que tout est désuet chez lui. À quoi il semble vouloir se résoudre de bonne grâce, en souriant de lui-même ou en faisant mine de. Et en retrouvant, aussi, paradoxalement, la verdeur de films plus anciens qui, disposés à toutes les foucades, indifférents à la question rhétorique du vrai et du vraisemblable, finissaient par prendre des allures d'utopie. Moretti ne se prive pas pour autant d'adresser quelques grimaces bien fardées à l'époque, ainsi qu'à un certain cinéma " what the fuck " auquel il prodigue, dans une scène assez extraordinaire et avec autant de panache que de mélancolie résignée, une leçon d'éthique et d'esthétique. On dit Moretti moral ? Sa morale est un antidote au nihilisme, qui est la morale du temps. Le moment où, assis au volant de sa voiture, fenêtre baissée, on le voit souffler leur texte à deux jeunes acteurs, n'est pas loin de pouvoir résumer l'être-Moretti. Quant à la scène finale, splendide, mémorable, il s'en faut de peu pour qu'elle prenne valeur de manifeste. Tant qu'il est encore temps, courez, foncez Vers un avenir radieux.
Scannez-moi pour ouvrir l'article sur votre mobile