Des nouvelles du front

Publié le 11 juillet 2023 par Desfraises

j'ai cueilli des fleurs de chez ma mère pour embellir sa chambre

 
Au téléphone, je raconte à ma mère la récente rencontre de mon mec avec la voisine du 5e.— Il est bizarre votre chien. — Pourquoi vous dites ça ?— Parce qu'il hurle le soir.— Vous devez confondre avec votre fils.
Ma mère éclate de rire. Elle va étonnamment mieux. Et c'est un soulagement. Le diagnostic posé par les médecins ne s'est pas évaporé comme par magie, hélas. On parle toujours de DFT (dégénérescence fronto-temporale), une saloperie cousine d'Alzheimer. Mais elle est apaisée. Par chance, ma sœur lui rend visite tous les jours à l'EHPAD. L'emmène déjeuner chez elle, organise la venue des ses sœurs depuis la Dordogne voisine et le déjeuner en famille chaque fois que c'est possible. Elle lit, joue à la belote, prend son chat ou ses poules dans les bras. Et la vie du bon côté (je sais de qui tenir).
Je ne lui ai pas relaté ma courte entrevue avec sa voisine de chambrée qui, lorsque je faisais ma première visite de l'établissement, m'a présenté son chat empaillé. On aurait dit un vrai chat, dans une posture alanguie, mais avec des pupilles de jouet en peluche, des moustaches synthétiques, des coussinets en coton. Elle a dû lire dans mon regard l'incrédulité car elle m'a dit : il est vivant, vous savez ! 
Ma mère nous raconte qu'elle a vu le loup ce matin, au réveil. Façon de parler. Un résident s'est campé sur le pas de la porte de sa chambre, le service trois pièces à l'air. Elle le rabroue cordialement. Il passe son chemin. Il n'y est pour rien, nous dit-elle, il est malade. 
---Billet 1 : Ma mère en robe des champsBillet 2 : Une courge dans le placard