C’est vers le milieu des années 1990 que j’ai découvert la Saline royale d’Arc-et-Senans (25). Dans les années qui ont suivi, j’ai associé le nom de l’architecte, Claude-Nicolas Ledoux, aux barrières d’octroi vues dans Paris, la Rotonde de la Villette, celle du Parc Monceau, la Barrière du Trône, celle d’Enfer. Mais c’est bien la Saline d’Arc-et-Senans qui m’a le plus impressionné. Construite à la fin du XVIIIème siècle, conçue par l’architecte comme une « cité idéale », elle devait réunir dans un cercle la manufacture (au centre) et les logements tout autour selon un ordre hiérarchique, des jardins étant associés à ces logements. C’est à peu près ces mêmes concepts qui ont conduit à la création de la chocolaterie et de la cité ouvrière à Noisiel (77) un siècle plus tard. Au milieu des années 1990, après bien des vicissitudes, la saline est un Centre Culturel de Rencontre et de Séjour, lieu culturel et muséal, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Depuis ce temps, un Festival des Jardins y a été créé et, plus récemment, un projet a vu le jour, confié à Gilles Clément et l’agence Mayot & Toussaint : un « Cercle immense » (ce sont les mots de Claude-Nicolas Ledoux) dans lequel l’or vert se substitue à l’or blanc : il s’agit de réaliser un espace refuge de la biodiversité où le défi aujourd’hui est bien la sauvegarde du vivant.
Tous ces éléments d’information sont réunis dans un très bel ouvrage publié par les Éditions du Patrimoine et réunissant documents d’archives, photos et dessins : de quoi préparer une visite.