Critique de Viril(e•s), de Marie Mahé, vu le 7 juillet 2023 au 11 Avignon
Avec Deborah Dozoul, Mégane Ferrat, Capucine Gourmelon, Ilyes Hamadi Chassin, Sofia Harmouni, mises en scène par Marie Mahé
Je me souviens avoir ri en disant à un ami que je voyais mon premier spectacle woke du festival. Je me souviens qu’on s’est un peu pris la tête juste avant le spectacle. Et je me souviens que quand Sofia Harmouni est entrée sur le plateau, j’ai oublié le reste du monde. Parce qu’elle s’est mise à danser et que rien d’autre n’existait que ça. Et j’ai su que ce spectacle serait à part.
J’étais pas loin quand je parlais d’un spectacle woke. Ce sont des sujets qu’on n’abordait pas il y a encore quelques années. On y parle de féminité, de virilité, des codes, d’une société qui a du mal à changer mais qui essaie. On y parle de choses qui me touchent particulièrement, parce que je sais ce que c’est d’être un garçon manqué et de se l’entendre dire.
Mais je ne veux pas que woke soit l’unique qualificatif de ce spectacle. Parce que je suis persuadée que tout le monde peut s’y retrouver. C’est avant tout un spectacle libre. Un spectacle drôle. Un spectacle quelque part entre une cour de collège et un documentaire Arte. Parce qu’on y vit des choses vraies et qu’on y dit des choses intelligentes. Et parce que c’est juste une bombe, en fait.
Il y a dans ce spectacle une vitalité, une énergie, une rage dingue. Il y a une nécessité absolue de dire et d’être au monde. La scène est la pour s’exprimer. Pour se trouver. Pour se révéler. Et pour défier quiconque de dire qu’on n’y a pas sa place. Ces filles sont extraordinaires. D’authenticité, de naturelle, de niaque. Elles sont puissantes et belles. Elles m’ont bêtement rendue fière. Et elles m’ont donné de la force. La force de ne pas baisser les yeux, de me chercher encore plus, de m’accepter et de m’aimer davantage. Et de continuer à niquer le game.
Bravo les meufs. Et merci pour ce premier gros coup de coeur du Festival.