J'adore Elvis Costello. Pas simplement l'artiste, l'homme aussi. Il est nettement imparfait. Brutal même. Haïr est un verbe conjugué autour de lui. Il a beaucoup d'ennemis qui sont aussi d'anciens alliés ou qui ne sont tout simplement pas négrier. Faites vos recherches, un irlandais, un verre dans le nez, c'est pas toujours chic. Il a parfois souvent fait le parfait con, et il le sait. Victime de ses propres impulsions. Je m'y reconnais.
Je suis tout à fait contre plusieurs des choses autour de lui (ses impulsions mal contrôlées, les 10 ans d'âge qui le séparent de son amoureuse, sa surproduction parfois inintérressante ) mais il y a beaucoup plus du côté des "J'aime".
Son écriture. Ses oeuvres des années 70-80. Son album de 2020. Sa diversité musicale. Sa passion en général. Son humour (son autobio est hilarante, capable de beaucoup d'auto-dérision). Son arrogance que je place autant dans les qualités que les défauts. Je m'y reconnais parfois/souvent.
J'écoute en ce moment, par temps perdus (
Aha! ça n'existe tellement pas dans ma vie, chaque minute est investie) un balado qui traite du livre de Robert Dimery de 2005,
1001 Albums You Must Hear Before You Die sur Spotify. Et comme ça parle de musique, sur un site musical, on a non seulement des extraits de temps à autres, mais de précieux commentaires qui sont parfois inspirés/inspirants. Les gars (et la fille) en ont pour encore un bout de temps avant d'éplucher tous les albums. Ils ont commencé avec un album de 1955, en 2018 et ne sont rendus qu'en 1986, 5 ans plus tard avec le 475ème.
Vous comprendrez qu'ils viennent de parler d'un album d'Elvis Costello que je ne connaissais pas tant, mais que j'ai depuis téléchargé et qui m'a flabbergasté.
Flabbergasté: Qui séduit de manière impressionnante.
Declan MacManus, connu sous le nom d'Elvis Costello en raison d'un footballeur écossais homonyme, a 6 albums parmi les 1001 recensés par Dimery qu'il faudrait probablement avoir écouté dans sa vie avant de mourir et, outre celui de 1986, que je ne connaissais pas, je suis assez d'accord avec les 5 autres.
David Bowie, John Lennon (2 albums solos et 7 Beatles), Paul McCartney (1 solo, 1 Wings, 7 Beatles) et Neil Young (7 solos, 1 Buffalo Springfield, 1 Crosby, Stills, Nash & Young) sont les plus soulignés avec 9 albums chacun dans ce livre.
Bien que j'eu découvert Costello par
Spike, en 1989, lancé 2 jours après mes 17 ans, album qui n'est PAS dans les 1001, mais que j'avais beaucoup aimé alors, je vais vous parler des 6 qui devraient faire en sorte que vous aimez Costello ou non, si vous les explorer, vous aussi.
Nick Cave (avec parfois ses Bad Seeds), The Rolling Stones et Paul Simon (avec Parfois Art Garfunkel) se retrouvent aussi 6 fois avec un de leurs albums dans ses 1001 de Dimery.
My Aim Is True (1977)
Elvis était gestionnaire de données chez
Elisabeth Arden et a réservé 6 sessions de 4 heures pour enregistrer son premier album avec le band d'Étatsuniens Clover et le producteur Nick Lowe, se déclarant "malade" toutes les fois au bureau. Lowe sera architecte sonore des 5 premiers albums de Costello. Clover deviendrait majoritairement The News dans Huey Lewis & The News. Travaillé ouvertement dans le new wave, le punk britannique, le power pop, le rockabilly, le jazz, le honky tonk et le country, dès le premier album, Elvis montre sa vaste étendue de connaissance musicale. 3 singles en seront issus avec succès, et un 4ème, tout seul, qu'on intégrera à cet album parfois
This Year's Model (1978)
Elvis veut une
vibe moins "country" et un son plus féroce. Clover était un band pré-éxistant il voulait son band. Il engage Pete Thomas à la batterie, Bruce Thomas à la basse et un finissant du Royal College of Music, Steve Nieve, aux piano/claviers/synthétiseurs. Ils seront The Attractions. Elvis a travaillé son nouveau matériel 8 jours après la sortie de son premier album.
Watching the Detectives, single lancé entre deux albums, lui a donné une certaine popularité un peu partout, même outre-mer. Il offre encore new wave, plutôt punk, pop, et rapproche ses sons des Stones et des Beatles. Il sera invité par
Saturday Night Live comme remplacement de dernière minute des non fiables Sex Pistols, et sera, en leur honneur, tout aussi non fiable. On lui dit ne pas jouer
Radio Radio, chanson critiquant les diffuseurs radio, on veut éviter la controverse. Costello commence alors
Less Than Zero, l'interromps presqu'aussitôt (en direct) et joue
Radio Radio quand même. Irlandoanarchie. Je connais. Il sera banni de
SNL plusieurs années. (
J'ai été suspendu puis expulsé d'une école secondaire moi-même, malgré des résultats scolaires exemplaires.)
Armed Forces (1979)
Il avait pris deux albums pour faire ses classes en studio, au troisième, il confessera, avec un certaine
arrogance confiance, qu'il savait absolument tout ce qu'il faisait. Ce qui a rendu la tâche difficile pour les Attractions, toujours forcés à sa vision. C'est quand même son nom en premier. Travaillé sous le nom de
Emotional Fascism, en Amérique une chanson est remplacée par leur version d'un morceau de Nick Lowe, qui produit toujours avec brio ce son punk rock de plus orienté pop. Costello est un travailleur acharné, un passionné, et en trois ans et autant d'albums, il n'a fait qu'améliorer ce qu'il offrait. Un de mes morceaux préférés de Costello se trouve sur cet album.
Encore très pertinent comme album.
Imperial Bedroom (1982)
Entre
Armed Forces et
Imperial Bedroom, 5 autres albums seront aussi lancés. Dont deux de morceaux inédits. C'est dire comment il créé et sans arrêt. Comme
Prince. En mars 1979, alors que la carrière de Costello est sur une pleine ascencion, il la sabote lui-même en ayant des propos malheureux en Ohio. Inexcusables. L'alcool fait de malheureux ravages. Le 7ème album lancé avec The Attractions les fera jouer de la harpe, de l'accordéon et des cordes arrangées par Nieve. Costello a comme ami personnel, Paul McCartney et l'influence se sent. Même celle d'un Phil Spector, avec lequel Costello n'a pourtant jamais travaillé, aussi. Geoff Emerick est à la production. Emerick avait produit les Beatles. Ceci expliquant cela. On y va de comparaison avec Cole Porter ou Georges Gershwin en parlant d'EC, après cet album.
Blood & Chocolate (1986)
Le 11ème album, et le 9ème avec The Attractions, est enregistré à la fois en Angleterre et aux États-Unis, Nick Lowe est ramené à la production. La relation avec The Attractions s'est largement détériorée et ils ne travailleront plus ensemble pendant 8 ans. L'acrimonie est audible dans sa voie et ses écrits.
I Hope You're Happy Now et I Want You, les deux meilleurs morceaux, selon moi, sont deux surfaces d'un même fiel. Comme cet album qui partait uni, mais qui les séparera. Pas mauvais comme album, même si mon attention alors est davantage sur Depeche Mode, R.E.M. , Cocteau Twins, Bowie, The Cure, Pete Gab ou The Smiths, mais surtout, sur les filles. Dans un an, j'ai une première relation sexuelle. J'ai 14 ans en 1986.
Brutal Youth (1994)
Justement, c'est le retour de The Attractions qui redeviendra...un attrait. Après avoir écrit des chansons pop punk pour Wendy James sous le titre de travail
Idiophone il réengage Nieve et Pete Thomas et demande à Nick Lowe de jouer la base sur son album. Mais c'est Costello et Mitchell Fromm qui co-produiront. Warner vire mal administrativement dans les années 90. Prince tentera (très gauchement) de l'exposer au grand jour, mais ça se retournera contre lui. Elvis n'enregistre que 5 des 15 chansons avec The Attractions (avec Bruce Thomas) les autres avec Lowe à la base. Warner y voyait de l'argent à faire en insistant de mettre le nom de The Attractions. Ce sera corrigé avec le temps. L'album fera patate commercialement, le grunge a le vent dans les voiles. 4 singles en seront quand même tirés, mais mon morceau préféré de cet album ne s'y trouve pas.
Au final, on comprendra que ET l'auteur de
1001 Albums You Must Hear Before You Die ET moi, on aime principalement Elvis Costello ET ses Attractions (et Nick Lowe).
Content de réaliser que Spike, l'album qui m'a fait découvrir Costello, a été co-produit par T-Bone Burnett, dont je suis aussi très très fan.
De l'ex à T-Bone, aussi.